Merry Christmas ! ft. Misaki, Kaede, Akio, Kaori.

Ça fait maintenant trois jours que tu es seul chez toi. Dire que tu ne t'y attendais pas... Tu t'en souviens encore. C'était le soir du 21 décembre, tu étais sortis avec un de tes amis et quand tu es revenu, tu la vu. Ta grand-mère allongée, là. Allongée sur le sol. Cette soirée a été horrible pour toi. Tu avais alors appelé l'ambulance qui est arrivée rapidement puis ta grand-mère est actuellement à l'hôpital depuis trois jours. Trois jours qu'elle n'a plus la force de lever le petit doigt. Tu ne sais plus quoi faire. Tout tes amis sont avec leurs familles et tu n'oses pas ''t'incruster'' avec eux. Enfin, ''tous tes amis'', tes deux amis plutôt. Car les autres, ce ne sont que des connaissances ou des bouches-troues qui te sert à ne pas traîner seul quand l'envie t'en prend. Ça arrive parfois. Mais ce soir, c'est bien évidemment le 24. Le réveillon de noël. Tu sais, un jour que l'on passe en famille ou entre amis ou alors avec sa petite amie ! Qu'importe, mais un jour qu'on aime vraiment de base car le lendemain c'est noël et les cadeaux et tout ça. Bon, c'est foutu, tu vas le passer seul. Tu avais acheté des fleurs pour ta grand-mère. Il était près de 19h, l'appétit ne venait pas. Tu allais sûrement passer la soirée le ventre vide. Mais au cas où, tu prends des yens. Par chance des personnes travaillent à l'hôpital le soir du 24. Les gens ont besoins d'argents après tout... il y aura toujours une personne pour travailler ce genre de jour. Pourquoi ne pas faire la même ? Bon, t'avais pas vraiment prédis que ta grand-mère n'allait pas être présente ce soir. C'est bien malheureux. Ton cœur se serre, il se serre de plus en plus fort et ça fait mal. La solitude te fait mal, très mal.

Tu te décides à y aller maintenant. Avant de partir, tu te prépares quand même, car dehors il neige et il fait très froid. Même chez toi il faisait froid, tu n'étais pas joyeux. Ce qui est logique. Peut-être déprimé par la solitude. Ou alors... une déprime temporaire comme plusieurs ados. Ta maison était aussi froide que dehors, aucun chauffage allumé. Tu allais finir par attraper sûrement froid. Pourquoi mets-tu un manteau dans ce cas ? Juste par réflexe car tu sais qu'il y a de la neige et tout ça. Donc tu en mets un. D'ailleurs, ce qui est rare, mais tu enlèves tout tes bijoux. Vraiment tous. Tu n'en portais pas un seul sur toi. C'était comme y aller nu non ? OK. Bref, tu avais décidé de tout enlever pour je ne sais quel raison encore, tu es un personnage très étrange. Ton visage ne montrait d'ailleurs aucun sourire. Tu soupires une fois avant d'enfiler ton manteau qui est assez épais d'ailleurs. Tu te réchauffes dedans, tu sens la chaleur, alors tu te retrousses un peu dedans. La chaleur n'était pas déplaisante. Tu te retournes vers la maison noire. Aucune lumière allumée, c'était limite déprimant à voir. Tu sors de chez toi en refermant la porte rangeant les clés dans ta poche avec ton portable avec des écouteurs accrochés dessus et ton porte-feuille. Ta poche est très passionnante n'est-ce pas. Restant planté devant la porte quelques secondes, tu sors ton portable et tu lis '7:38pm' super. Tu avais pris tant de temps à sortir de chez toi ? Tu es si mou, si triste. Tu regardes le ciel en voyant des petits flocons tomber. Tu enfiles ta capuche et direction l'hôpital avec des fleurs en mains. Oui, j'ai oublié de préciser que tu avais des fleurs dans ton autre main, c'est d'ailleurs pour ça que tu ne t'en ai pas servi.

Tu marchais pas à pas en entendant le craquement de la neige, ça avait fini par t'agacer et tu as alors mis tes écouteurs dans tes oreilles afin de t'isoler et de ne plus rien entendre du tout. La route a été un peu plus rapide grâce à ça. Une fois en face de l'hôpital tu éteins ta musique, rangeant tes écouteurs dans la poche de ton manteau, puis tu entres. C'était très dur de entrer, tu es d'ailleurs resté planté devant la porte deux minutes avant d'entrer. Une fois à l'entrée tu donnes le nom de ta mamie et la dame t'indique sa chambre. Oui, tu n'y avais pas été une fois. Pourquoi ? Tu avais peur, très peur. D'autant plus que c'était loin de chez toi, il devait être dans les alentours de 20h maintenant. Entrant dans la pièce où était ta mamie, tu la vois, allongée. Tu pensais qu'elle allait y passer. L'infirmière avait remarqué ton visage attristé, apeuré et elle t'explique qu'elle dormait tout simplement et qu'elle avait besoin de repos. Ton expression s'est un peu apaisé et tu demandes gentiment à la demoiselle de te laisser seul avec ta grand-mère. Et oui, ce genre de moment est complètement confidentiel. Tu n'aimerais pas qu'une simple inconnu te voit ainsi. Tu t'approches du lit en souriant. Ce putain de faux sourire qui était revenu. Toi qui pensait que tu t'en étais presque débarrassé. Mais ce connard de faux sourire refait surface. Tu souriais mais tu étais remplis de tristesse. Tu ouvres ta bouche mais les mots ne sortait pas. Tes yeux brillaient. Ils ne brillaient pas de joie, ils brillaient à cause des larmes que tu te retenais de ne pas faire couler. C'était dur. Très dur. À ce demander si tu vas y arriver. Toi qui t'es pourtant juré de ne plus pleurer devant quelqu'un...

« Ne m'abandonne pas... p– » ta voix était si faible que le son n'en sortait presque pas. La première larme coule alors le long de ta joue. Tu tremblais de peur. Ton grand-père, ta mère. Puis ta grand-mère ? La vie voulait tout te retirer ? Elle ne voulait pas que tu sois heureux pour le restant de tes jours c'est ça ? Enfin, c'est ce que tu penses. « … pas toi... s'il te plaît. » Les larmes n'ont pas cessé de couler. Tu poses les fleurs sur la petite table à coté d'elle toujours les larmes en yeux. Tu n'as pas su quoi dire de plus. Tu n'osais rien dire de plus. Tu essuies tes yeux avec la manche de ton manteau avant de sortir de la chambre. Avant de refermer la porte, tu jettes un dernier coup d’œil et tout ça reste inchangé. Ça te bouffe intérieurement. Tu sors en remerciant l'infirmière par politesse. Tu espérais vraiment qu'elle ne t'abandonne pas. Tu marches dans la direction opposé de ta maison sans t'en rendre compte. Tu es assez étourdi quand tu es sous le coup de la déprime. Tu passes devant un super marché ouvert. Tiens c'est bien rare ça. Mais tu t'en foutais que ce soit rare ou non. Tu entres dedans achetant un soda. Tu ressors rapidement étant à peine poli car tu n'avais pas vraiment parlé. Les mots ne sortaient pas. Tu n'avais plus la force de parler en même temps... tu vis sûrement le pire 24 décembre de ta vie.

