{ ▊♔ Akio vs Sakutaro.│Hurting a wanderer with a bag

A worm like you should sleep in a trash can.

Le vendredi après-midi est réservé aux activités, parfois à faire les devoirs de la semaine prochaine en avance. Le vendredi est considéré comme une libération auprès des étudiants. Et Akio était littéralement plongé dans le bonheur dès que la sonnerie de fin de cours retentit. Il se rua à la sortie du collège, les grilles d'ores et déjà ouvertes. Le sac à peine installé sur une épaule, il prit une grosse bouffée d'air dès qu'il fût loin de l'établissement. Bien, maintenant, il ne pouvait pas encore emprunter le chemin du retour. Non, il avait des choses à faire au centre-ville. Loin des banlieues, loin du QG de l'Akame Dan, loin de ce qui est susceptible de devenir une nouvelle source de conflit. Sous en poche, le moment concorde parfaitement avec la météo actuelle. Rien ne vaut une bonne crêpe avec des fraises et de la chantilly. Une sucrerie avant de retomber dans la routine quotidienne. C'est ce qu'il pense à peu près tout les jours. Malheureusement il sait qu'intérieurement, cette sérénité est factice. Tôt ou tard, il sera prit dans une embuscade ou quelque chose du  même genre. A force de vivre une vie bordélique, la paranoïa commence à faire son effet sur le pauvre cerveau de l'adolescent.

Quoi qu'il en soit, il profite de son temps libre, de son répit. Rare est de constater qu'il ne représente pas un mauvais présage. En effet, il est souvent la cible des rumeurs sur twitter ou simplement une sorte de défi que les bas délinquants des ghettos se lancèrent pour démontrer leur courage. Au moins ça prouve qu'Akio est en quelque sorte important, qu'il rajoute malgré lui du piquant dans la vie des autres, selon les points de vue. Il ,n'a jamais médité à ce sujet il n'y songera probablement jamais, puisque ses réflexions sont systématiquement redirigées vers son péché mignon. Les pâtisseries. Aussi détestable et  odieux qu'il est, il conserve une part d'innocence en ce qui concerne les confiseries. Le visage s'adouci à chaque bouchée de crêpe, ses pas le guidèrent allègrement vers le parc. Passer le reste de l'après-midi assis sur un banc, protégé par l'ombre d'un arbre, est une excellente idée. L'endroit idéal pour faire ses devoirs— Akio comptait travailler, en dépit d'avoir la flemme constante d'étudier correctement. Même si il est un voyou, craint par la plupart de ses camarades de classes et professeurs, ce qu'il redoute le plus est les heures de colle interminables. Fini la relaxation, être enfermé dans une pièce austère jusqu’à dix-neuf heures avec des piles de documents à ras bord l'oblige à être consciencieux.

S'asseyant comme convenu sur un banc dont il ne jugea pas l'utilité de vérifier si il était occupé, son poids tout entier s'avachi sur le bois, son bras jetant avec désinvolture le sac contenant ses livres de cours et les restes de ses gâteaux pas loin du banc en question. Sauf qu'a la place d'entendre un bruit sourd, signifiant que le sac s'était posé au sol, un autre fracas retentit. Le bruit d'un sac se heurtant au visage de quelqu'un à proximité. Surpris, le châtain pivote son visage dans la direction où son sac s'est envolé, découvrant avec incrédulité un corps gisant sur le sol, non loin de sa position actuelle. Est-ce que ses livres et affaires personnelles sont toujours en bon état? Pour être franc, il s'inquiétait beaucoup plus de l'état actuel de ses babioles plutôt que la santé du martyre. Sa jambe s'avança vers le corps étendu, le pied palpant mollement les côtes de cet homme camouflé dans des vêtements flashy. Ce n'est pas dans les habitudes de l'adolescent de blesser des sdf— même si il ne semblait pas éprouver des remords à cet instant. Cet individu n'avait qu'a pas se trouver sur la ligne de mire du sac.

Tu t'étouffes et écrases le reste de ta cigarette avec ta chaussures avant de t'affaler sur l'herbe avec un très long soupir. T'es fatigué, t'as chaud et tu te fais chier. C'est d'la merde le printemps, et l'été est encore pire en fait, parce qu'il fait ultra chaud et tu te sens partir dès qu'on dépasse les trente degrés. Tu serai capable de t'endormir ici maintenant, calmement installé à l'ombre—même s'il y a beaucoup plus de gens que d'ordinaire vu qu'il fait beau, que les oiseaux gazouillent et toutes les conneries qui vont avec que tu ne peux pas supporter pour x ou y raison—peut-être parce que tout ça est horriblement niais. Ta tête semble tomber et prête à se décapiter toute seule histoire de faire une pause sur la vie pendant un très long moment: le temps que t'aies beaucoup d'argent et plus de trucs bien, genre une vraie maison rien que pour toi ça doit être bien... Quoiqu'il faudrait payer un loyer et c'est chiant tu vas te ruiner: comment est-ce que quelqu'un voudrait engager un type qui n'a même pas passé la première année de lycée? Et certes tu bossais “bien” au collège, mais tous le monde s'en fout du collège, si tu dis à quelqu'un “ouais j'ai eu mon brevet mention très bien et tout” tu vas te prendre un “csb” violent et qui risque de te déprimer. Mais tu ne regrettes toujours pas ta connerie fuck la police.

