◄Stalking et manipulation l Asa ↔ Akio ↔ Kaori ►

I have a babysitter now?

La froideur hivernale n'est pas prête d’atteindre Akio, qui se prélassait dans la salle de sa classe, sa place proche du chauffage. Un silence royal règle dans la classe, seulement des cliquetis provenant des stylos osent perturber la tranquillité. La fin de l'après-midi fut consacré à un contrôle d'Histoire-Géographie. Fort heureusement la quasi majorité des élèves eurent la bonne idée de réviser au préalable, ce dont le délinquant exécuta sans plus de cérémonie. Oui, il révise, aussi surprenant que cela puisse paraître. Il étudie uniquement ce qui suscite son intérêt, attise sa curiosité. Heureusement l'Histoire est dans ses cordes, une des seules matières qu'il maîtrise moyennement. En moins de quarante-deux minutes sa fiche retournée accueillait le soleil traçant des fines lignes à travers les carreaux. Dix-huit minutes d'attente sans fin, dix-huit minutes d'ennui où son nouveau passe-temps est de se divertir avec son stylo quatre couleurs, le mâchouillant, le faisant tourner entre ses doigts avant de se pencher sous sa table pour le ramasser. Une technique qui fait ses preuves puisque le temps s'écoula en une seconde. Ou presque, le châtain ne vit pas le temps défiler.

A peine la sonnerie résonne dans l'enceinte du gigantesque bâtiment, il agrippa son sac à la vitesse de la lumière, passant près du bureau de son professeur en se contentant de déposer son contrôle à l'extrémité du meuble sans prendre la peine de dévisager l'adulte où lui adresser une politesse. Pressé de rentrer chez lui—. ah non, c'est vrai, il est sous la contrainte de passer la plupart de ses soirées en compagnie d'individus qu'il ne peut pas supporter et encore moins engager une discussion civilisée. Tenant son sac d'une épaule, son corps affaissé marche en direction du portail, le regard hagard. Serait-ce judicieux de sauter une réunion? Ou d'esquiver une mission afin de se poser sereinement pendant trente secondes? Bien sûr que non, aussitôt il se relaxerait que son domicile sera encerclé par les flammes, un rire strident et perfide résonnant de l'extérieur. Nul autre que ce cher leader qui est absolument sans scrupules et prêt à tout pour faire régner sa loi, aussi tordue soit-t'elle. En fin de compte l'idée d'échapper à un rendez-vous est vite ignorée, cette idée pourrait lui coûter la vie. Pas sûr d'être assez puissant pour tuer à un un ses opposants détenant un eye-ability, le plus favorable est de jeter l'éponge.

Soufflant sur une mèche camouflant sa vision, les yeux prirent une expression différente de la morosité, une émotion qui ne collait simplement pas à la couleur onctueuse du miel. Une pigmentation représentant quelque chose de doux, de raffiné, de distingué— ce que n'est pas Akio. Brusque, rustre, vulgaire et hautain comme pas deux, il est aux antipodes du teint qu'il porte actuellement. Une fois son champ de vision éclairé, une silhouette élancée se tenait debout proche de la sortie. Une allure sexy, magnétisant la tentation, l'érotisme. Une telle aura qui laisse l'enfant de marbre, extrêmement indifférent. Il est insensible, peu intéressé en ce qui concerne le physique d'autrui et il est terriblement dense. La nature ne l'a pas gâté sur ce point. Arquant un sourcil, l'adolescent redresse sa physionomie, non pas par signe de politesse mais plutôt pour éviter un torticolis. La colère imprimée sur les traits faciaux du mâle, ses lèvres se retroussent doucement, un soupir de lassitude s'extirpe hors des poumons. Devoir se faire escorter est une honte en soi , si il savait qu'une autre jeune fille l'espionne non loin.. Il est suffisamment paranoïaque avec ses soucis personnelles, il n'a pas besoin de recevoir du stress supplémentaire.

❝ Tu fiches quoi ici? On me traque même au bahut maintenant? ❞

Réplique-t'il d'un ton nonchalant, se voulant acerbe.

I have a babysitter now?

Il écoutait à moitié la brunette, son attention distraitement portée sur un salon de thé qui venait d'ouvrir il y'a une semaine et demie. C'était bien sa veine de se faire escorter par une femme jouant de ses charmes. Elle laissait patois les pauvres collégiens prépubères, elle faisait clairement de l'effet sur les garçons croisant son regard, à l'inverse du châtain ne réagissant pas. Il reste aussi expressif qu'une pierre, émettant un soupir illustrant son ennui. Soit, il n'a pas son mot à dire dans cette histoire, son rôle est secondaire et se contente d'assister le commandant de bord. Tant que la mission est rapide et ne requiert qu'un effort minimal. Les semelles des chaussures éraflent bruyamment le bitume, un vague hochement de tête opine en direction d'Asa. Tout est bon pour limite le contact à quelques mots, les longues discussions ne sont pas son fort— pas avec des gens qu'il ne porte pas dans son cœur.

- Si ce n'était pas pour une certaine mission sache que je ne n'aurais même pas pris la peine de me déplacer.