D'ailleurs tu aimais bien noël de base. Mais pas aujourd'hui. Sortant donc du magasin ouvrant ton soda et buvant une gorgée avant d'entrer au centre-ville. Bonne ou mauvaise idée ? Ça t'en savait rien, tu allais là où le vent t'emportait. Tu as d'ailleurs remit ta capuche au passage. La main droite dans ta poche, l'autre tenant ton soda. Ce qui est ma foi, logique. Tu te baladais dans ce putain de centre-ville en te demandant finalement "Putain de merde, qu'est-ce que je fous ici?!" Tu voyais ces couples de merde joyeux en train de marcher main dans la main. Ça t'énervait. Voir que eux, ils avaient tous quelqu'un et toi, tu étais avec un soda. Bordel mais le monde te haïssait vraiment. Ton soda par contre était devenu biforme le pauvre... Oui, tu avais envoyé ta haine dans sa canette même pas consommé. Seulement une gorgée. Tu continuais d'avancer. Serrant de plus en plus cette canette jusqu'à exploser de colère. Il y avait un grand arbre de noël au centre de la ville. « Kuso! » Grognas-tu en avoyant directement ta canette dessus. Tremblant de rage encore un peu. Tu étais vraiment de mauvais humeur. Tu remarques que tu as attiré l'attention de quelques passants. « Au lieu de me regarder, continuer de faire vos trucs de merde et me faîtes pas chier. » retroussant brusquement les mains dans tes poches et grognant des mots incompréhensible mais on pouvait nettement savoir que c'était des insultes envers cette fête hideuse qu'est noël. D'ailleurs il y avait aussi ces musiques de noël qui te méprisait. Encore, ça. Ça allait. Pour le moment. Reste à savoir si ta soirée va empirer.

Ordre:

Des lumières ici et là, des rires, une atmosphère chaleureuse malgré le temps bien froid et la neige qui crisse sous les pieds des passant, brillant sous l'éclairage des magasins en ces temps joyeux. A bien y regarder, la plupart des individus passant ici-bas sont des couples, se partageant souvent une écharpe le sourire aux lèvres, échangeant de doux propos avec gaieté non-dissimulée. Et en contraste par rapport au reste de cette scène se tient une petite brunette, le regard perdu dans le vide, assise sur le muret entourant l'arbre de Noël sur cette place animée. Misaki est seule au milieu de sa rêverie, n'accordant aucune attention au monde autour d'elle, regardant simplement distraitement le ciel nocturne mélangé aux doux flocons blancs de ce paysage digne d'un de ces mauvais films passant lors de cette période festive. Un soupir trouble néanmoins ce moment de quiétude ou la jeune fille ne pense à rien, pas même à elle-même, un esprit blanc et vide.

Sans vraiment savoir depuis combien de temps elle se tient assise à cette même place, la demoiselle frotte ses mains par réflexe, ne ressentant pas vraiment le froid emmitouflée dans un manteau doublée et une écharpe lui couvrant une partie du visage. Misaki sait seulement qu'il fait froid de par la neige et la buée se formant à chacune de ses expirations, régulièrement, lentement, comme dans un rêve éveillé. Pour ainsi dire, la jeune fille est enfermée dans sa petite bulle, regardant parfois ce qui peut bien se passer, avant de replonger dans les pensées constituant son existence. Encore une fois, elle avait été stupide, trop fière pour être honnête, une sensation pesante.

Les parents de Misaki sont des gens compréhensifs, ou du moins la plupart du temps. Ainsi, personne ne l'a vraiment sermonné quand la brunette a annoncé rester en ville pour fêter Noël avec des amis. Des amis imaginaires semblerait-il, la vérité étant que la demoiselle ne voulait simplement pas rentrer au cocon familial, préférant passer les fêtes dans une certaine solitude. Sans réelle raison, juste pour ne pas avoir à affronter les regards de sa propre famille, par pure couardise. Et la voilà qui regrettait désormais sa décision, en pensant à la tristesse de devoir manger seule par un jour pareil. Il paraît qu'un repas est meilleur quand partagé avec quelqu'un, et actuellement la brunette n'a personne avec qui partager, pensant simplement faire un détour par un fast-food ou boutique du même genre sur le chemin du retour pour acheter quelque chose à manger. Se trouver ridicule n'arrangera pas les choses, elle le sait très bien.

Revenant pour un moment sur Terre, Misaki évalue rapidement les alentours sous conseil de son estomac commençant à se manifester. Il n'est pas rare de trouver des stands de nourriture sur des places telles que celle-ci, ravissant les passants. Et la brunette cherche, ayant dans l'idée quelque chose de chaud, une gaufre ou des takoyaki peut-être, imaginant déjà la saveur des aliments sur son palais. Encore l'esprit légèrement embrumé, un choc la sort brusquement de son état de réflexion prolongée, celui d'une cannette sur l'arbre derrière elle. Sa première réaction est de penser que le projectile n'est pas passé très loin, et de remercier par ailleurs sa bonne étoile de l'avoir épargné pour un soir. La seconde réaction de Misaki fut de chercher la personne responsable de cette acte, facilement remarquable par ses gestes agacés. Et l'individu en question est donc un blond, visiblement pas très content, proférant des insultes à droite à gauche. Si la demoiselle se trouvait ridicule un peu plus tôt, celui-ci avait la palme, le record du ridicule. C'en serait presque risible. Bientôt, Misaki se lève pour placer ses mains en porte-voix.

-Eh le blond ! Tes parents t'ont pas appris à faire attention à où tu jetais tes canettes ? Tss...

En fait, elle aurait aussi très bien pu la fermer, mais l'occasion était bien trop belle pour la brunette pour attirer l'attention sur sa petite personne égocentrique. Et comme ça, elle a l'air un peu cool, à traduire l'avis général. N'empêche qu'elle remarque qu'il fait froid maintenant, désirant manger quelque chose de chaud de plus belle. Enfin, après s'être un peu affichée.

HRP:

Christmas sucks.

