« La Noblesse a ses Ennemis… » - Kyandou Fuyu

Fuyu est un Jeune Garçon très enthousiaste, affectueux et doux. Il peut parfois se révéler lunatique. Mais il reste généralement de bonne humeur. Il désire aider les gens et ne veut pas les voir souffrir, aussi bien moralement que physiquement. Il est tout le temps à l’écoute de ses Amis. Dès qu’il le peut, il n’hésite pas à proposer son aide. Il ne laisse jamais tomber ses Amis et sait parfaitement comment les rassurer, peu importe le souci. Il possède un talent inné pour l’observation et détecter quand quelque chose ne va pas. Niveau Amitié, une fois qu’il a accordé sa confiance à quelqu’un, il se dévoile fidèle et loyal. D’après ses Amis, il est également un excellent confident. On peut discuter avec lui et être certain qu’il ne dévoilera jamais nos secrets.

Toutefois, quand c’est lui qui va mal et qu’on lui demande ce qui se passe, il préfère ne pas en parler pour n’inquiéter personne et régler ses soucis par lui-même. Il refuse d’impliquer ses Amis dans ses malheurs, au péril de les perdre. Il reste donc quelqu’un d’un peu réservé. Il s’avère également très craintif. Il a toujours eu peur des gens qu’il ne connaît pas et d’aller vers les autres. Il préfère attendre que ce soit eux qui viennent à sa rencontre. Pourtant, il supporte encore moins le fait d’être seul…

Derrière tout ça, il peut se dévoiler aussi très sérieux et mature, contrairement à ce qu’on pourrait penser avec son jeune âge. Son Rang de Noble s’avère y être un peu pour quelque chose également. Il doit prendre de nombreuses décisions par lui-même et réagir au bon moment quand il le faut. S’occuper d’une Société très reconnue dans le monde n’est pas une tâche facile pour un Enfant de quatorze ans ! Mais il s’en sort comme il peut. Sa Marraine se trouve toujours présente à ses côtés pour le soutenir et le conseiller, si le besoin s’en fait.

Un jour, il a découvert qu’il possédait un Pouvoir mystérieux. Celui-ci se déclenche quand ses yeux deviennent rouges et généralement, il se retrouve à créer de nombreux dégâts car il ne le maîtrise absolument pas. Il est capable de dévier des objets ou des personnes de leur trajectoire initiale. Vous imaginez un peu le bazar que ça peut provoquer sur un carrefour ? Il a cru remarquer que son Don est relié un peu à ses sentiments, quand il a peur ou quand il est en colère… Mais il arrive plus souvent qu’il intervienne de manière totalement aléatoire.

L’Adolescent a une peur extrême pour les armes à feu, notamment les pistolets. Ainsi que des incendies car ses Parents ont péri dans les flammes quand il était petit. En contrepartie, il possède une passion particulière pour l’Hiver, la Neige, la Glace, le Froid et tout ce qui est lié à cette Saison. Il possède une panoplie de petits objets rappelant l’Hiver dans sa chambre.

Fuyu est un Jeune Garçon âgé de quatorze ans. Il est de taille assez grande pour son âge, dans les environs de un mètre soixante. De plus, il est plutôt maigre car il ne fait que 42 kilos. Il a les cheveux entièrement blonds comme l’or pur, mi-courts et plutôt lisses. Il a une petite mèche rebelle qui se dresse légèrement au-dessus de sa tête, ce qui lui donne un petit air aussi bien ridicule que mignon. Au soleil, ses cheveux prennent une lueur dorée plus pâle et chatoyante.

L’Enfant a un teint très pale. Mais tellement pale qu’on croirait qu’elle est transparente. Le plus surprenant, c’est qu’elle s’avère insensible au soleil ! Oui, car il a beau s’exposer aux rayonnements, il ne prend jamais de coups de soleil ou ne bronze pas ! C’est comme s’il était un miroir qui reflète la lumière. Mais ainsi, ses yeux d’un vert émeraude ressortent magnifiquement bien avec son teint. Cela ne se remarque pas toujours, mais lorsqu’il utilise son Pouvoir inconsciemment, ses yeux virent à une couleur rouge sombre et un peu étincelants. Lui-même ne s’en aperçoit pas. Ou du moins, il n’y fait pas trop attention. Il exprime une expression constamment souriante. Même si parfois, il lui arrive d’exprimer de l’inquiétude et tout autre sentiment. Encore heureux ! Mais en restant souriant, il paraît plus confiant et gentil.

