Misanthrope mais pas trop - Hiroba Eri

On pourra dire ce que l’on veut, la blondinette n’est pas idiote, ou autre préjugé dû à sa couleur de cheveux. Elle est au contraire assez intelligente, et possède une mémoire photographique assez impressionnante. Et sa mémoire retient tout. Autant ce qui est utile qu’inutile ou bien des bons moments ou des moments gênant. Si l’on ne souvient pas vraiment de quelque chose, Eri s’en rappellera pour deux. Mais c’est une des causes pour laquelle elle peut se mettre à rougir facilement, avec des petits flashbacks assez cocasses qui lui viennent à l’esprit.
La jeune adulte est assez taciturne, mais lutte contre ce défaut, bien que pour l’instant, elle n’ait pas remporté la bataille. Il faut dire que ses défauts qui font d’elle une personne presque asociale –bien qu’elle ne le soit pas vraiment par obstination reprennent le dessus par rapport à son ressenti et à la vision assez pessimiste qu’elle se fait du monde. Elle voit en chacun le même modèle, une copie d’une personne à une autre, alors pour essayer de changer son comportement, c’est bien difficile. Oui elle est légèrement misanthrope..
Toujours de bon conseil pourtant, Eri n’hésite pas à proposer une solution ou donner quelques indications pour sortir d’une situation délicate n’importe qui. Quitte à être franche, et ce n’est pas au goût de tout le monde de savoir ce qu’on pense réellement de quelqu’un pour un conseil. Et cette franchise est tellement naturelle qu’elle n’imagine pas blesser qui que ce soit avec des mots alors elle décide de se taire, et pense juste que dire la vérité peut faire changer quelqu’un, à tort malheureusement.
Dans son enfance, la jeune femme a aussi développé une agoraphobie assez forte et qu’encore une fois, elle essaie de combattre. Sauf que la phobie est plus forte, et des crises de paniques la prennent souvent, avec des bouffées de chaleur, et toutes les autres réactions qui accompagnent une crise habituelle.
Sinon, malgré tout ce qui la répugne, elle peut être souriante sans montrer ce qu’elle pense réellement. Dans sa lutte contre ce qu’elle qualifie de « défauts », Eri a réussi à se montrer plus ou moins sociable envers les autres, et même sa famille. Elle se tient toujours droite, accepte de faire ce qu’on lui demande tant que cela ne relève pas de l’exploitation… Et elle tient un blog sur son portable. Aucune utilité, elle s’en sert juste à raconter sa vie d’une autre manière que ce qu’elle en pense –comme elle essaie de convaincre qu’elle peut changer sa personnalité.
Autre chose que l’on peut remarquer, elle agit souvent théâtralement et exagère donc ses gestes. Elle se trouve plus vivante de cette façon et moins blasée du monde qui l’entoure. Et puis elle trouve aussi que c’est très classe d’imiter les gestes vus à la télévision ou au cinéma.

« C’est quoi ce père qui part toujours draguer, et qui m’emmène avec lui? »
A huit ans, Hiroba Eri découvre déjà le monde des soirées plus ou moins douteuses, accompagnée de son père qui ne cherche qu’une nouvelle épouse. Pourquoi a-t-il quitté sa mère? Une bonne question qu’elle a posé bon nombre de fois, en obtenant une réponse vague du genre:

^_Parce que.

Deux mots qui suffisaient à dire qu’il s’en foutait pas mal de sa question. En attendant, Eri n’avait qu’une photo dans sa chambre de sa mère qui lui ressemblait pas mal. Et elle qui n’avait aucun modèle à surpasser, bien qu’elle trouve déjà à son âge l’espèce humaine presque laide, elle avait besoin d’un objectif pour savoir quoi faire de sa vie. Enfin, elle n’avait rien pour se faire belle, car son père avait beaucoup mieux à faire que s’occuper de sa fille, bien qu’il l’adore et se vante de la gentillesse de sa progéniture à ses futures hypothétiques femmes.
D’ailleurs, ces soirées où l’on passe son temps à se faire écraser sont tellement épuisantes, et l’on a l’impression d’étouffer. La blondinette qui ne faisait qu’un mètre trente à peine pour son âge se noyait sous la foule de géants, et paniquait tellement de se faire écraser par la faute de son père qui l’avait emmenée dans cet endroit où elle n’avait rien à faire. Ca la dégoutait de regarder ces adultes danser, se mouvoir tout simplement. Elle allait voir son père qui trainait avec une femme assez louche et lui tirait sa veste en hurlant pour se faire entendre malgré la musique qui était à fond :