C'est Noël, la journée d'une fête planétaire où la famille se réunie, où on oublie nos remords et vengeances pour passer un bon moment ensemble dans la voix et bonne humeur— mais non, noël c'est fait pour déguster du caviar comme un gros porc, dévorer des biscuits cuits au four et manger la délicieuse bûche en dernier. Passer un énième Noël en solitaire n'a jamais été une issue problématique, allumer des chandelles et décorer sa maison pour s'accoutumer aux traditions n'ont jamais été sa tasse de thé. Plutôt que d'acheter plein d'articles inutiles, cette année encore il a investi son porte-monnaie dans plusieurs achats compulsifs et intelligent (Ou pas.). Poussant la porte d'entrée d'une pâtisserie, portant dans ses bras plusieurs lourd paquets contenant des friandises en tout genre, il accélère le pas à travers le centre-ville afin d'emprunter la route menant jusqu’à son foyer. Cette soirée se devait d'être parfaite, privé de violence et comblée de bonheur (A sa manière). Entouré de ses objets favori dans sa pièce nettoyé, l'envie d'être accueilli par une pièce chaude fut un argument de poids pour éviter les confrontations emplie d'animosité. Forcé de passer près du centre-commercial envahi par une vague de clients sortant de chez eux pour effectuer les courses de dernière minute. Une brise pouvant être cataloguée comme un soupir s'échappe des lèvres légèrement gercées.

S'apprêtant à passer son chemin sans lancer un regard vers le grand sapin de noël décoré et installé près de la grande place. Rien d’extrêmement intéressant, pourquoi donc s’attarder bêtement? Heureusement pour lui la rue n'est pas asphyxié par une vague d'habitants, faire glisser ses pas le long du pavement est loin d'être un tracas-- du moins, c'est ce qu'il croyait, dur comme fer. Et pourtant sa malchance quasiment perpétuelle ne le lâchait pas d'une semelle, comme quoi il avait un don pour attirer les ennuis même sans y penser. Déambulant le côté ouest du sapin (évitant la foule au passage) il croise quelque personnes aimables lui adressant un convivial "Joyeux Noël". Des salutations restant sans réponse car le châtain ne prend pas la peine de soulever son regard et réchauffer ses cordes vocales pour postuler une réponse (Négative ou positive), préférant s'enterrer dans le silence et d'écouter les mélodies des instruments joués sur les bordures des trottoirs. Pressé, sa jambe le transporte proche d'une intersection tandis qu'il ne prend pas garde à regarde où il se dirige, la semelle de sa chaussure rencontre et trébuche sur une matière confirmée pour ne pas être qu'un caillou. Prit dans une embuscade impossible à éviter, la première option voudrait qu'il lâche ses courses pour amortir sa chute— son raisonnement fait passer la sécurité des sucreries avant la sienne, résultant une chute sur le dos et contre le sol à moitié gelé.

Son regard encré dans de la haine, ses yeux dorées fixèrent les alentours, en quête de débusquer le coupable. Car oui, une canette ne se baladerait pas sous son pied (Son manque d'attention est cruellement désastreux) toutefois ses avant bras nichaient ses précieux gâteaux. Rien de cassé, si ce n'est que le coccyx en moins. Les chances de retrouver l'auteur du crime devenaient minces, atteignant le seuil du désespoir.. Avant d'entendre plusieurs voix accouplées dans une synchronisation déconcertante, à l’unisson dans une intonation animée par la rage. Oh. Détournant le visage face à un duo, Akio ne se fit pas prier pour se relever et tenir sur ses deux jambes, il emboîte le pas vers leur direction, la lèvre inférieure devant le martyr de la rangée de dents mordillant un morceau de chair.

❝ Oi, vous deux. Fermez vos gueules deux secondes. C'est qui, qui a jeté c'te canette? ❞

La canette gisant sur le sol pas loin de la position actuelle du trio, on pouvait lire sur le visage du délinquant de la colère mixée avec de l'amertume, certainement car il se doutait que ses boîtes ne sont plus vraiment en bonne état malgré ses efforts pour avoir favorisé le bien-être de la nourriture plutôt que son corps. Le pire étant que sa posture actuelle laissait à désirée, la moitié de son corps penché en avant puisque qui lui est impossible de se tenir droit, le dos en compote et les muscles des hanches réduits en miettes, rendant le tout impossible d'adopter une position confortable et crédible.

Ce jour-là c'était Noël, et pourtant je n'en avais pas du tout le sentiment. Pourquoi ? Probablement parce que mon oncle n'était pas là pour le fêter avec moi. Quelle idée de faire un tel travail aussi.. non; quelle idée de faire travailler quelqu'un le soir du réveillon de Noël. Non je ne pouvais pas lui en vouloir, parce que ce n'était pas de sa faute après tout. Il s'était excusé un nombre incalculable de fois et m'appelait dès qu'il en avait l'occasion pour s'assurer que je n'étais pas en train de déprimer dans mon coin. Il était l'une des rares personnes – la seule même, à pouvoir déceler lorsque je mentais sur mon humeur, que je me forçais à rire ou à sourire. Oui je ne pouvais rien lui cacher, de toute façon j'avais arrêté d'essayer depuis bien longtemps déjà : j'avais appris à tout lui raconter, tout ce que je pouvais avoir sur le cœur qui me pesait et qui me faisait mal. C'était d'ailleurs pour cela que le fait qu'il ne soit pas là pour un jour aussi important me chagrinait énormément et ça, il s'en doutait déjà sinon il ne m'aurait appelée qu'une seule fois.

La vue d'un repas préparé sur la table ne me ravissait pas trop, parce que je savais qu'il ne mangerait pas avant un moment et je préférais l'attendre. De toute manière, je n'avais pas très faim, je déprimais à moitié. Sous les conseils de mon oncle j'avais fini par me couvrir avec des vêtements chauds, prenant même la peine d'attacher mes cheveux en une longue queue de cheval : quitte à sortir, autant ne pas m'aventurer à l'extérieur comme si je venais tout juste de me réveiller. Après avoir mis mon cache-oreilles je mis les pieds dehors, cachant mon nez derrière mon écharpe au moment du passage dans cet environnement froid qu'était la rue. Où aller pour me changer les idées ? Je n'en avais pas la moindre idée, alors je laissai une fois de plus mes pieds me guider là où bon leur semblait : après tout je n'avais rien à perdre, en serait-ce que mon chemin. Mais bon ça, pas comme si je n'en avais pas l'habitude après tout.

