l'argent (ne) fait (pas) le bonheur, apparemment ••• mitsuki & sakutaro.

▬ Quelle galère tout ça...

Tu secoues ton dernier paquet de cigarettes, désormais vide après avoir pris la dernière, tu l'allumes et jette le paquet dans le vide, tant pis, au point où on en est, un de plus un de moins, ça ne changera pas le monde. Tu prends une bouffée profonde et te souviens que tu n'as plus d'argent, ça risque de devenir compliqué de vivre sans clopes. Déjà que tu es assez bouillant de base, tu t'énerves encore plus facilement sans ta dose de nicotine, quelle tristesse... Quelle idée de consommer des substances toxiques aussi chères! Tu as l'impression que bientôt, ça vaudra plus cher qu'un logement. Peut-être que l'argent dépensé en nicotine aurait pu te payer un logement, qui sait! Mais tu n'as vraiment pas envie de calculer ce genre de trucs inutiles, ce qui est fait est fait et tu ne peux rien y faire après tout, tant pis! Puis maintenant, si tu arrêtes de fumer, ça va te foutre sur les nerfs (littéralement?) et tu risques de mal finir. Et puis si ce n'est pas pour les clopes, ça sera pour autre chose sauf économiser, cette action te semble inconnue, même lorsque tu essaies, tu te dis « Oh, si je n'utilise que ça...! » jusqu'à-ce que tu ne finisses avec que des paquets de bonbons vides dans tes poches; c'est triste.

Du coup tu vas avoir besoin d'un nouveau paquet. Sauf que tu n'as plus de sous. Et qu'est-ce qu'on fait quand on veut quelque chose mais qu'on est pauvre? On rackette! Est-ce que c'est l'argent et les cigarettes où est-ce que tu prends une victime qui ne fume pas mais avec beaucoup d'argent? Quel dilemme— de toute façon tu ne peux pas deviner qui est qui, puis il n'y a pas trop de monde à cette heure-ci... C'est agréable, tu peux apprécier le joli coucher de soleil sans ennuis—tu passes trente bonnes minutes sur le toit d'un bâtiment, les jambes se balançant dans le vide, cigarette à la main et poumons brûlants. Tu aimes bien la couleur orangée des nuages, c'est sympa tout ça tout ça.

La lune commence déjà à se montrer lorsque ta cigarette se désintègre. Long soupir désespéré, tu escalades un peu pour descendre de là (cinq mètres de hauteur ce n'est pas rien) et scrutes le paysage en quête d'une potentielle victime. Pas une fille, c'est trop faible et généralement ça n'a pas de cigarette donc c'est pas drôle. Un fils à papa si possible, c'est toujours pété de tunes ces ordures. Tu vois un blond pas loin mais tu ne la sens pas trop bien, bizarrement. Et quand il en vient à prévoir des choses, tu as toujours raison, donc bon... Tu préfères ne pas toucher à ce type. Et non loin de lui se trouve donc un joli fils à papa, coucou toi que tu penses. Quel âge il a, quatorze, quinze ans? Haha, il est tout jeune, tu vas pouvoir le traumatiser, tu vas pouvoir le voir se pisser dessus, ça va être drôle tout ça.

Alors tu t'approches tranquillement de ta cible en t'étirant, un sourire mesquin sur ton visage. T'as l'impression que ça faisait huit ans que tu n'as plus fait ce genre de choses, c'est toujours très excitant! Lorsque tu es juste derrière lui, tu poses tes mains sur ses épaules avec un « Bouh! », ça fait direct son effet et il se retourne. Il n'est terrifié qu'une pauvre seconde parce qu'après tout, voir un type habillé tout de rose ce n'est effectivement pas très effrayant. Mais pas grave! T'as pris l’habitude après tout. Tu ne sais pas s'il voit que tu as vingt ans et tu t'en fiches, tout ce qui importe c'est qu'il te donne de l'argent. Il semble confus par ce que tu comptes faire puisque tu ne sembles pas lui vouloir du mal; hahaha. C'est ça que tu aimes bien, ton apparence tout en rose inspire confiance aux autres, on dirait que tu es imprévisible du coup, c'est drôle.

