sleeping beauty — nakamura shinku

« Dès mon âge le plus tendre et le plus facile à influencer, mon père m'a donné un certain conseil que je n'ai jamais oublié.
— Chaque fois que tu te prépares à critiquer quelqu'un, m'a-t-il dit, souviens-toi qu'en venant sur terre tout le monde n'a pas eu le droit aux mêmes avantages que toi.
Il n'a rien dit d'autre, mais il existait entre nous une complicité si rare que nous nous comprenions à demi-mot, et j'ai su qu'il sous-entendait beaucoup plus qu'il n'en exprimait.

Ses yeux avaient du mal à rester ouverts et sa concentration était telle que parfois, il avait l'impression de lire chaque mot à part. Il était difficile pour lui de suivre le fil des pensées du compteur. Pourtant, il continuait à lire et ce, juste parce qu'il se sentait particulièrement ennuyé. La bibliothèque était—merci—gratuite, et les livres ici étaient—heureusement—japonais, donc lire quelques livres ici ne lui ferait aucun mal. Ironie du sort, le livre qu'il lisait actuellement était américain mais traduit en japonais. “The Great Gatsby”, ce livre qui avait reçu une adaptation cinématographique—avec des acteurs de renommée mondiale!— il n'y a pas si longtemps que ça. L'histoire lui avait semblé assez banale au début mais, par ennuis, il avait décidé de lire l'original (le meilleur!). Cependant, les chuchotements et la fatigue l'empêchait de profiter pleinement de l'œuvre. Si le livre en question était dans sa langue natale, ça ne lui aurait causé aucun problèmes, mais là, cela devenait quelque peu épuisant et lassant. Au fur et à mesure que les pages se tournaient, il ne voyait que de vulgaires kanji que la vue floue saccageait.

Devait-il simplement s'endormir? Ça l'arrangerait bien, de dormir ne serait-ce qu'une ou deux heures au chaud. Seulement, est-ce qu'il avait le droit...? Roh, et puis, on n'allait pas le tuer juste parce qu'il se reposait un peu. Et puis, il s'était mît bien dans un coin de l'espace publique, pas grand monde s'y trouvait, seulement ceux qui voulaient aussi avoir la paix. Donc des étudiants aussi, mais aussi de simples adultes—qui avaient des airs de riches entrepreneurs, ceux qui se croyaient plus fort que tout le monde—lisant des livres français tel qu'Arsène Lupin: Gentleman-cambrioleur ou bien encore L'Etranger ou du Proust... Ceux-ci penchaient plus pour la poésie, est-ce que ces abrutis arrivaient à les comprendre? Probablement, ils les lisaient juste pour avoir l'air cultivé mais en vérité, leur culture littéraire se limitait au Kamasutra. Tant pis pour eux, ils loupaient des tas de choses passionnantes—mais pas tout le monde avait la chance d'être cultivé après tout.

Doucement, sa tête s'enfonça dans ses deux bras et il ferma ses yeux fatigués. Il s'emprisonna dans les bras de Morphée très peu de temps après avoir fermé ses yeux. Pour une fois, il ne rêvait de rien en particulier. En fait, son cerveau mélangeait un peu tout ce qu'il avait en tête (eh oui): les cours, les flics et les livres. Du coup, même lui avait du mal à comprendre ce qu'il se passait parfois. Ironiquement, ça résumait bien sa vie. C'était déjà plus agréable que les cauchemars qu'il faisait la plus part du temps. Et quand il n'en faisait pas, il oubliait ses rêves (puisque de toute façon il ne conservait que ce qui l'intéresse, et les rêves étant fabriqué par son cerveau malade, ça ne l'intéressait en aucun point). Le temps passa, et son sommeil léger lui permit tout de même trois heures de répit sans que personne vienne le déranger.