Lorsque les lumières du centre-ville apparurent dans mon champ de vision je fus comme submergée par une vague de chaleur en les observant. C'était vraiment joli, et dire que c'était la première fois que je sortais les observer. Dans un moment pareil je me serais tournée vers mon oncle comme une gamine en souriant joyeusement ; ce que je fis donc... ah mais j'oubliais : il n'était pas là. Revenir à la réalité me fit déprimer un peu sur le coup, mais je ne devais pas me laisser abattre ! Noël c'était un jour où l'on devait être heureux et puis s'il me voyait déprimée il déprimerait aussi ! Alors mieux valait que je me sente mieux avant de rentrer, mais surtout avant son retour. Dans l'espoir d'aller vite mieux je me remis à avancer sous les guirlandes multicolores, repartant bien vite dans un état d'insouciance quant à ce qui pouvait se passer aux alentours. Quand j'entendis qu'ils allaient bientôt allumer le sapin, je me dis qu'il fallait que je me dépêche car je voulais assister à cet instant. Je pressai alors le pas, pleine d'espoir, avant d'heurter un pauvre enfant. Vite vite, réagis ! Comme je savais que de toute manière j'allais m'étaler par terre je me mis en-dessous, de sorte à ce qu'il ne se blesse pas : Kaede, le nouveau coussin, bientôt en vente – ou pas – dans vos supermarchés.

Après m'être excusée mille fois, allant de même pour sa mère car lui aussi courait au moment de l'impact, je finis par reprendre ma route malgré mon collant troué, mon genou désormais écorché et... ma chaussure manquante ? Oh merde. Je la retrouvai non loin de là où je me situais, dans un sale état je devais le dire : la lanière avait lâché, génial. Soirée pourrie. Pile au moment où j'avais pensé ça, il s'était remis à neiger ; wow de la neige à Noël... de quoi me remonter le moral ! Enfin, au moins pour un bref instant. Certes c'était magnifique à voir, mais on m'avait toujours dit qu'un Noël blanc était le meilleur moment pour se déclarer à quelqu'un. Mais moi, à qui pourrais-je bien me déclarer hein ? Si je confessais mon amour à un personnage d'otome, mon oncle risquerait de me faire interner... et en plus ça me prouverait à quel point je suis pathétique. Riant de manière forcée je chassai cette image de ma tête d'un geste de la main : tant pis, de toute façon il n'y avait rien de plus encombrant que l'amour pour une personne comme moi ! Et il était peu probable que ça m'arrive un jour de toute manière.

Au passage j'avais acheté de quoi grignoter, mais vraiment par gourmandise hein ; une bonne pâtisserie que je comptais bien dévorer une fois au pied du sapin. Bien entendu, tout ne se passa pas comme prévu hein, comme d'habitude. À peine arrivée à destination, après que les lumières aient été allumées je vis un objet volant non identifié passer au-dessus de ma tête. Je ne me serais pas attardée dessus si ce machin ne m'avait pas vulgairement arrosée, moi qui n'avais rien demandé hormis pouvoir passer un peu de temps sans aucun problème, dans toute la joie du monde. Je serrai le poing, me répétant sans arrêt de me calmer car c'était censé être un jour de paix où tout le monde devait s'aimer et blablabla. Une fois à peu près sereine je m'apprêtai à repartir lorsque j'entendis des voix s'élever, parmi la foule.

« Au lieu de me regarder, continuer de faire vos trucs de merde et me faîtes pas chier. »
« Eh le blond ! Tes parents t'ont pas appris à faire attention à où tu jetais tes canettes ? Tss... »
« Oi, vous deux. Fermez vos gueules deux secondes. C'est qui, qui a jeté c'te canette? »

Parmi ces trois personnes, je reconnus une personne et demi – et demi car l'une des deux je n'étais pas certaine, à cause d'un petit trou de mémoire. Je m'approchai alors de la scène de crime, apercevant Misaki dont j'avais reconnu le timbre de voix et... l'autre abruti qui crachait sur les tombes. Pourtant en le voyant ainsi courbé, en concluant ainsi qu'il était tombé, j'eus un peu pitié pour lui parce que ça devait faire mal, mais surtout parce que ses gâteaux ne devaient plus être en très bon état. Je compatissais, car il devait être en colère à cause de ça... à sa place, j'aurais certainement réagi de la même manière ! Mais qu'est-ce que tu racontes Kaede ? Tu t'es pris du soda dans le visage, tu as déjà de quoi être énervée. Ouai enfin, je m'étais déjà calmée pour ça : je n'étais pas très rancunière après tout. Je déposai délicatement ma main sur l'épaule de ma camarade, souriant chaleureusement en espérant détendre un minimum l'atmosphère, qui était assez tendue je devais l'admettre. Et évidemment, quand c'était tendu à ce point, ça ne me plaisait pas trop. Avant d'élever la voix je ravalai ma salive, comme si ça allait me donner une force quelconque pour pouvoir dire ce que je pensais tout bas.

« Allons allons, je pense qu'il n'a pas réfléchi avant de faire ça et il regrette probablement... on devrait pouvoir le pardonner, non ? »

Tu pleurais. Encore, encore, encore. Et à un moment, tu en avais marre. Pourquoi pleurer alors que tu peux bouffer les cadeaux que tu gardais précieusement dans une boîte au fond de ton sac. Pourquoi pleurer... Tout simplement car il n'était pas là. En étais-tu sûre ? Tu ignorais les brusques cris de certains passants - aux voix que tu reconnaitrais si tu les écoutais - mais tu ne pus faire de même en entendant un oï colérique. « Oï ». Oï. Oï. Oï. Tu levas ta tête, commençant à comprendre. Oï. Cette interjection se répétait dans ta tête et tu n'écoutais pas la suite de la phrase. Le oï qui te ramena à la raison était prononcé avec la voix d'une personne importante. La personne que tu attendais. Ça ne pouvait être que lui. Yeux brillants comme faits de cristaux, faute aux larmes qui n'avaient d'ailleurs pas arrête d'aroser tes joues et qui ont transformé le blanc de tes yeux ainsi que le dessous de ceux-ci en un rouge démoniaque, tu regardais devant toi après t'être retournée. Regard rempli d'espoir et qui cherchait à localiser l'adolescent aux yeux de soleil. Et c'est quand cet espoir te envahissait, quand ta bouche s'ouvrait légèrement et quand tu passas ta main sur ton visage laissant des traces de mascara sur les joues que les lumières colorées du sapin s'allumèrent, faisant briller d'avantage les guirlandes.