Le Jeune Adolescent s’habille de manière plutôt Noble. Logique pour un Enfant ici d’une Grande Famille de la Haute Noblesse. Des vêtements très élégants et souvent qui coutent chers. Autrement dit, un costard-cravate est parfait, avec par-dessus une longue veste noire ou blanche, au gré de son humeur, et un petit ruban bleu ou blanc autour du cou. Oui, comme les toutous bien élevés. Ses chemises sont soit bleues, soit blanches, au contraste du ruban. Et ses pantalons sont majoritairement noirs. Il porte également des bottes qui lui atteignent le genou, de couleur noire.

Toutefois, il ne revêtit cette tenue que lorsqu’il est chez lui ou bien, quand il se rend à une réunion ou une réception très importante. Ses vêtements se révèlent bien différents quand il traîne dehors. Il essaye de se faire passer pour un vagabond, on dirait. En effet, ses habits sont bien plus banaux. Il choisit les premiers qu’il dégote dans son placard. Une petite chemise… un pantacourt… un gilet… n’importe quelle couleur… tout lui convient ! Il se fiche royalement de ce qu’il enfile ! Même pour les chaussures, ça peut aller des sandalettes à des bottes communes ! Les Domestiques qui s’occupent de lui, lui reprochent souvent se laisser aller, surtout pour un Noble de son Rang.

Il était une fois… l’Histoire d’un Jeune Garçon portant le nom de Fuyu Kyandou… aussi connu sous le surnom de « Gosse de Riche » (non j’rigole)… et ce Garçon… c’est moi. J’ai quatorze ans à ce jour. Je vis seul dans un bâtiment où je peux me perdre en deux minutes. Et il paraît que j’ai un Pouvoir qui provient de mes Yeux. Mais je n’ai jamais su comment m’en servir. Du coup, parfois, je provoque quelques dégâts à dévier je-ne-sais-comment des objets ou des personnes ! Vous n’avez rien compris, hein ? Moi non plus, ça tombe bien. Reprenons donc de zéro. Enfin presque. Un passage de ma vie semble s’être complètement effacé…

Je suis né dans une Grande Famille appartenant à la Haute Noblesse. J’étais fils unique et je vivais avec mes Parents dans un immense Manoir. J’ai toujours eu des bons résultats à l’école et une excellente éducation. Tout ça ne m’enchantait guère. Moi, tout ce que je souhaitais, c’était allé jouer avec mes amis dehors. Malheureusement, je n’avais pas le choix. Ma route était toute tracée. Plus tard, j’allais devenir le Maître de la Famille et le Responsable de la Société mondialement connue : Une Société de confiseries pour enfants, très populaire. Beaucoup de personnes raffolent de nos bonbons très réglementés qui doivent être parfaits avant d’être envoyés en vente. Je devais donc passer mes obligations en premier. Il me restait quand même du temps libre pour aller m’amuser avec eux.

Âge : Huit ans. Toutefois, qui aurait su que… j’hériterais si vite de cette Société dont je me fichais pas mal l’existence ? J’étais en vacances deux semaines chez ma Marraine. Disons que mes Parents avaient surtout des choses à faire en dehors de la maison et ils m’avaient confié à elle. Je dormais donc chez elle durant deux semaines. On passait nos journées dehors à discuter et à rire. On pouvait entendre nos éclats de rire à l’autre bout du jardin. Ces deux semaines s’écoulèrent très vite et elle me ramena au Manoir. Cependant… lorsque j’arrivai enfin… tout heureux de revoir mes Parents… Ce fut le choc complet.

Le Manoir était en feu. Il brûlait totalement. Il se consumait petit à petit… À vrai dire, non pas vraiment. Le feu était en train de s’éteindre, car il n’avait sans doute plus de combustibles pour brûler. Des pompiers en masse débarquaient toujours plus nombreux et en trombe pour terminer de l’éteindre. Et pendant qu’ils s’activaient, je me libérais de l’étreinte de ma Marraine qui tenta de me retenir aussitôt, en vain, pour courir vers le Bâtiment. Mes Parents étaient à l’intérieur ! J’en étais certain ! Ils devaient rentrer aujourd’hui ! Il fallait aller les chercher ! Il fallait les sauver ! Je refusais de les perdre ! J’avais besoin d’eux ! Et puis… ils étaient ma principale Famille !