Un bruit sourd le pris par surprise. Ses yeux s'ouvrirent soudainement et il leva la tête. Une fillette haute comme trois pommes s'était installée à la même table que lui. Tiens donc... C'était la première fois qu'on lui faisait ce coup là. Il ne se sentait pas insulté, mais faire (probablement volontairement) un tel bruit à côté d'une personne dormant, ça frôlait la vulgarité! Ou peut-être avait-il était élevé trop poliment. Pisces baissa ses yeux pour remarquer une petite pile de livre. Tous des contes de fée. Bah tiens donc... Une gamine qui lisait beaucoup, ça l'impressionnait. Mais elle ne lisait que des livres pour gamine! À son âge; Pisces lisait déjà les histoires sanglantes d'Hannibal Lecter et les thrillers passionnants de Sherlock Holmes et son assistant, le Docteur Watson! Mais pas tout le monde était à l'aise avec des histoires de ce genre, probablement...

Il ne dit rien et s'étira; reposant son dos sur le dossier en bois de sa chaise.

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Si seulement elle pouvait être comme le ciel d’un bleu infini, aux humeurs variées. Il pleure ou affiche un sourire chaleureux. Quel enfant agaçant et turbulent mais également enviable. Libre de ses mouvements, pensant au gré du vent, ne possédant aucunes limites. Une vie rêvée par de nombreux individus dont Shinku.

La fillette comparait en ce moment même le ciel qu’elle ne pouvait atteindre, aux livres des étagères supérieures qu’elle ne pouvait même pas effleurer. Une métaphore pour exprimer le fait qu’elle n’obtiendra jamais la liberté qu’elle désire tant ? Car Shinku n’était pas libre, elle était seulement une coquille vide. Elle le pensa pendant quelques secondes qui lui parurent une éternité avant de repartir dans un débat interne sur sa taille. Elle savait qu’elle grandirait surement encore mais ne pouvait s’empêcher aux avantages que devait avoir les personnes de grande taille.

Elle inspecta pendant quelques instants la rangée dans laquelle elle se trouvait, à la recherche d’un escabeau ou d’une échelle, qu’importe du moment qu’elle pouvait s’élever. Recherches qui s’avèrent rapidement inutiles, aucuns moyens d’accéder aux étagères n’étaient dans les environs. Elle soupira en pestant contre la fatalité. Pourquoi était-elle venue dans cette bibliothèque pour commencer ? Simplement pour avoir chaud, vérité simple et sans appel. Lire n’était que sa seconde raison. Peu importe le début du printemps, les rues restent froides la nuit. Elle n’avait pas voulu rentrer pour affronter le regard de la personne désignée comme sa responsable, suivant un schéma prédéterminé à l’avance. C’était un simple caprice d’enfant.

Laissant tomber les classiques des étagères les plus hautes, elle finit par choisir comme presque à chaque fois des contes. Elle empilait les ouvrages sans réel intérêt, cherchant juste une échappatoire, comme à chaque fois qu’elle ouvrait un roman. Tentant tant bien que mal d’avancer avec cette pile qui bloquait son champ de vision en grande partie, elle avisa la première table à sa portée, posant machinalement les ouvrages.

Elle ne remarqua qu’après s’être installée avec fracas, le jeune homme à l’allure particulière assis à la même table. Il avait la tête de quelqu’un réveillé par surprise et Shinku ne douta pas une seconde qu’elle était la responsable de son réveil brutal. Elle n’aurait su justifier si ses actions avaient étés volontaires ou pas. Elle se contenta de remuer les lèvres en un « désolé » inaudible. De la honte, oui elle en éprouvait, toujours cette même impression d’être lamentable et inutile. La fillette tenta de cacher ses poignets dans un mouvement brusque et grossier. Elle se contenta par la suite de fixer le jeune homme de son regard vide et sans raison valable. Juste pour l’examiner et faire passer le temps. Un regard gênant, dont on se débarrasserait volontiers.