Enfin voilà, pour l'instant tu es SDF et tu grattes beaucoup chez Kaede (elle est très gentille Kaede)(pour une fois que tu tombes sur quelqu'un de bien)(perle rare tu ne quittera jamais cet endroit)(finalement tu n'es plus SDF!!)(tu mourra avec Kaede à cent cinquante ans). Et il fait tellement chaud que t'en as mal à la tête, tu serai capable de fuir à Hokkaido là ça te semblera tellement plus confortable d'un coup! Tu t'étires un peu pour te relaxer et enlève finalement ta veste pour l'attacher autour de ta taille, fermant un peu les yeux pendant deux ou trois secondes involontairement à cause de la fatigue. Tu pourrai très bien t'endormir là, c'est pas si désagréable parce que là t'as beaucoup moins chaud d'un coup, tu fermes les yeux pour de bon et—

▬ Sa mère la—

Tu te prends quelque chose de très gros dans le visage et ça fait très très mal, surtout pendant que tu somnolais un peu là. Y'a plein de trucs dedans, c'est très lourd pour le coup et un peu sonné, tu essaies d'identifier l'objet que tu t'es pris—après t'être massé les tempes et frotté le nez. C'est euh, un sac. Avec plein d'affaires dedans? Assez pour que ça te fasse extrêmement mal un peu partout—mais surtout au nez parce que c'est quand même fragile et c'est le premier endroit où tu te manges ce cartable? Tu te masses les yeux aussi et utilises ta main droite en guise de pare-soleil pour voir clairement ce qui se trouve devant toi. Un gosse, en somme. Quoique...

▬ C'est toi le connard qui m'a balancé ça à la tronche?

Tu te relèves, un peu énervé, pour remarquer qu'il fait ta taille et soit il a ton âge (on ne dirait pas trop) et ça passe, soit il est plus petit et tu vas lui péter la tronche parce qu'il fait ta taille alors que tu es plus vieux que lui. De toute façon quoiqu'il arrive tu vas lui casser la gueule donc bon, dommage pour lui. À en juger par son cartable il est plus petit, tu ne te gênes pas pour l'ouvrir et fouiller ce qu'il se trouve et—bordel de merde, tu sors ta carte d'étudiant pour voir qu'il est au collège, il a quelque chose comme quinze ans, si tu sais toujours calculer, avec sa date de naissance et tout ça... Ce type a cinq ans de moins que toi et fait ta taille?! Et pourtant tu n'es pas petit!! D'accord t'es encore plus énervé que tu l'es de base.

Tu te fais plaisir et éparpilles ses affaires un peu partout aux alentours, parfois en lui cassant ses stylos et sa règle aussi! Tu arraches des pages quand tu en as envie—tu avais tellement envie de le faire quand tu es collégien aussi! Alors tu le fais pour lui, même s'il n'a vraiment pas l'air d'être le genre de personne à écouter sagement les cours, en fait ça doit carrément être le contraire, avec sa mèche blonde. Hah, le faible, faut se faire une vraie teinture, qui ressort bien! Comme ça les gens retiennent ta tête et sont traumatisés à vie! ♥️ C'est beau de faire ce qu'on veut. Et certes il est un peu menaçant vu comme ça, mais il doit être une de ces racailles des bac-à-sable, aha, tu es tellement mieux que lui!

▬ Oh trop con, t'as cassé toutes tes affaires en me les balançant dessus, va falloir que tu les rachètes!

Tu lui donnes un sourire moqueur et te retiens un peu de rire presque, parce que les affaires scolaires en général c'est loin d'être gratuits, bien fait pour sa gueule à ce connard, il avait pas qu'à balancer sa merde sur toi!

A worm like you should sleep in a trash can.

▬ Oh trop con, t'as cassé toutes tes affaires en me les balançant dessus, va falloir que tu les rachètes!

