Aihara Nyo ; Présentation ~

Impassible ou enjouée, Nyo montre ses différentes facettes en fonction de son humeur. Elle ne s'ouvrira à vous que si elle vous fait entièrement confiance ; si c'est le cas elle sera pleine de motivation, souriante, et prévenante. Votre bonheur sera l'un de ses principaux soucis et elle ne fera rien qui soit susceptible de vous mettre dans l'embarras, de peur de perdre votre amitié si précieuse à ses yeux. En revanche, si lorsque vous l'abordez pour la première fois elle porte son masque d'inexpressivité et que vous faites preuve de mépris - voire pire -, elle sera sans pitié avec vous. Son regard glacé vous transpercera et vous finirez par regretter de lui avoir adressé la parole - soit parce que vous vous ferez rembarrer, soit par déception du fait qu'elle ne réagisse pas comme vous l'espériez. Nyo a également un bon sens de la répartie mais, ayant blessé par le passé des personnes auxquelles elle tenait ; elle évite le plus possible de s'engager sur cette voie-là. Sauf si vous ne lui en laissez pas le choix.
Malgré tout, dans l'ensemble, il s'agit d'un personnage assez pathétique. Au lycée par exemple, son attitude asociale l'empêche de faire un pas vers les autres - sauf en cas de nécessité. Elle se retrouve fréquemment seule, même si elle possède quelques bons amis sur qui elle peut compter (en fait, sa solitude est plus souvent un choix qu'une fatalité).
S'il fallait citer son plus grand point faible, ce serait sa gourmandise. Le chocolat, les pâtisseries et autres sucreries... Proposez-en lui et vous apercevrez des étoiles briller au fond de ses pupilles. Par ailleurs, vous pourrez souvent la croiser avec un quelconque fruit à la main.
En-dehors des cours, livrée à elle-même ; l'indifférence de Nyo s'accroît et vous ne risquez pas de capter son attention bien longtemps. Elle a en horreur la banalité et la conformité des apparences, des styles vestimentaires... Soyez anormalement sympathique envers elle et elle vous rendra probablement la pareille, ou alors faites en sorte qu'elle ne puisse pas vous cerner. Nyo est un peu avide de nouvelles expressions, de nouvelles réactions ; de rencontrer des caractères inattendus en somme. Éveillez sa curiosité si vous souhaitez l'approcher, ou provoquez-la si au contraire, son manque de réactivité vous fait chier. Quoi qu'il advienne, vous vous rendrez vite compte que quelqu'un se cache réellement derrière ce regard transparent.

« La pluie battante frappait la vitre, tandis que le décor filait à toute vitesse. On longeait une falaise abrupte en bordure de mer, à quelques kilomètres de la ville... Il faisait nuit noire et on n'y voyait rien, mais mon frère refusait de ralentir, trop énervé qu'il était. Il ne cessait de crier des phrases sans queue ni tête qui je pense me visaient moi... J'avais peut-être dépassé les bornes en quittant la résidence sans prévenir, mais mes parents l'avaient bien cherché, cette fois. Qui dit qu'à mon âge je ne pouvais pas me débrouiller seule ? Quinze ans, c'est suffisant pour participer à une soirée chez de simples camarades de classe. Et puis zut, alors que ma meilleure amie qu'ils connaissent depuis un bout de temps était présente, pourquoi se sentaient-ils encore obligés de me pourrir la vie ? Dégoûtée, je posais mon casque sur les oreilles et commençait une chanson. "Baisse le volume, je te parle là !" s'écriait-il encore en me jetant un coup d'œil. Grave erreur.
Un crissement de pneu strident, un choc et des éclats de verre brisé... Je ne me souviens plus très bien de l'instant où la voiture a percuté le rocher. Ma vision est devenue floue, puis lorsque j'ai enfin rouvert les yeux, je ne ressentais aucune douleur. Miraculeusement, j'étais intacte. En revanche, le corps de mon frère qui aurait dû se trouver dans les décombres, juste à côté de moi, s'était volatilisé... Combien de temps s'était-il écoulé lors de mon inconscience ? Je défis ma ceinture et tentai de me dégager, lorsque je sentis le véhicule bouger. Je compris qu'il oscillait au bord du gouffre et me dépêchais de sortir. Juste à temps, car dans un grand fracas, ce qui restait de l'auto familiale plongea dans des eaux noires et tumultueuses, une trentaine de mètres plus bas.
Cela ne me fit aucun effet. Étais-je triste de la disparition de mon aîné ? Je n'en savais rien. Pourtant, ce qui venait de se passer était entièrement de ma faute. Et où aller maintenant ? Rentrer signifiait revoir mon père, ma mère ; et surtout leur annoncer ce que moi-même je ne comprenais pas bien. Je n'étais pas prête à affronter leur réaction ; leur colère, leur désespoir ou quels sentiments sais-je encore, qui avaient en cet instant perdu tout leur sens dans mon esprit. Depuis quelques temps, je ne leur causais que des ennuis... et ce serait la goutte qui ferait déborder le vase. Je jetais un dernier regard en contrebas, puis tournais les talons. La mort de mon frère et la mienne seraient probablement déclarées lorsque les garde-côtes repêcheraient la carcasse métallique.