Je n’eus pas à pousser les portes, il n’en restait déjà plus rien. Je les passai en courant et esquivais les décombres sur le sol. L’odeur me prit bien vite la gorge et je dus mettre ma manche devant mon nez et ma bouche pour pouvoir essayer de respirer convenablement. Je repris ma course et montai les escaliers pour parvenir jusqu’à l’étage. Je traversai le couloir et finis par m’arrêter devant une porte : celle de leur chambre. Avec mon pied, je donnai un coup dans la porte avant de me recevoir une douche d’eau froide sur la tête. Je levai les yeux vers le plafond et découvris… le ciel gris parcouru par une épaisse fumée sombre. Des jets d’eau tranchaient le ciel obscur par moment. Sûrement les pompiers. Quoi qu’il en soit, j’étais désormais trempé.

Peu importe ! La porte grinça et s’ouvrit avant de s’effondrer sur le sol, les boulons ne la retenant plus. Je sautai par-dessus pour entrer dans la chambre. Toute la pièce s’avérait déjà dévorée par les flammes. Trop tard… J’étais arrivé trop tard… Je m’approchai sans grand espoir du lit de mes Parents. Ils reposaient tous les deux dessus, les yeux clos. Leurs corps étaient noirs et certaines parties d’eux se décomposaient déjà, ou se réduisaient en cendres. Bien vite, il ne resterait rien de leur existence… Quelqu’un pénétra à son tour dans la chambre en cria mon nom. La personne m’attrapa par le bras et me traîna à sa suite. J’hurlai sans fin les deux mêmes mots : « Papa ! Maman ! » Deux mots auxquels jamais de réponse ne fut donnée…

Mes Parents étaient décédés ce jour-là. Ils avaient péri dans les flammes. Le Manoir, il en restait peu également. Je me demandais ce qu’étaient devenus les Domestiques de la Maison… Je ne me rappelais pas les avoir croisés dans le Bâtiment quand je cherchais mes Parents… Auraient-ils survécu ? Et si oui, où étaient-ils passés ? Ce ne fut que lors de l’enterrement – oui car bien que les corps de mes Parents soient à moitié calcinés, ils avaient été récupérés à temps – que je les retrouvais. Ils étaient en vie. Et d’après ce qu’ils me racontèrent, mes Parents leur avaient ordonné de quitter les lieux avant que l’incendie ne se déclenche. Mes Parents n’étaient pas mediums. Mais ils savaient… ils savaient que nous avions des Ennemis… Notre fortune était assez convoitée, après tout… Dire que maintenant… Il ne restait que moi… Les Ennemis supposaient sans doute qu’ils m’auraient dans leur poche facilement. Il ne fallait pas rêver non plus. J’étais suffisamment grand pour veiller sur la Société.

Âge : Douze ans. Durant les deux années qui suivirent, je vécus chez ma Marraine en attendant que le Manoir soit reconstruit. Nos Domestiques étaient maintenant qu’à mon service personnel. Et puis, lorsqu’il fut achevé, je pus retourner vivre dans le Nouveau Manoir. Voilà donc quatre ans que mes Parents étaient morts. À quoi bon se lamenter ? J’essayais de me montrer fort et résistant face à tout ça. Pourtant… tous les soirs, seul dans ma chambre, je pleurais pendant un bout de temps… Je me sentais terriblement seul sans eux… Personne ne pouvait les remplacer après tout… Heureusement, j’avais tous mes Amis autour de moi pour me soutenir. Notamment mon Meilleur Ami : Shinji. Je traînais souvent avec lui dehors, au point qu’on finissait par croire que c’était mon garde du corps. Mais non. Il était bel et bien mon Meilleur Ami et il se fichait pas mal que je sois Noble.