^_Papa, quand est-ce qu’on rentre?
^_Attends un peu.

Et le lendemain, elle allait en cours seule, et par miracle arrivait à suivre un cours ou réussir ses contrôles malgré une fatigue très apparente sur son visage enfantin. Comment son père pouvait-il continuer à faire ça? De nombreuses fois, Eri a bien cru qu'en fait son père était fou, ou juste trop possessif, ce qui est le cas.

Dès l’adolescence, Eri s’est rendu compte qu’elle avait appris à ne pas aimer les personnes pour ce qu’elles sont, mais les placent dans le même sac: stupides primates qui n’ont pas évolué depuis toutes ces années. Et elle s’est mise à détester encore plus son père, le prenant pour le responsable. Toutes les insultes du monde ne pouvaient pas décrire ce qu'elle pensait de son paternel. Mais si il est possessif, c'est qu'il est seul. Et cela atténuait la rancœur de la blondinette qui le trouvait humain.
« Si il ne m’emmenait pas à ces soirées bidons, je serais encore normale, comme avant. »
Malgré tout ce qu’elle pouvait penser de désagréable sur son père et son obsession de trouver une nouvelle compagne, elle n’arrivait pas à changer sa façon de se comporter envers ses camarades, ou simplement sa vision du monde. Alors si elle pouvait comprendre comment agissent ses amis collégiens puis lycéens, peut-être qu’elle pensera comme eux et deviendra normale.
La blondinette a progressivement rassemblé deux qui l’ont « acceptée »: Mai et Daisuke. Elle n’a pas grand-chose à dire sur eux, ils sont normaux et attachants. Elle a juste exagéré son attachement à ces deux-là dans son blog qu’elle tient. Où est l’utilité d’un blog? Une espèce de thérapie masochiste, sans doute. Sa volonté de changer est vraiment forte.

Puis, elle est partie de chez elle. De sa campagne. Son père avait trouvé celle qui la remplacera, et ô, cette femme était mauvaise. Eri le savait. De toute façon, son père était trop idiot pour voir qu’elle n’en avait rien à faire de lui. Au final, fuguer avait du bon. Enfin, elle pourrait vivre seule, ne plus supporter ces soirées, cette fatigue. Elle n’aura jamais compris pourquoi cela semblait indispensable d’emmener sa fille dans des boîtes de nuit ou des soirées pourries, alors qu’elle ne devrait pas y être. C’est terminé, maintenant. Et si Eri n'était toujours pas convaincue de fuir, ou s'envoler de chez elle, elle avait cet argument: je suis adulte. Cette pensée de grisante liberté la faisait rougir de joie, car au final, ce qui est vraiment génial dans la vie, c'est la liberté, ne plus se sentir enchaînée à son bourreau qui était son géniteur.
« Faites que je ne me brise pas en chemin.. »
Mai l’a rejoint plus tard dans son petit appartement miteux. Ah, la misanthrope était assez gênée par la situation, mais quand son amie lui a annoncé:

^_Je suis là pour étudier comme toi!

Eri a sursauté. Qu'Est-ce qui lui a pris? Un coup sur la tête? Et puis, quelle menteuse, elle avait juré ne jamais aller à l’université à cause de ses mauvais résultats.. C’était assez amusant à y penser, de se dire que Mai l’a suivie jusque dans cette ville pour être avec une fille qui voulait être libre. Enfin.. Sa liberté est conditionnée par la bêtise d’une brune qui hurle beaucoup, maintenant.