❝ Hm. ❞

Cause toujours tu m'intéresses aurait mieux marché qu'un simple 'hm'. Il a préféré l'abstention, laissant le champ libre à Asa de badiner autant qu'elle le souhaites, lui-même étant bien trop préoccupé par ce qu'il va déguster ce soir, avec le maigre 'salaire' qu'il touche. Travailler pour un groupe terroriste était supposé rapporter un paquet d'argent—dans les films d'action. La réalité est trop cruelle, d'imposer une routine désagréable. Forcé de socialiser, sous la contrainte d'être proche des inconnus dans le but d'accomplir ses missions. malheureusement rare est de le rencontrer de bonne humeur, sous cette chaleur printanière il n'espérait qu'une chose. Rentrer chez lui et dévorer quelque chose de frais et sucré. A croire que le monde entier s'est ligué contre lui pour l'empêcher de prendre du bon temps une fois les séances éducatives terminées. Ne lui restant que le plaisir de se plaindre à voix haute, il ne se gêne pas à démontrer publiquement ses mauvaises manières ainsi que son sale caractère insupportable.

- Eh t'attends quoi … Tu veux quand même pas que tout le monde soit au courant pour « nous » ?

Une grimace déforme sa physionomie dès que la voix sensuelle de la femelle brise le paisible silence. Est-ce trop demander de pouvoir éterniser dans sa rêverie enrobée de viennoiseries. C'est avec plaisir qu'il s'autoriserait à faire un minuscule détour vers le magasin en question, cependant le destin en a décidé autrement et il se voit forcé de suivre les pas de son aîné, de gré ou de force. Quant à sa question, la réponse semblait évidente à point qu'il se demandait pourquoi il s'apprêtait à gaspiller sa salive sur une répartie inutile. Un grognement chargé de dédain suffit à faire tourbillonner sa langue collée au palais, il desserre les dents de mauvaise grâce.

❝ Je m'en tape. C'pas comme si on risquait de se faire chopper maintenant. ❞

La confiance en soi est une qualité, Akio en est le parfait exemple. Confiant et effronté, son tempérament est fréquemment relaxé en ce qui concerne le travail quotidien. Étonnamment malgré ses péripéties, il n'arrive pas à s'habituer aux événements imprévus. Depuis un certain temps, il est comme qui dirais à cran. Sur ses gardes et à la limite de la paranoïa, son humeur s'est corrodée de jour en jour. Paniquer d'une seconde à l'autre ne lui ressemble pas, hélas l'ambiance se voulait pesante et affreusement  instable. Il ne put s'empêcher de jeter une œillade dans les alentours tout en suivant son interlocutrice,  le visage penché en biais. Peut-être est-t'il excessivement sur ses gardes, peut-être que prévenir Asa n'en valait pas la peine. Pourtant ce sentiment de malaise, d'être épié ne se dissipait pas au fil des mètres parcouru. En fin de compte il n'eut pas besoin de s'arrêter en premier puisque la demoiselle stoppa sa promenade dans un premier temps, établissant pour la seconde fois un contact visuel.

- Bon écoutes, on règle l'affaire rapidement et on se casse d'acc? On doit térriser des racailles qui veulent prendre notre QG ou un truc du genre, bref peu importe … Du moment que c'est pour lui ça me fait chier.

Tenté d'ignorer l'avertissement, son champ de vision se détourne brusquement des reflets pourpres. Il dévisage les coins de l'avenue, analyse chaque centimètre du périmètre. Rien, pas un chat, pas un passant. Le manque de glucose serait la raison de sa méfiance constante? Ça serait stupide et problématique. Il se sentait ridicule de s'être noyé dans une angoisse explicite jusqu’à ralentir sa cadence— toutefois mieux vaut prévenir que guérir, il préfère poser les cartes sur table maintenant et confesser doutes. Au pire, l'adulte lui rira au nez. Au mieux, elle deviendra prudente.

❝ Ouais, ouais. Mais attends une seconde, tu— ❞

Coupé en plein milieu de sa phrase par une force inconnue magnétisant son bras, son équilibre vacille en un clin d’œil. Trois pas exécutés verticalement, son épaule entre en collision avec celle d'une petite stature. Pris au dépourvu, l'adolescent ne réagit pas instantanément, son cerveau n'avait pas transmis l'ordre de s'échapper de ce piège affectif. Les mots lui manquèrent, un sotto-voce "Huh?" en guise de réponse fleurit sur le bout de sa langue.

- Je t'attendais ! Comment s'est passée ta journée, Akio-san ? ~

Cette voix, cette intonation mielleuse— pas possible. Pas elle, pensa instinctivement le jeune garçon. Nul besoin d'un nom pour se faire une identité sur la personne, le timbre de la voix indique clairement de la familiarité à outrance ainsi qu'une envie incontrôlable de ne pas lâcher sa cible. Il reprit ses esprits aussitôt le mot 'Akio-san' transperce inattention, le ramenant à la réalité. Sa main vient se plaquer contre ladite épaule, retirant sans ménagement la main harponnée sur la manche. Une aura menaçante défigurait à moitié sa physionomie, les pupilles exorbitées fixèrent une brunette coiffée de deux couettes. Les souvenirs s'enclenchent et fournissent la réponse à la question auquel le châtain ne s'était posé que maintenant.

Qui est cette fille?

❝ Toi..! D'où tu me parles familièrement?! Me touche pas! ❞

Réaction virulente envers une approche impromptue. Inutile de préciser qu'il craignant la prochaine réaction d'Asa, qui était une spectatrice et potentiellement une rapporteuse prête à détruire ou faire empirer sa réputation.