▬ Salut salut! Moi c'est Sakutaro, et tu vois, je suis un peu en panne d'argent! J'ai plus rien dans mes poches, tu montres un sourire sordide, peut-être que tu pourrais me dépanner?

Puis finalement il se met à trembler de tout son être, ce qui te fait lâcher un petit rire satisfait. Tu tends ta main, attendant l'argent en tapant du pied.

▬ J-J'ai pas d'argent, s'il vous plaît, laissez-moi—
▬ Allons allons, tu sais autant que moi que tu as ne serait-ce que cinq mille yens, ça se voit sur ta tronche!
▬ Je vous en pris, je vous jure, j'ai rien—
▬ Mais qu'il est lourd, je vais devoir fouiller!
▬ Attendez—!

Mais non, tu vides ses poches, son cartable et tout endroit où l'on peut potentiellement caché un porte-monnaie. Et jackpot, il se trouvait dans la poche devant de son cartable—celle que l'on n'utilise jamais en générale. Tu secoues ta trouvaille et trouve plusieurs pièces de cinq cent yens et deux beaux billets de deux-mille yens. Aha!

▬ Je le savais! Dis-donc, ça se fait pas de mentir à son aîné, j'ai vingt ans!
▬ S-S'il vous plait—s'il vous plait, de l'aide...

Hahaha! De l'aide! Comme il est drôle, il n'y a plus personne à cette heure-ci! Tu comptes l'argent et voit un total de neuf mille yens! Woah, t'en as pour un moment avec ça, trop bien! C'est vraiment un gosse de riche, tiens... L'odeur de l'argent te fait toujours autant d'effet et le petit attend toujours de l'aide, quel abruti.

C'est en cette journée balade que tu marches pour rentrer chez toi. Ahah, n'est-ce pas fabuleux ? Sac-à-dos sur le dos. Journée scolaire close. Très, très bien tout ça. Tu avais hâte de rentrer chez toi car tu étais épuisé de cette journée. Une journée remplie est toujours une journée épuisante. Donc, tu n'as qu'une envie, c'est de rentrer, t'affaler sur le canapé et regarder des émissions de TV aléatoires. Genre, tu sais, le mec flemmard que tu fais rarement, tu zappes les chaînes en ne faisant que ça. La détente totale quoi ! Mais la route te semblait bien longue, espèce d'étourdie, tu as oublié de tourner ou alors tu as tourné au mauvais endroit. On se demande comment tu peux encore te tromper ? … Tu avais sûrement la tête ailleurs. Oui, c'est sûrement ça. Donc au final, tu connais pas cette rue. M'enfin... elle ne te dit absolument rien. C'est bête n'est-ce pas ? Alors tu essayes d'aller quelque part là où tu connais. Tu marchais en voyant le beau couché de soleil. Et la lune pas très loin de là. Il devait déjà être tard... pendant combien de temps tu as marché ? Alors, là. Tu en avais absolument aucune idée. Tu étais si fatigué de cette journée, que ça t'a étourdie. Ah... cette 3-F. Elle t'en fera voir de toute les couleurs. Et encore ! Ce n'est que le début de la rentrée, tu as du voir le début des couleurs et pas encore l'arc-en-ciel. Bientôt les licornes vont voyager dans cette classe et tu trouveras ça complètement normal. Mais enfin! Tu continuais de marcher quand tu entends des petites voix. Tu ne t'en préoccupent pas. Tu continues.

▬ J-J'ai pas d'argent, s'il vous plaît, laissez-moi—
▬ Allons allons, tu sais autant que moi que tu as ne serait-ce que cinq mille yens, ça se voit sur ta tronche!

Et non, voilà que ça te faisait chier. Tu ne voulais pas intervenir. Tu avais la flemme là. C'est trop chiant de jouer le pseudo-super-héros. Mais d'un coup tu t'arrêtes de marcher... Tu te revois dans le passé en train de te faire racketter et frapper. Tu voulais qu'on t'aide et personne t'a aidé. Tu voulais cette aide... tu voulais cette aide autant que ce garçon qui devait être jeune. Tu n'as pas vu un seul des visages, mais ça s'entend qu'il est jeune. On peut facilement le reconnaître n'est-ce pas. Alors maintenant, qu'allais-tu faire, entre une voix qui te dit ''aide le, tu auras aimé qu'on t'aide toi'' et une autre qui pleure ''MAISON!!'' tu ne sais plus quoi faire alors tu t'arrêtes pendant un petit laps de temps. Mitsuki.exe a cessé de fonctionner.