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« Désolée. » des lèvres maladroites répondirent. S'en suivi une suite d'actions toutes aussi maladroites, puis un regard balayant le bleuté. En réponse à ça, l'étudiant fit de même. Elle semblait vraiment petite... Ça ne l'étonnerait pas si ses pieds ne touchaient pas le sol. Et pourtant, quelle heure était-il? Un coup d'œil rapide à sa montre répondit très vite à sa question: près de 21h10. Que faisait une petite comme elle ici à une heure aussi tardive? Elle devait avoir grand maximum douze ans... Était-elle vraiment mordue de livres—non, de contes de fées—au point de venir dans une bibliothèque à une heure aussi tardive, ou bien avait-elle juste un devoir en retard à écrire, ce genre de choses...? « Bah, c'est bon. » il répondit, replongeant sa tête dans ses bras, ses yeux lisant les quelques mots inscris sur le livre qu'il avait emprunté.

Des contes de fées... Il fallait être bien simpliste, pour se contenter de lire ça. Petit, on avait essayé de lui en raconter, des histoires niaises comme ça, comme la Belle et la Bête, Blanche-Neige, ou d'autres conneries de ce genre. Il fallait être bien naïf pour croire à ça! Bon, après, Pisces étant—heureusement—un homme, il était attendu de sa part qu'il n'aime pas ce genre de stupidités, qui visaient plutôt les toutes petites de six ans. À cet âge, les garçons étaient beaucoup moins intelligents, ils ne faisaient que jouer à la guerre ou lire des stupidités différentes, telle que mangas abrutissant—Dragon Ball ou bien BeyBlade. Lui, dans tout ça, lisait de vrais livres. Simple à lire, certes—il était encore tout jeune—mais cela restait de bons livres... Bon, après, ses parents—et particulièrement son père—avaient tenu à ce que lui aie une éducation un minimum normale. Aujourd'hui, quand un père ou une mère faisait ça, il était qualifié d'"old-school", avec les portables et jeux vidéos devenus une banalité. À vingt ans pratiquement, il ne trouvait pas que cela était vrai...

Bah, de toute façon, son avis ne comptait (comme toujours) pas, les Bernhardt était quand même une famille de riches.

Mais qu'en était-il de cette gamine? Son regard vide de plus tôt—il l'avait deviné parce que ses yeux étaient pareil quand il avait le courage de se regarder dans un miroir, ce n'était pas signe d'une éducation saine... non? "Des yeux complètement brisés", c'est ce qu'on disait des yeux du petit détective, qui "partageait" cette particularité avec cette toute aussi petite collégienne. Cependant, elle, malgré des yeux inexpressifs, avait montré de l'embarras, montrant clairement qu'elle semblait au moins en bonne santé. Il était jaloux mais, eh, être aussi malade que lui à seulement douze ans, ça semblait assez triste!

C'est en pensant à toutes ces merdes qu'il ferma les yeux, tentant d'ignorer le bruit des pages tournantes, lui qui avait un petit et léger sommeil.

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Elle avait reporté son attention sur les pages à l’odeur qu’elle aurait reconnu entre mille, l’odeur du savoir. La plupart aurait pensé que les contes de fées ne possède ni sens ni morale, une affirmation des plus erronée. Il suffisait de lire entre les lignes pour découvrir une autre réalité, une utopie rêvée, un moyen d’échapper au quotidien.

C’était le refuge de Shinku qui se noyait entre les mots pour renaître dans un lieu idéal, et s’éloigner de ce qui fait souffrir, l’espace d’un soupir. Dans ses rêves, elle avait une famille, des amis, un quotidien banal certes mais enviable. Douce utopie qui lui arracha un soupir bruyant. Elle n’était malheureusement pas naïve et savait pertinemment que s’il y avait une torpeur temporaire, il y aurait forcément un réveil, brutal retour à la réalité.

Elle tournait les pages, une à une, dévorant les mots, ne s’arrêtant que à de rares moments pour soulager ses yeux surtout depuis qu’elle se savait une vue en déclin. Une histoire de gênes parait-il, un héritage venant du côté paternel. De toute façon, elle n’avait jamais espéré un jour acquérir des lunettes pour améliorer ses capacités oculaires. Ou du moins, elle savait qu’elle n’en aurait pas dans les deux jours arrivants.