"Tu dis que son corps a disparu ?"

Ma meilleure amie m'a toujours soutenue. Depuis que nous étions toutes petites, nous partagions tout : nos joies et nos peines, nos rêves et nos histoires. Mais cette amitié qui me semblait jusqu'alors inébranlable s'est fissurée au fond de son regard, cette nuit du 15 août. Je me tenais là, misérable, sur le pas de sa porte ; avec mes cheveux qui dégoulinaient d'eau de pluie et mes vêtements détrempés. J'étais perdue et me sentais vide... Ne supportant plus le poids de son silence, j'ai simplement ajouté "Je ne peux pas retourner chez moi, tu comprends ?" et elle a finalement acquiescé, au bout de ce qui m'a paru être une éternité. Une fois sèche et rentrée à l'intérieur, elle m'a demandé comment j'étais parvenue jusqu'ici dans l'obscurité. J'avoue ne m'être pas trop posé la question... En quittant la route, je m'étais machinalement dirigée vers les lumières de la ville, même si la notion même de lumière m'avait semblé perdre sa signification. Tout avait été anormalement clair, précis.
C'est le lendemain que tout a basculé. Le matin, quand tu te lèves, tu as tes petites habitudes... et tu es vraiment perturbé si quelque chose manque à l'appel. Ce matin-là, je ne voyais plus rien. Ce n'était pas un trou noir ; mais plutôt comme si toute la lumière du monde avait décidé de m'aveugler... De ma vision hors-norme de la veille, je passais à la cécité la plus complète. "Probablement un contrecoup de l'accident", tenta d'expliquer mon amie. "On devrait chercher de l'aide, je ne sais pas..." Mais j'insistais pour attendre, encore un peu. Et le soir venu, mon champ de vision se précisait à nouveau. Je discernai alors de la crainte dans le regard de mon amie, face au mien qui avait viré rouge terne... Sûrement, j'aurai moi aussi pris peur ; si mon cœur n'avait pas été en miettes à ce moment-là. Quoi qu'il en soit, la malédiction s'est répétée ; à chaque aube et à chaque crépuscule. Mon rythme de vie s'est peu à peu détraqué... Je me levais à l'heure du souper, me rendormais lorsque mon amie partait au collège - qu'elle fréquentait encore malgré l'énergie et le temps que je lui prenais. On avait quinze ans, l'âge où l'on commence à profiter de l'adolescence ; il faut dire que je le lui ai bien gâché... Puis un jour, mon amie m'annonça la visite de ses parents. En effet, un week-end par mois, ils revenaient du bout du monde pour s'assurer que tout allait bien pour leur fille, et ainsi passer du temps avec elle. Je n'avais pas besoin d'empathie pour comprendre le message, il s'agissait juste de bon sens... Un être humain normal n'est pas préparé psychologiquement au surnaturel. Deux jours par mois donc, je devais me débrouiller pour vivre dehors, avec ma cécité partielle. Mais je n'en ai jamais voulu à mon amie pour ça. Grâce à elle, j'avais récupéré une première émotion : l'humiliation... Les autres, telles que la colère ou en revanche la reconnaissance, ont vite suivi et je me suis peu à peu reconstituée une âme.
J'ai vécu des mois ainsi. Je ne me souviens plus réellement de tout ce qu'il s'est passé, mais un beau matin, j'ai réussi à contrôler ces "yeux" comme par magie. Cette ville que j'ai tant haïe près d'une demie année m'est apparue chaleureuse pour la première fois, avec ses arbres en fleurs s'agitant dans le vent. Dès lors, tout s'est sensiblement arrangé pour moi : mon amie a demandé l'autorisation à ses parents pour que j'habite avec elle, officiellement. J'aurai aimé voir leur réaction six mois plus tôt... mais le plus important reste qu'ils ont accepté. J'ai également réussi à intégrer le lycée sans trop d'encombres et passé le premier trimestre, tandis que les journées se rallongeaient au fur et à mesure que l'été approchait. Mais cela ne représentait plus un problème. »

Mekakucity est le théâtre d'une bien étrange comédie. Ou tragédie, car tout dépend du point de vue. De rares silhouettes errant dans la nuit transmettaient une sorte de signal avec leurs prunelles si particulière ; signal que Nyo pouvait capter. Les trouver et les observer était devenu une sorte de passe-temps, surtout lorsque l'ambiance chez son amie se détériorait trop et que l'atmosphère se faisait pesante. Elles ne se disputaient pas, mais rien ne serait plus pareil... La gêne s'installait souvent et se lisait sur leur visage. Alors, la jeune fille sortait, poussée par son intuition qui lui soufflait que ces personnes, si singulières et pourtant si semblables à elle-même, détenaient peut-être des réponses à ses questions.