▬ Je vous en pris, je vous jure, j'ai rien—
▬ Mais qu'il est lourd, je vais devoir fouiller!
▬ Attendez—!

De toute façon, tu n'avais plus trop le choix. Si tu passais à coté en mode ''salut salut, j'm'en bats les steaks'' ça fait connard et faible. Tu n'es pas faible toi. Tu es fort maintenant. C'est bien là une raison de l'aider. Ce type est seul en plus, il ne doit pas être si fort que ça ? Quoi que... il n'a pas l'air cliché. Il faut quand même s'en méfier. Il n'y a que les clichés que tu sous-estimes. Tu commences à tourner de rue car elle était juste à coté et tu voyais la petite silhouette des deux garçons. Il n'était pas si loin que ça en fait. Tu pensais qu'ils étaient à la rue d'à coté, mais non, encore plus proche. Tu t'approches alors sans hésiter, tu laisses tomber ton sac de ton épaule pour le tenir avec ta main pour le poser après.

▬ Je le savais! Dis-donc, ça se fait pas de mentir à son aîné, j'ai vingt ans!
▬ S-S'il vous plait—s'il vous plait, de l'aide...

Calme, calme, Mitsuki arrive. Mitsuki approche. Tu vois enfin à quoi ressemble les deux types. L'autre a vraiment vingt ans ? Deux ans d'écarts avec toi. Ça ne fait aucun différence. L'autre quoi... ? Quatorze ? Treize ? Il avait la tronche des mecs qui ne savent pas se défendre, des mecs qui se font persécuter. Ton ancien toi resurgit encore. Ce n'était qu'un faible lui. Il ne faut plus penser au passé. Le passé, c'est maman, papa, toi qui te fait persécuter, la mort de papy et tout plein de mauvais souvenirs que tu n'as pas vraiment envie de t'en souvenir... Mais il fallait par ailleurs que tu agisses, tu ne pouvais pas laisser ça comme ça. Mais que pouvais-tu dire à ce mec ? Toi, t'as une paire de couilles, c'est sûr déjà. « Et t'es fier ? » C'est tout ce que tu dis en regardant le racketteur. Il allait sûrement se foutre de ta gueule en mode ''tu vas faire quoi?'' enfin, tu voyais ça comme ça. Tu espères quand même qu'il rende l'argent du type et que tu te barres ensuite. Mais ça, ça serait quand même étonnant.

Ça te fait trop rire, de le voir désespérer pendant que toi tu te marres trop en promenant le porte-monnaie devant ses yeux. Ah, d'ailleurs, tu devrais juste garder l'argent, parce que s'il manque le porte-monnaie, ça va poser un problème... pour lui. Puis tu pourras plus lui reprendre de l'argent, quand il récupérera neuf mille nouveaux yens. Haha ! Tu lâches un petit rire satisfait de ta connerie. Neuf mille yens putain—ça te semble énorme comme somme ! Tu as l'impression de n'avoir jamais vu autant d'argent de ta vie—et ce gosse ne dépasse pas quinze ans ! Tu n'as jamais eu d'argent de poche, toi, quelle chance... Mais neuf mille, ça ne fait pas un peu trop ? Pas pour toi en tout cas, on s'en fout de sa vie, tant que t'as ton fric de toute façon, tout va bien ! Tu fais éclater une bulle de chewing-gum quand tu vois le blond de tout à l'heure se ramener. Et merde... C'est pour ça qu'il t'inspirait pas confiance, pff. Ça va te casser les couilles maintenant, merveilleux ! Tu pousses un très long soupir intérieur pendant que le petit semble se remettre à ressentir la joie et tous les sentiments qui vont avec. Quelle galère... Tes yeux gris se posent sur le regard assuré de l'auto-proclamé sauveur. Quelle bande de cons, ces types. Tu sais pas si tu peux pas te les encadrer parce que c'est contre toi qu'ils ont une dent ou si c'est juste parce que leur ~justice~ te dégoûte profondément.