De temps à autres, elle regardait furtivement le jeune homme et s’étonnait de trouver autant d’une même couleur sur un seul individu. Généralement, les gens qu’elle croissait étaient toujours vêtus de couleurs diverses et variées, pas toujours en accord mais reflétant en général leur état d’esprit.
Toujours est-il, que la fillette ne savait comment décrire le bleuté. Plus grand qu’elle de toute évidence et surement plus sage. Mais elle ne pouvait mettre de nom sur l’impression qu’il dégageait. Une aura froide mais également légèrement mélancolique. Le bleu après tout. Mais ce qui piquait sa curiosité par-dessus tout, c’était ce roman, non loin du dormeur, "Gatsby le Magnifique" si sa mémoire ne lui faisait pas défaut. Elle était par contre bien incapable de dire si elle l’avait lu un jour ou pas.

« Gatsby le Magnifique … Il n’a pas eu un grand succès au début… Mais après la chance a tournée. Est-il au moins intéressant ? »

Shinku ne savait absolument pas pourquoi elle avait ouvert la bouche à ce moment-là, et se contenta d’un petit "oh" quand elle se rendit compte des mots prononcés. Ce n’était pas dans ses habitudes de chercher de la pitié auprès des autres, malgré qu’à ce moment, elle sentait une sorte de lien entre elle et le bleuté, même si sa capacité refusait de lui donner plus d’information à ce propos.

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Bon sang ce qu'il aimait dormir.

Bien sûr, il n'était pas un de ces paresseux qui attendaient que les choses se passent. Bien sûr que non, au contraire, Pisces avait hérité son obsession du travail de son père, et ça, tout le monde le voyait. Cependant, lorsqu'il avait la chance de se reposer—en cours par exemple, il en profitait pleinement. Bien qu'il cauchemardait la plupart du temps, lorsqu'il finissait par avoir quelque chose d'agréable dans ses songes, il remerciait pleinement Morphée pour ces quelques heures de répits. Actuellement, il ne dormait pas mais plutôt rêvasser. Il pensait à un peu tout et n'importe quoi, comme aux examens approchant bientôt, aux personnes qu'il avait croisé ces derniers temps, au printemps, qui se faisait de plus en plus présent. Les uniformes d'été arrivaient bientôt par ailleurs—en juin si ses souvenirs étaient bons.

Pour tout dire, il aimerait bien se rendormir, mais la présence de cette petite fille bien trop près de lui le dérangeait. Bien qu'il savait qu'elle allait lire, il se sentait observé, en danger. Était-il paranoïaque...? Probablement que non, il se méfiait juste beaucoup trop des enfants. Probablement parce que les enfants semblaient beaucoup trop innocents et du coup, il préférait ne pas les aimer, pour ne pas qu'on le poignarde lorsqu'il a le dos tourné. Ouais, trop parano, qu'on lui disait. Et pourtant, combien de meurtres avaient été commis par des enfants que l'on croyait innocent! ...

Il soupira. Même quand il tentait de se changer les idées, la seule chose qui revenait était les meurtres, encore et toujours, pour ne pas changer. Est-ce que son père était pareil...? Dans un sens, il espérait que non... Bien que lui ne vivait que grâce à ça, une personne normalement constituée se suiciderait rapidement, non? L'autre jour, il avait lu qu'un flic avait tenté de se tuer à force de voir trop de sang! Dans un sens, Pisces était pareil... Sauf qu'il était passionné par ça, en même temps. "Quel étrange garçon".