Tu clignais des yeux en le voyant. Tu souris comme une gamine qui revoit son père après qu'il soit revenu d'une longue absence. Tu repassas ta main sur les joues, tentant de masquer les zigzags et points noirs que les larmes et les tentatives de sechement de celles-ci ont laissées. Tu avançais d'un pas rapide vers lui, comme par crainte qu'il disparaisse, comme une illusion. D'ailleurs tu craignais vraiment que cela arrive, de toute façon tu étais très proche de la folie à ce moment, alors pourquoi pas. Tu ignoras hautainement le blond, Mitsuki, assez énérvé, Misaki « la collégienne » qui ne semblait pas accepter le gaspillage de soda par rejet de canette et la personne qui venait d'arriver, Kaede, ta charmante élève gourmande et timide mais quand même un peu bête... Dans quelques domaines. Ainsi, la seule chose que tu vis était l'état des vêtements et du sac de ton bien aimé. Il était probablement tombé ; c'était inquiétant.

- Tu es finalement venu !

T'émerveillas-tu une fois assez près pour pouvoir le rattrapper s'il essayait de disparaître. Tu pouvais l'arrêter, même s'il n'était qu'une hallucination due à ta fatigue et ton chagrin. Enfin, tu l'espérais. D'ailleurs, tu n'étais pas en colère, tu n'avais pas l'envie de l'être. Car même s'il avait du retard, il était venu. Et c'était toujours mieux que s'il ne venait pas du tout, non ?

Tu ne pensas pas une fois à ce que la lettre se soit envolée avec le vent hivernal. Ni à ce que cet humain ne vienne pas pour te voir, mais pour d'autres raisons, quelles qu'elles soient. Parce que tu étais puérilement (jenesaispassicemotexiste) naive. Parce que l'amour rend aveugle. Parce que tu avais trop d'espoirs pour y penser. Alors tu lui souriais, tout simplement. Car il se tenait là, devant toi et tu le croyais venu pour ta faible personne. Tu lui souriais d'un air des plus heureux. Un dexplus rares chez toi. Un sourire qui était en soi un trésor perdu depuis des années. Un trésor dont il devrait prendre soin justement pour toutes ces raisons. Un sourire qui allait peut-être durer aujourd'hui, mais pas toute ta vie.

Si tu savais ce que ce dieu que tu honorais et que tu remerciais si souvent prévoyait. Si tu te doutais de l'enfer que tu allais vivre. Si tuavais compris à temps qu'il n'était pas un prince charmant, pas l'homme de ta vie ni tout simplement un être que tu qualifierais de gentil. Si seulement tu étais plus intelligente, plus prévoyante, plus sage, plus concentrée sur tes buts, alors tu ne ferais pas ce sourire sorti tout droit d'un typique manga shoujo à scénario simple et à bonne fin.

Mais est-ce une question d'intelligence ? D'obéissance ? De concentration ? Après tout, personne ne peut tout prévoir ni rester dans sa bulle pour l'éternité, n'est-ce pas ?

« Eh le blond ! Tes parents t'ont pas appris à faire attention à où tu jetais tes canettes ? Tss... » Oh, ça tombait si bien, voilà qu'une gamine te criait dessus au loin ? Pas content comme tu étais, tu allais lui demander de crier de plus près, t'approchant rapidement de la demoiselle afin qu'elle ne puisse pas fuir. Et oui, tu savais que ce genre de personne criait de loin et ensuite se barrait en courant. Ce monde est faible mais tu t'en contre-fiches, te contentant de t'être avancé rapidement. Toujours les mains dans tes poches. D'ailleurs, ça t'avait énervé, le terme ''parents'' était là. Et bordel, tes parents... entre ta mère décédé dans un accident et ton père s'est manifesté et que tu t'es énervé dessus puis que tu n'as jamais vu... c'est compliqué de prendre bien ce mot quand tu n'es pas joyeux. Ça aurait pu aller si tu étais de bonne humeur, le sourire pétillant mais là, ça ne passait pas. « Qu'est-ce-- » ne pouvant finir ta phrase car un autre inconnu s'était incrusté dans ce début de chahut. De toute façon, c'est la fête, tout le monde devrait s'incruster afin de faire un feu de camp et danser la danse de la joie !

« Oi, vous deux. Fermez vos gueules deux secondes. C'est qui, qui a jeté c'te canette? » C'était de l'agression verbale et ça t'avais déplût. Déjà que tu n'étais pas content, si quelqu'un te cherche l'embrouille tu risques de frapper directement même si ce garçon avait l'air plus jeune que toi. Ta canette avait causé pas mal de dégât. Mais qu'est-ce que tu t'en fichais. Tu lâchas un rire moqueur sur la personne qui t'avait agressé verbalement mais sans avoir eu le temps de réagir une autre personne était venu. Allez, allez, venez admirer le fabuleux Mitsuki ! « Allons allons, je pense qu'il n'a pas réfléchi avant de faire ça et il regrette probablement... on devrait pouvoir le pardonner, non ? » Ce qui te faisait de plus en plus rire, c'était ces trois personnes différentes. Entre la gamine qui gueulait parce que tu étais impolie. Le mec qui avait râlé car il.. ok, tu en savais rien. Et l'autre gamine qui était... comment dire. Étrange. Avec un beau trou à son genoux et du soda sur elle. N'est-ce pas fabuleux ? Au moins, ça te faisait rien. Mais de moquerie méchante, pas comme tu es d'habitude. Normalement, tu aurais ris pour rire en te moquant gentiment, mais là tu te moquais méchamment des trois personnes en face de toi. Ça se voyait sur ton sourire et dans tes yeux. Tu n'avais pas envie d'être sympa et pourtant c'est noël.

« Tu es finalement venu ! » Une voix que tu avais déjà entendue s'approchait de toi. Quelqu'un qui t'avait invité à tu ne sais quoi afin de te rendre joyeux ? Tournant ton regard avec le sourire moqueur vers la voix féminine et tu remarques que c'était Norikawa Kaori... remarquant qu'elle n'était pas venu pour toi. Sûrement pour le garçon. Si c'est le cas. Comment une fille si … droite que elle peut sortir avec un garçon qui agresse les gens ? Tu étais sous l'incompréhension mais il y avait une voix au fond de toi. Cette voix était sûrement la voix de la sagesse. Mais que disait cette voix ? "J'm'en fous." répétait-elle. Qu'importe combien d'amis, de connaissances, d'ennemis ou d'inconnus tu croises. Ce n'était pas ton jour et il ne fallait pas t'adresser la parole. Souriant comme un gros connard aspirant l'air frais de cet hiver. Tu t’apprêtais à parler. Tu n'as pas réussi à caler une phrase et tu sentais que c'était le moment. Tes mains tremblaient d'énervement. Il fallait que tu te calmes. Mais on peut dire que pour le moment, aucune de ces personnes ne t'aident. Je pourrais même dire qu'ils ont l'air de t'enfoncer dans ta stupide dépression colérique ?