▬ Et t'es fier ?
▬ Carrément, ouais !

Fier de ta connerie, ouais ! En même temps, quelqu'un qui fait ça sans être fier c'est... une tapette ? Ou un abruti fini, à voir. Tu jongles avec le portefeuille du gamin, te retournant complètement pour faire face au blond. Avec sa mèche rousse là, haha, il croit que ça lui fait un genre cool peut-être, c'est assez... stupide (dit celui avec du rose partout, sur les cheveux). Qu'est-ce qu'il va te faire de toute façon ? Il est plus jeune que toi, visiblement, et (très légèrement) plus petit que toi, il a un sac sur lui... C'est très probablement un lycéen, alors. Ça va être facile de le dégager, alors ? Enfin, ça dépend, il y a des fourbes parfois, et celui-là n'a pas l'air bien innocent—sinon il ne se serait pas ramené, tu me dira.

▬ C'est pour ça que je la sentais pas avec toi, huh—

Tu te murmures à toi même par la suite « Quelle galère tout ça... ». Ça ne t'arrange pas, d'avoir de petits imprévus comme ça, surtout que se faire arrêter à cause de ce genre de petites choses banales c'est vraiment relou. Tu jettes un petit coup d'oeil au gamin à tes côtés, qui n'arrive visiblement pas à se rassurer malgré la présence de... ce type, puis finalement tu soupires, découragé.

▬ Bon, maintenant que je suis terrifié de ta présence, qu'est-ce que tu comptes me faire ?

T'as l'air tellement blasé, il doit se sentir blessé ou humilié, ou quelque chose comme ça, peut-être inutile ? Tu t'en fiches, tu veux juste qu'il se casse sans te casser les couilles, et si possible en te laissant l'argent (c'est pas « si possible » d'ailleurs, c'est obligé qu'il te laisse garder le fric, il n'a vraiment pas le choix, sinon ça va mal partir et il risque d'avoir un cocard, comme ça serait dommage hein, de ne plus avoir la côte auprès des filles parce qu'on s'est pris un coup de poing violent par un type tout en rose)(si personne le sait c'est toi qui le dira ! Après tout, il n'y a qu'un seul lycée à Mekakucity et faire courir des rumeurs n'est pas bien compliqué) (et tu passerai crème à l'intérieur, probablement). Tu tapes du pied, un peu agacé par le temps que tu es en train de perdre.

▬ T'inquiètes, tu n'arrivera pas à m'enlever le fric de mes mains donc calme-toi ! Juste, évite de me faire chier trop longtemps ? J'ai pas que ça à faire, moi ! Je suis bien plus occupé que j'en ai l'air!

Bien sûr, on te croit tous, peut-être qu'il va gober le mensonge, après tout, il ne te connaît pas—et tu ne sais pas trop à quoi les gens pensent quand ils voient ton rose omniprésent—probablement que t'es gay connerie du genre. Pff—j'te jure, les préjugés, c'est pas sympa... T'as juste envie de t'éclater eh, mais là n'est pas la question, bien sûr. Avec la tête de blasé que tu montres en ce moment, peut-être que tu as l'air juste vraiment lassé de ce que tu as fait aujourd'hui, c'est-à-dire vider ton dernier paquet de clopes. Ce qui est, comment dire, extrêmement énervant ? Comme pour tous les fumeurs, ne plus avoir de quoi fumeur est pire que de ne plus rien avoir à manger ou boire—c'est triste. Heureusement pour toi, ce collégien est assez généreux pour t'offrir ses neuf mille yens !

▬ Qui plus est, ce gentil petit garçon s'est proposé pour me dépanner ! Tu te fais de fausses idées, tu sais!, tu lèves les yeux vingt secondes et après pose ton regard vers le petit, en le forçant à agréer, N'est-ce pas?

Terrifié, il hôche la tête mais on voit bien que c'est de la comédie—quel mauvais acteur ! C'est assez problématique pour le coup... Tu tentes quand même le tout pour le tout et repose ton regard sur les yeux aussi blonds que ses cheveux du soit-disant justicier. Il ne va tellement pas te croire, mais bon... Qui sait... !

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