« Gatsby le Magnifique … Il n’a pas eu un grand succès au début… Mais après la chance a tournée. Est-il au moins intéressant ? » La voix de la fillette le surpris autant que lorsqu'elle l'avait réveillée il n'y a même pas dix minutes. Elle faisait la conversation? Le "oh" ayant suivi sa question supposa que non... Pisces hésita longuement à répondre. Méfie-toi des gosses... Ce même avertissement tournait en boucle dans sa tête, sans raisons pourtant. De toute façon, ce n'était pas une gamine qui allait le tuer... Il avait vécu largement pire. « Simple histoire de triangle amoureux entre riches. » il répondit, raccourcissant sa réponse autant qu'il le pouvait. Il était trop fatigué pour formuler correctement. Si ça se trouve, il y avait des fautes—qu'elles soient de prononciation ou de grammaire—dans sa phrase...

« Simple histoire de triangle amoureux entre riches. »

Une réponse peu satisfaisante, si on excluait l’accent étrange du jeune homme. Un étranger si l’on suivait la logique et se prêtait à la façon dont il prononçait. Mais peu importe sa nationalité, Shinku n’allait pas être satisfaite par une réponse aussi vague et aussi proche de la notion d’amour qu’elle avait reniée depuis longtemps. Oui, une fille de 13 ans d’existence détestait l’amour de par son absence en sa vie triste et morne. L’affection subissait le même traitement sans distinction aucune. La brunette n’éprouvait plus ce genre de sentiment, ou plutôt en avait perdu l’usage. Personne n’éprouvait ce genre de chose envers elle non plus, la plupart du temps seulement de la pitié dégoutante ou de l’indifférence. Pourquoi s’étonner qu’elle recherche la mort après tant d’ignorance envers sa personne. Ses poignets n’étaient qu’un témoignage de sa recherche d’affection, de son envie qu’on s’occupe de sa misérable personne, qui arborait l’amour autant que l’autorité parentale.

« Les gens éprouvant ce genre de chose devraient juste tous mourir. Le plus souvent, ils ne se rendent même pas compte de l’absence des autres. Les gens heureux sont les pires des ordures. »

La fugueuse ne faisait même plus attention à ce qu’elle disait, se laissant aller sur le courant d’émotion parcourant son cœur tordu. Elle bouillonnait intérieurement, de rage, de peur, d’incompréhension face au vaste monde l’entourant. Ce gars avait réussi à la faire parler juste à cause d’un peu de trop de bruit. Et comme tout le monde, allait probablement la prendre pour une folle, chose à laquelle elle s’était douloureusement habituée un peu avant de quitter le collège. Une vie pourrie pour un être pourri jusqu’à la moelle et même pas capable de faire ce qu’il souhaiterait jusqu’au bout. La fillette serrait les poings au point d’en avoir mal, n’osant même plus regarder son voisin de table par honte de trembler à cause de ce qui semblait être de la colère.

Puis le vide du calme, revenant toujours, comme le mouvement perpétuel des vagues. Shinku comprit à quel point sa personne était risible et encore plus en ce moment. Envieuse et couarde, incapable d’accomplir quoi que ce soit. Était-ce la raison pour laquelle elle se trouvait dans cette bibliothèque alors que n’importe quel enfant normal devrait être dans les bras de Morphée, blotti dans un lit douillet ? Mais elle n’avait rien de tout ça, passant le plus clair de son temps dans la rue, en fuite permanente des responsabilités qu’offrait la vie, en fugue face à la complicité du cœur humain. Ayant réussi à arrêter les tremblements digne d’un enfant en crise de nerf, elle releva calmement la tête vers l’inconnu bleuté, arborant de nouveau son regard inexpressif ayant perdu le semblant de colère précédent, en préparation pour des excuses.

« Excusez mon comportement immature. Ils me mettront dehors dans moins de deux minutes, vous évitant plus de dérangement de ma part. »

Elle savait que le personnel l’avait déjà remarqué, présence enfantine anormale à cette heure tardive, et avait peut-être même cherché à appeler ses parents. Et elle savait également qu’elle aurait froid en ressortant, en cette soirée fraîche de printemps. Elle savait également que ses visions étaient brouillées, sûrement à cause du trouble éprouvé précédemment.

» Chanson pour deux cœur solitairess ft. Nakamura Shinku