Les Ennemis de mes Parents n’avaient pas abandonné la partie pour autant. Leur nouveau but : m’atteindre par tous les moyens. Ils m’épiaient sans cesse. Je sentais leur présence constamment. Mais ils ne montraient pas le bout de leur nez. Je restais quand même sur mes gardes. Ils devaient prendre en notes tous mes mouvements, mes réactions, les personnes avec qui j’étais… Cependant, je ne savais pas qui ils étaient. Je ne possédais aucune preuve contre eux. Ils attendaient le bon moment…

Âge : Douze ans. Date : Quinze Août. C’était l’Été. Il faisait beau. Et c’était aussi les Grandes Vacances. J’avais prévu de sortir en Ville avec mon Meilleur Ami, pour profiter du beau temps. Je m’habillai rapidement avec les vêtements simples que me sortirent les Domestiques. Oui, je n’avais pas besoin de leur aide pour les enfiler, merci ! Puis je me rendis dans le grand salon où tout le petit déjeuner était prêt. Je m’assois à la table et aussitôt, l’une des Domestiques vint me servir du chocolat chaud. Je la remerciai et lui demandai de m’apporter le téléphone. Je voulais contacter Shinji pour connaître le lieu de réunion, sûrement le Parc. Elle s’inclina et disparut quelques minutes avant de revenir avec. Ma tasse à la main, le téléphone dans l’autre, je composai le numéro. Après trois bips, on décrocha enfin à l’autre bout. Et là… j’entendis une voix… qui me fit sursauter et lâcher ma tasse qui se brisa sur le sol, répandant tout le liquide chaud sur le tapis. Cette voix… ne s’avérait nullement être celle de mon Ami. Mais je la reconnaissais.


Et le téléphone raccrocha. Je grimaçai et grognai. J’enrageais sérieusement. Je m’étais fait finalement avoir. Moi qui prenais soin de surveiller mes arrières et qui agissais toujours après une longue réflexion. Ils avaient découvert l’un de mes principaux points faibles. Et je devais l’admettre… C’était mon Meilleur Ami… Je n’allais pas le laisser entre leurs mains sales et corrompues par la soif d’argent ! Si pour le sauver, je devais les payer… alors très bien, je le ferai ! Shinji passait avant la Société !

Je me rendis dans le coffre-fort du Manoir pour prendre l’argent convoité. Shinji valait ces dix mille yens. Pourquoi ne demandais-je pas de l’aide à la police ? Parce que ça ne servait à rien. Les Ennemis de mes Parents étaient sans pitié. Si la police intervenait, ils tueraient sans hésiter Shinji. Et il en était hors de question ! Ceci fait, je me mis ensuite en route vers le Bâtiment abandonné, la mallette à la main. Je veillais à tout ce qui se tramait autour de moi. Je n’habitais pas très loin de chez mon Meilleur Ami. Pas très commun de trouver un Manoir dans les environs de la Ville, certes.

Il me fallut donc peu de temps pour parvenir jusqu’au Bâtiment. Lorsque j’arrivai enfin, les portes étaient closes. Shinji, me voilà ! Je lançai de brefs coups d’œil autour de moi avant de pousser les portes. Les prendre par surprise était une mauvaise idée. Je savais que ça ne serait pas le cas. Ils étaient sans doute préparés à toutes les attaques. Et en effet, je tombai nez à nez avec… Akihito. Il tenait Shinji et lui pointait un fusil au niveau du cou. Je criai le nom de mon Meilleur Ami, avec un air effrayé. Celui-ci me rétorqua de fuir. Ce n’était pas ce qui était convenu ! Il ne devait pas le tuer ! Deux hommes apparurent derrière moi et refermèrent les portes. Je me retrouvai coincé dans le Bâtiment. Je me ressaisis vite et ordonnai :


Akihito donna un coup de poing à Shinji. Je criai un « Non ! » directement. Je fis un pas en avant. Mais je remarquai alors mon Meilleur Ami qui me fit un clin d’œil. Je m’arrêtai aussitôt. Il avait une idée derrière la tête ? Laquelle ? Comment avait-il pu trouver un moyen de s’enfuir avec un pistolet collé contre la gorge ? Je le vis se tortiller un peu avant d’écraser le pied d’Akihito. Celui jura en desserrant son étreinte sur Shinji. Ce dernier en profita pour courir vers moi. Il saisit ma main, tout en poursuivant sa route sans s’arrêter. Cependant, Akihito reprit vite conscience de ce qui se passait. Je le vis lever son flingue vers Shinji et appuyer sur la détente. Je voulus pousser mon Meilleur Ami hors de la trajectoire, mais je ne fus pas assez rapide… La balle transperça la gorge de Shinji qui s’effondra dans la seconde qui suivit. Si seulement j’avais pu la dévier… Et là…