Il ne leva pas un cil face à la scène orchestrée devant le public qu'est les yeux de l'adolescent. Toujours affaissé sur le banc qui lui servait de matelas, son champ de vision s'élargit au delà du périmètre qu'il s'était fixé. Contrairement aux idées reçues, Akio ne cédait pas à la colère facilement. Cela dépendait de la situation et de la personne prenant le rôle de l'ennemi, toutefois pas une once d'irritation traversait la physionomie du châtain. Certes son sac avait vécu des jours meilleurs mais fort heureusement pour le détenteur, aucun objet personnel ne logeait à l'intérieur du sac, si ce n'est quelques babioles. Rien de très important qui valait la peine de s'exciter. Peut-être était-ce le moment de daigner répondre? Ou faire semblant de porter une expression d'ahurie afin de ne pas briser l'ambiance? Quel choix cornélien. L'envie de briser cet air triomphant du visage de manquait pas, cependant la flegme eut raison de lui. La fin également, un facteur qui l'empêchait de s'exciter comme une puce sur des trivialités comme celles de maintenant. Son champ de vision centré sur ce phénomène habillé en rose, le jeune se contente de décaler sa jambe, faisant craquer un muscle de sa cuisse involontairement.

Il n'avait pas spécialement envie de se servir de la force pour fermer le clapet de cet idiot. Mais il n'avait pas vraiment envie de se laisser marcher dessus pour le simple plaisir de décamper le plus rapidement d'ici. Jouer la petite victime muette ne collait pas avec son comportement colérique. Pour une fois, il serait dans la capacité de fermer l’œil sur une provocation car d'une part, les affaires dégradés ne lui appartiennent pas-- mise à part son vieux sac qu'il a gardé depuis le début du collège. Il n'est pas certain de la date de l'achat concernant cet objet, toutefois ça ne l'empêchait pas de ne pas ressentir une affection particulière envers l'article qui l'a suivi durant plusieurs années scolaires. Raclant le fond de sa gorge sèche, le châtain lance un regard quelque peu provocateur à l'adulte, sa voix enrouée délivrant une réponse qui ne plaira certainement pas à l'interlocuteur.

❝ Oh trop con, tu es tellement con que tu as pété les affaires de la mauvaise personne. ❞

Réplique-t'il d'un air condescendant. Le jeune garçon pouvait rire de la situation à son bon vouloir, il pouvait ouvertement cracher sur l'effronterie de l'adulte sans craindre les représailles de ce dernier. Mais avant de se laisser aller à ses jeux d'enfant, le châtain fût en quelque sorte interloqué par le style singulier de son interlocuteur. Rencontre quelqu'un entièrement vêtu de rose n'est pas commun, et ce petit détail insignifiant réussi à titiller la curiosité de l'enfant. Il n'est pas du genre à questionner les inconnus et encore moins à rallonger sur des conversation d'ors et déjà futile. Quoi qu'il en soit, il ne pouvait pas laisser passer facilement cet affront. Tant qu'il n'aura pas tirer cette affaire au clair, il demeurera ici, en plein débat contre ce clochard enrobé dans des vêtements dignes d'un gosse de collège.

❝ Tu t'expliqueras avec le propriétaire si tu as les couilles de le faire. Quoique, tu as déjà eu le cran de de me provoquer. ❞

Il se réfère à lui même comme si il était une menace, une personne capable de faire basculer la vie d'un être vivant en un claquement de doigt. N'était-t'il pas un danger publique après tout? La moitié des jeunes le craignaient, ses professeurs n'osaient pas émettre la moindre reproche concernant son comportement immoral. Quant à ses parents-- son père était le dernier sur la liste à pouvoir lui faire la morale et à le raisonner. Aucune personne n'avait la capacité de tenir en laisse ce jeune garçon, si ce n'est l'Akame Dan, plus précisément ce gredin de chef. Tenir tête à cette homme pouvait devenir la pire erreur du siècle.Un simple contact visuel état en mesure de ruiner la vie d'une centaine d’habitants, dont celle d'Akio déjà bien abîmée.

Vagabondant droit vers l'homme, le délinquant stoppe sa marche à quelques centimètres de ce bonhomme. Le visage dédaigneux, une légère grimace vint frôler les lèvres de l'adolescent qui ne se gêna pas pour attraper fermement le col de la chemise du mâle. Il a voulu jouer au plus malin en s'attaquant à un enfant visiblement sans défense, le mieux qu'Akio puisse faire est d'offrir un spectacle inoubliable.

❝ J'vais te traîner au sol comme un déchet si tu refuses. ❞

Un gloussement moqueur s'échappe de ses cordes vocales. Frapper un passant ayant eut le malheur de le regarder de travers est une habitude, cogner un SDF qui tente de se rendre intéressant l'est moins. Et si par malheur un gendarme patrouillant dans le coin assiste à cette scène déplorable, les conséquences risquent de retomber sur le jeune et l'établissement dans lequel il est actuellement scolarisé. Un avertissement ou une myriade d'heures de colle n'allaient jamais modifier son sale caractère. En outre, blesser quelqu'un sans défense lui laissait souvent un mauvais goût en bouche, d'où le fait qu'il attende d'être le premier attaqué afin d'analyser la force de son adversaire. Sous-estimer un ennemi est une erreur fatale, un pas de travers et le débraillé au sol sort un pistolet de sa veste. La mort est cachée partout, même chez les souillons.