« Hmpf. Vous me faîtes rire à tous rappliquer un par un. » dis-tu en ricanant stupidement. L'air de connard était en toi. Faisant un pas vers la gamine qui avait râler la première, tu vas tous te les prendre par chronologie. Baisant un peu ta tête afin de pouvoir lui dire quelques mots. « T'as un problème la naine ? Si t'es pas contente va la chercher et me saoul pas. » C'est tout ce que tu trouves à dire pour celle-ci. Ça restait gentil et passable mais ta colère montait. Elle montait de plus en plus et ça allait devenir de plus en plus … méchant. Changeant alors de cible et plaçant ton regard devant le jeune homme. Toujours avec ton sourire mesquin – connard, tu continuais. « Et oui c'est bien moi qui ai jeté la canette, qu'est-ce que tu vas faire petit merdeux ? Me frapper ? Essaye pour voir ça risque d'être amusant ! » Deuxième cible faite. Passant à la troisième cible, plaçant ton regard en face du sien et comme les deux autres personnes, tu avais toujours ce sourire mesquin – connard et tu t'énervais de plus en plus. « Je regrette ? Mais pas du tout, c'est bien fait pour ta gueule ! Tu n'avais qu'à pas être sur mon chemin. » Dis-tu en reculant d'un pas et enchaînant les faits et gestes afin que personne ne t'interromps.

Attrapant l'épaule de la seule personne que tu connaissais, c'est à dire Kaori. Tu la décales gentiment -entre autre- à ta place avec ta main tremblante; toi reculant d'un pas. « Et une réunion amicale ! UNE ! » Tu pouvais paraître joyeux mais tu étais tout sauf joyeux, tu étais très énervé. Tu es étrangement énervé mais qu'est-ce qu'ils pourront y faire. Ta main tremblait encore tu la ranges alors dans ta poche tout comme l'autre. Tu n'avais pas froid. C'était vraiment que de la colère. « Quant à moi, je n'ai plus rien à faire ici. Je ne regrette rien et si ça gêne quelqu'un, je l'emmerde bien profondément. » Laissant deux secondes de blanc, tu conclus tout ça part un « Sayonara. » Et tu tournes dos t'apprêtant à partir. Tu espérais que personne ne t'arrêtes parce que ça risque de mal finir, bien qu'au fond de toi, tu n'as pas vraiment envie de briser le noël de tout le monde. Tu comptes rentrer et t'isoler... c'est sûrement la seule solution que tu trouves afin de foutre la paix aux personnes qui t'entourent. Tout ça n'était qu'un mal pour un bien ? Tu es vraiment une bonne personne malgré que tu ne fasses pas ça très bien.

Elle est pas contente Misaki, on dirait une gamine en colère, de faire ainsi face à un gars qu'elle considère déjà comme un con. Elle juge à peine trop vite et sur un coup de tête la brunette, et elle n'est aucunement lunatique et capable d'être agacée de la même façon. Elle tente de se convaincre d'une telle évidence en tout cas, sachant en son for intérieur que ce n'est là que le contraire de la vérité. Mais la vérité, elle ne l'aime pas vraiment, pas toujours, le mensonge se révélant une solution bien plus confortable pour le quotidien. Tout le monde se cache derrière un masque après tout, sans exception aucune.

Aussi, la demoiselle ne fait pas vraiment attention à ce qui se passe après sa tirade, elle sait juste qu'un gars avec une mèche s'est cassé la gueule, et une partie d'elle vient à regretter presque immédiatement les reproches au blond. Parce que Misaki est stupide, qu'elle a décidé de ne jamais reculer ni fuir, même si la situation le suggère actuellement. Fuir après avoir sorti une connerie, comme ces lycéens qui courent après avoir sonné chez une innocente victime, simplement pour rire un peu et ajouter du piment à la routine, à la triste vie qu'est la leur. Et dire que Misaki est une de ces lycéennes, sans réel but, qui se cherche encore à travers tous les chemins et embranchement que peut offrir une existence. Une hésitation juvénile.

Bientôt une main se pose sur son épaule, lui arrachant un sursaut qu'elle qualifiera de ridicule. Et Misaki prend la tête de l'ahurie en voyant sa camarade de classe, Kaede. Son nom, elle ne s'en souvient plus, mais qui s'en soucie vraiment en sachant qui Misaki appelle tout le monde par son prénom, peu importe l'ancienneté du lien entre deux. Et la blonde lui sourit, un doux sourire chaleureux comme ceux que la petite Misaki aimerait savoir faire, ou du moins simuler.

-Allons allons, je pense qu'il n'a pas réfléchi avant de faire ça et il regrette probablement... on devrait pouvoir le pardonner, non ?

Prenant une moue légèrement boudeuse, la brunette se rapproche de plus en plus de l'image d'un enfant, de par son comportement déjà, mais aussi sa taille, mais gardons ce point tabou. Misaki n'est plus une enfant, plus maintenant. Et de toute façon, les enfants ne dissimulent pas de cutters et ciseaux dans leurs manches.

-Maaaais... Je voulais juste faire quelque chose de bien pour une fois... Enfin bon, si Kaede-chan dit qu'il l'a pas vraiment fait exprès, je peux éventuellement le pardonner... Éventuellement.

Et la brunette détourne un peu le regard, fixant un point aussi imaginaire que la notion d'avenir, au loin, tellement loin que l'Homme ne peut s'en approcher. Et c'est quelque peu embarrassée qu'elle tourne de nouveau la tête vers sa camarade, gamine de son état. Une nouvelle personne arrive sur ce petit théâtre improvisé, une fille aux longues couettes. Misaki la connait surement, mais son nom persiste à rester sur le bout de sa langue. Si bien qu'elle ne fait même pas attention à ce que dit la nouvelle venue, plongée dans une futile réflexion.

-Hmpf. Vous me faîtes rire à tous rappliquer un par un.

Et comme pour illustrer ses dires, le blond ricane, d'une certaine façon le niveau d'agacement de Misaki augmente, malgré ses précédentes paroles à Kaede. Elle tente de rester calme face à une personne qui l'énerve, une chose qu'elle arrive difficilement à faire en temps normal, stupide et puérile Misaki. Elle suit le blond avec son regard quelque peu agressif quand il se décide à s'avancer vers elle, il baisse la tête une fois arrivé à sa hauteur. Et elle sait déjà très bien ce que ce simple mouvement de tête signifie. Il se fout de sa gueule à cause de sa taille, il ne la prend pas au sérieux juste à cause de quelques centimètres, il juge. Et Misaki, ça l'énerve vraiment. Mais en même temps ça lui fait mal, elle se sent inférieure, c'est un peu triste.