Je me réveillai en sursaut, une main contre ma tête. Un gros mal de crâne m’avait pris. Et surtout… ce cauchemar qui hantait mon esprit… ce cauchemar qui paraissait si réel… Quel jour était-on ? Je regardai mon téléphone. Le Quatorze Août… Whouah… Dans mon cauchemar, on était le Quinze… Devrais-je prévenir Shinji ? Bah non… Il ne valait mieux pas l’inquiéter pour rien… Toutefois, pour plus de sûreté, j’aimerais l’inviter à dormir au Manoir… Je me levai et m’habillai, comme tous les matins. Je répétais les mêmes actions. Je me rendais dans le salon pour prendre mon petit déjeuner. Mon téléphone sonna. Je décrochai et… la voix d’Akihito résonna à mes oreilles. Mon cœur rata un battement. Il répéta les mêmes paroles que dans mon cauchemar… Que se passait-il donc ?

Et les événements de cette journée se répétèrent sans relâche… Combien de fois les avais-je vécus ? Combien de fois avais-je essayé de sauver mon Meilleur Ami en vain ? Je ne savais plus… Je ne comptais plus depuis longtemps… Plus d’une millième de fois, je dirais… Quand cela se terminerait-il ? Quand arriverais-je à sauver Shinji ?

Mille huit cent soixante-cinquième fois (1865ème fois). Cette fois-ci, c’était la bonne. J’y arriverai ! Une fois de plus, j’effectuai les mêmes actions que les fois précédentes. Le moment où mon Meilleur Ami se fait tuer arriva bien vite. Je gagnerai… Je gagnerai ! Shinji s’échappa de l’emprise d’Akihito. Il courait vers moi. L’Ennemi tira. Vous ne le toucherez pas ! Je réagis aussi vite que possible. Je poussai Shinji loin devant moi et m’interposai entre la balle et lui. Je me reçus la balle dans la tête. Et je m’effondrai. Un liquide rouge sombre s’écoulait autour de moi. Je me sentis partir… J’avais sauvé Shinji… Enfin… Je fermai les yeux…

Âge : Douze ans. Je me réveillai dans mon lit. Je me frottai la tête car j’avais mal au crâne. Je sentis alors des présences et regardai autour de moi. Je vis ma Marraine et quelques uns de mes Domestiques. Ma Marraine semblait paniquée, les mains jointes comme si elle priait. Que se passait-il donc ici ? Tout ça était vraiment bizarre… Je m’assis sur le bord du lit, la tête me tournait un peu. Ma Marraine releva le regard vers moi et aussitôt après m’avoir vu debout, elle me sauta au cou en hurlant de joie, les larmes coulant sur ses joues. Je soupirai avant de la prendre au niveau des épaules et la reculer de moi pour la regarder et lui demander ce qui se passait. Ma question parut la surprendre, mais elle me raconta :


Je l’observais, les yeux un peu dans le vague, l’esprit ailleurs. Je ne comprenais rien à ce qu’elle me racontait. Je ne me rappelais absolument pas m’être rendu au Bâtiment abandonné… Et mon Meilleur Ami, qu’était-il devenu ? Aucune idée. Apparemment, il aurait disparu mystérieusement, sans laisser de traces… Après mes Parents… Voilà que je perdais Shinji… La malchance devait m’habiter… Il fallait que je le retrouve ! Quoi qu’il m’en coûte !

Âge : Quatorze ans. Deux ans s’écoulèrent. Aujourd’hui âgé de quatorze ans… Mes recherches se révèlent toujours infructueuses… Comme si Shinji s’était effacé de la planète, comme s’il n’avait jamais existé ! Le reverrai-je un jour ? D’ailleurs… Je ne peux dire quand ça a commencé… Mais un matin, alors que du chocolat chaud allait maladroitement être renversé sur moi, celui-ci s’est miraculeusement changé de direction pour atterrir sur le sol. D’après la Domestique, durant ce bref instant, mes yeux avaient viré à la couleur rouge. Sur le coup, je l’avais prise pour une folle, que c’était simplement de la chance. Cependant, au cours de ces deux années, cette « chance » était réintervenue à plusieurs reprises, de manière complètement aléatoire, provoquant parfois des accidents. Et à chaque fois, mes yeux devenaient rouges un court instant. J’en déduisis que c’était moi qui provoquais tout ça. Au fil du temps… À force de me revisionner les scènes dans la tête… J’en avais conclu que j’étais capable de dévier les objets (et parfois des personnes) de leur trajectoire initiale. Surtout quand ça vient vers moi.