-T'as un problème la naine ? Si t'es pas contente va la chercher et me saoul pas.

Elle s'en doutait déjà la jeune fille, mais malgré toutes les préparations qu'elle aurait pu faire, les mots la blessent, plus profodément qu'elle aurait pu le souhaiter. La brunette serre les poings de plus belle et baisse la tête, de honte, de colère, d'un torrent de sentiments qui traverse son petit coeur pas encore assez meurtri semblerait-il. Elle entend distraitement qu'il insulte les autres, réagit légèrement quand il s'adresse à sa camarade sans pour autant bouger. C'est quand il s'apprête à partir qu'elle relève enfin la tête, une certaine haine dans ses yeux verts.

-Déconnes pas avec moi, sale con. T'as insulté tout le monde, c'est bon t'es content ? Les enfoirés qui jugent les gens comme toi sont vraiment les pires merdes. Mais vas-y, casse-toi, va faire chier tes potes si par chance t'en as. La fuite c'est la meilleure solution pour les cons dans ton genre tss.

C'est peut-être vrai pour le blond, mais ces phrases sont aussi vraies pour la brunette, elle le sait, mais de là à l'accepter, c'est une toute autre épreuve. Soufflant un grand coup, comme pour faire passer cet instant de colère passager, de nouveau Misaki se tourne vers Kaede.

-Sorry, les gens comme lui j'peux pas les blairer, et encore moins les pardonner.

Et de nouveau, la jeune fille détourne le regard, pour ne pas voir de quelle façon sa camarade la jugera après de telles paroles. Misaki aussi elle fuit, elle passe sa vie à fuir, c'est un instinct.

Christmas sucks.

Un beau petit monde se rassemblait dans une place incongrue pendant un moment impromptu. A défaut d'avoir une mémoire sélective, son attention se portait principalement sur les autres adolescents, les uns plus bruyant que les autres, beuglant des insultes et des provocations à tout vas. Akio ne mâchait pas ses mots, son honnêteté aussi tranchante qu'un couteau en déconcertait plus d'un. Bien qu'il devait certainement représenter l’archétype d'un sale gosse pourri gâté se prenant pour le centre d’intérêt, le nombril du monde. Or son narcissisme possède des limites, des limites qu'il ne se risquerait pas à survoler. Ses sourcils froncés jusqu'a déformé sa bouille enfantine, sa mèche dorée chevauchant son front plissé ainsi qu'un claquement de langue inaudible renforçant la tension alimentant le sentiment de mal-être, ses mots furent dérobés dès l'arrivée imprévue d'une jeune fille s'exclamant à plein poumons de la présence de quelqu'un— qui n'est autre que lui. D'habitude, il aurait repoussé violemment tout type de personne ayant l'audace de lui parler familièrement mais après une rapide inspection du visage de la demoiselle coiffée d'une longue paire de couettes cascadant ses petits centimètres, le visage de l'adolescent resta de marbre, à un point qu'il ne répondit pas aux salutation de la supposée interlocutrice. Depuis quand s'était t'il vu venir ici de son plein gré? Un rendez-vous? Pas la moindre petite idée. Ou c'était un prétexte pour engager une conversation, ou il a omit un détail, ce qui est peu probable car la seule et unique fois qu'il se remémora de lui avoir tenu compagnie était au sein d'un parc d'attraction, une rencontre qui n'a durée qu'une demi-heure, loin d'égaler soixante minutes.

Le temps de cligner des yeux qu'une main baladeuse rencontra l'épaule de l'adolescente se tenant debout, proche d'Akio. Elle est une connaissance de ce blondinet sans une once de politesse? Bien, des trivialités à oublier sans plus tarder. Sans sourciller il suivit les faits et gestes du blond mentionné qui se permit de faire couler un sourire perfide ainsi que des phrases emplie de venin, de la provocation pure et dure. Oh, ce genre de personnes aimaient bien se la jouer, se donner de l'importance devant des inconnus capables d'en venir aux poings en moins d'une seconde? Incroyablement absurde. Si ça ne tenait qu'a lui, ça ferait belle lurette qu'il aurait céder à ses sautes d'humeurs et qu'il aurait laissé son instinct dicter sa conduite. Le regard limé comme un rasoir, son petit nez expire l'air frigide du mois de décembre après un reniflement grossier. Chercher la petite bête n'est pas conseillé, encore moins face à quelqu'un qui vient de glisser, heurter son dos contre du béton et qui plus est d'avoir mal amorti l'écrasement de ses gâteaux. Cette dispute débuta à cause d'une canette mal lancée. Juste à cause d'une canette et un peu de soda renversé, un coup d'état avait explosé au milieu du centre-ville.

« Quant à moi, je n'ai plus rien à faire ici. Je ne regrette rien et si ça gêne quelqu'un, je l'emmerde bien profondément. »

C'est la goutte d'eau qui faisait déborder le vase. Avant de laisser au garçon âgé une chance de filer, le châtain emboîta la pas, passant outre son indifférence d'antan dès qu'il rasa de près les deux filles, celle qui avait riposté verbalement aux incitations tandis que la blonde arborant des détails semblables à ceux d'un lapin tentait tant bien que mal à jouer le rôle du médiateur. Un véritable échec. Poussant un grognement entre ses lèvres crispées et ses dents grinçant sous chaque centimètres parcouru, une main s'étendit vers la capuche pour la remorquer, stopper net la cadence du mâle qui s'apprêtait à quitter la zone. L'élan prit par le délinquant fut une telle rapidité qu'il failli laisser glisser hors de son libre son paquet de sucreries. Les baskets heurtant pratiquement les chaussures du futur interlocuteur, le jeune ne se fit pas prier pour engager la conversation, sa voix rauque se voulant lourde de sens autant phonétiquement que verbalement, sa poigne de fer ne relâchant pas la capuche liée à personne pourtant toute la culpabilité sur ses épaules. Toute la haine des victimes rassemblés.

❝ Tu te crois puissant à humilier les autres juste par amusant, connard? J'aurais pu être tolérant si tu te serais excuser, mais t'as déconné. J'vais te faire bouffer l'endroit que ta canette a frappé. ❞

Menace-t'il d'une voix implacable, ne relâchant pas son emprise. Il tenait à voir si le blond agissait, si il était assez courageux pour se retourner et lui faire pivoter le visage dans un angle défavorable sous la force d'un coup de poing. Et ce n'était pas un trio de filles qui avait la capacité de stoppé un garçon aussi agressif et bourru qu'un lion affamé.

La moue boudeuse de Misaki était tout simplement adorable. Le fait qu'elle accepte de se calmer et de lui pardonner comme je l'avais proposé me faisait vraiment plaisir, parce que cela signifiait que j'avais été suffisamment convaincante dans mes paroles de personne 'sage'. Ayant décidé de ne pas gâcher l'atmosphère chaleureuse de Noël en m'énervant et en lui hurlant toutes sortes de jurons, j'étais restée composée et... ça avait porté ses fruits ? Comme quoi, Noël pouvait réellement faire des miracles. Pas toujours au moment où il le fallait, mais tout de même ! Peut-être l'ambiance pourrait-elle s'apaiser à présent ? Ce serait génial. Parce que moi à la base si j'étais sortie c'était pour me remonter le moral parce que fêter le réveillon avec mon oncle était devenu impossible à cause de son travail... quelle idée de travailler un tel jour aussi ! Enfin bon. Je ne comptais pas non plus me lier d'amitié avec ces gens, surtout que ma dernière rencontre avec le gosse à la chevelure bizarre ne s'était pas très bien passée et que le blond n'avait pas l'air de très bonne humeur, mais au moins je pouvais me montrer compréhensive car s'ils étaient dehors c'était qu'ils ne devaient pas avoir grand chose à faire. Et puis il y avait Misaki, peut-être qu'elle aussi était seule et avait ressenti le besoin de se consoler avec les lumières festives de la ville ?

Soudain une voix s'éleva au milieu de la foule ; une que je ne connaissais que très bien : il s'agissait de celle de ma professeure personnelle, Kaori. Que faisait-elle ici ? Et pourquoi sautait-elle au cou de ce... de ce... délinquant ? J'étais subjuguée, observant la scène avec effroi. Elle qui avait l'air étrange ces derniers temps... c'était à cause de lui alors ? Elle était tombée amoureuse de lui ?! Elle était tombée bien bas, vraiment. Ou alors il l'avait menacée. Ça ne pouvait être que ça, n'est-ce pas ? Mon regard se posa sur lui, étant un peu désemparée face à la situation : je cherchais à conforter mon idée. Néanmoins il n'avait pas réagi plus que ça, il n'avait pas spécialement l'air heureux de voir son 'toutou'. Cela signifiait alors qu'il n'était en aucun cas conscient des sentiments de mon amie ? Pourtant c'était tellement évident, ça crevait les yeux ! Il n'avait de ce fait pas prémédité le cours des événements, et il n'était pas responsable des sentiments de la rouge. Que lui était-il arrivé alors, pour que son cœur se tourne vers lui ? Peut-être était-elle masochiste depuis le départ et je n'en savais rien. Peut-être se connaissaient-ils d'avant et avaient une bonne relation. Dans tous les cas je n'approuvais en aucun cas son choix et si nécessaire je ferais tout pour l'éloigner de lui.

Alors que mon regard était rivé sur ses joues rosies par les larmes où se trouvaient quelques traces de mascara, le blond commença son long discours de moquerie qui sembla énerver plus d'un. Misaki et l'autre délinquant ne semblaient pas très heureux à l'entente de ces paroles et je pouvais parfaitement les comprendre, car moi-même cela m'agaçait un peu. Le fait qu'il ait passé une soirée de merde n'était pas à rejeter sur nous, après tout nous n'avions rien fait : c'était lui qui avait commencé à chercher les ennuis. Certes il n'avait pas fait exprès de nous attaquer avec sa canette, mais j'avais fait l'effort d'essayer de calmer les choses et lui, qu'est-ce qu'il faisait ? Il en rajoutait une couche, bien entendu ! En nous envoyant balader un à un. Résultat je n'avais plus envie de faire un effort, Noël ou pas j'avais clairement envie de lui coller mon poing au visage. Au moment où il tourna les talons je vis Misaki s'énerver après lui, écoutant ce qu'elle avait à dire : c'était tout ce que je pouvais faire après tout. À peine eut-elle le temps de terminer sa phrase que le jeune homme précédemment insulté attrapa le blond par la capuche afin de l'empêcher de prendre la fuite. La châtain finit par se tourner vers moi après avoir soufflé un bon coup.

« Sorry, les gens comme lui j'peux pas les blairer, et encore moins les pardonner. »
« Ce n'est pas grave, ça peut se comprendre. Par contre... » je m'approchai du délinquant avant de poser ma main sur son épaule, toujours aussi neutre. « C'est une perte de temps de répondre à son caprice. Tu sais très bien que c'est ce qu'il attend ; se faire frapper. »

Juste après je retirai ma main, toisant le blondinet du regard pour l'analyser. Il avait cet air hautain qui ne me plaisait guère, mais il tremblait sous la colère. Tant de faiblesse avec pourtant des mots si violents, n'était-ce pas pathétique ? J'aurais laissé couler s'il avait gentiment daigné s'excuser, mais il s'était permis d'enfoncer toutes les personnes présentes alors qu'il était celui qui avait déclenché cette histoire en lançant sa cannette. Et puis, il avait osé me dire que je n'avais qu'à pas être sur son chemin ! Ce n'était pas comme si j'avais réclamé de me faire asperger de soda moi hein, peu importe à quel point j'aimais en boire. Pour pulvériser un troll, ce qu'il suffisait de faire, c'était de lui répondre par violence verbale en le prenant de haut, parce qu'il n'apprécierait probablement pas. Honnêtement je n'en avais plus rien à faire de ce qui pourrait arriver désormais, il pouvait me frapper, m'insulter je n'en avais plus rien à faire : dans tous les cas je conservais mon ego surdimensionné, ma fierté que j'avais toujours cherché à protéger. Et ce n'était certainement pas un morveux dans son genre qui me la détruirait, peu importe à quel point il essayait.

« Écoute ce n'est pas parce que tu passes un Noël de merde, que tu as une vie de merde ou un truc de ce genre que tu dois t'en prendre aux autres. Honnêtement ça fait plus pitié qu'autre chose. Tu te sens bien, à provoquer les passants ? Ça te ravit ? Tant mieux pour toi. Mais ne nous entraîne pas dans tes ennuis veux-tu. Défoule-toi sur quelqu'un d'autre. » je m'arrêtai quelques secondes avant de marmonner en riant légèrement. « Hahaha Noël de merde sérieux. »

HRP:

» Merry Christmas !
» this christmas i give you my heart ♥ Kaori
» { ▊♔ Akio vs Kaori.│Rencontre fortuite au milieu des jeux
» You should be quiet in a graveyard. [Akio;Kaede]
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