The only evil on your side [Andrew;Satoru]

Ennui ; mot décrivant actuellement mes pensées les plus profondes. Je n'avais absolument rien à faire, du coup je m'ennuyais à en mourir. Trouver une occupation ? Fatiguant. Pas que j'avais la flemme de chercher, mais je n'avais juste pas envie de réfléchir en vain parce que ça risquait de m'énerver à un point tel que je ne pourrais même pas me supporter moi-même. Alors il fallait que je trouve une occupation complètement par hasard... que j'ai de la chance en bref. Mais je ne devais pas espérer trop non plus au risque d'être déçu au bout du compte. Il me fallait quelque chose à portée de main... n'importe quoi, juste pour me divertir quelques minutes le temps que je m'en lasse vite fait et que je redevienne neutre. Tout en réfléchissant je m'engouffrai dans l'obscurité de la banlieue, observant avec désintérêt le paysage se dégrader. Comme si j'en avais quelque chose à foutre... mais je n'avais pas mieux à faire, donc je regardais.

Et là, quelque chose se présenta comme étant la solution à tous mes problèmes : un bar. L'occasion de me défouler ou de pousser le bouchon un peu trop loin ? Mais quelle merveilleuse idée. Sans réfléchir davantage je franchis le seuil de la porte, histoire de boire quelques verres en espérant qu'on me foute un peu la paix le temps que je liquide mon breuvage. Bien sûr, c'était trop demander n'est-ce pas, il fallait forcément que quelqu'un vienne me casser les couilles. Le genre de faux dur à cuire qui viendrait te racketter ton goûter parce que sa maman ne lui a pas donné le sien... ce qu'ils pouvaient être puérils. Ils étaient là à chercher la merde à presque tout le monde et moi, je continuais de boire : rien à foutre d'eux, je fêtais mes retrouvailles avec ce comptoir car cela faisait... un mois que je n'étais pas venu ?

Quand ils s'approchèrent de moi je ne bougeai même pas, ne leur prêtant pas la moindre attention. J'avais juste écouté leurs pas d'éléphant quand ils s'étaient amenés autour de moi, très certainement dans l'idée de me faire chier. Leur chef tenta d'attirer mon attention en se foutant de ma gueule une fois, deux fois, trois fois, puis il me balança mon verre en plein visage. Le verre soudainement brisé me coupa légèrement la joue et il ne fallut pas plus d'une goutte de sang pour que le moi qui ressemblait à une victime potentielle ne pète totalement un câble. Les connards dans son genre, ça m'agaçait... mais encore plus quand ils venaient me faire chier et qu'ils gâchaient mon alcool et ma journée. Et si j'en faisais ma nouvelle distraction ? À cette idée, mon regard s'assombrit.

« Et bah alors mon grand, on s'défend pas ? T'es encore plus faible que t'en as l'air. »

Ils se mirent à ricaner comme des porcs. Allez-y, foutez-vous encore de ma gueule, vous me faites chier, vous avez gâché mon humeur passive. Trois secondes suffirent pour le faire flipper ainsi que tous ses potes, à mon plus grand régal. Je sortis l'un de mes bijoux, mon plus beau revolver pour le pointer vers son entre-jambe. Moi, à moitié bourré, ce n'est pas une très bonne idée parce que je suis encore plus connard que d'habitude. Le coup de feu partit subitement et parmi les cris d'effroi de ma victime se mêlait mon rire des plus cruels. Me manquer de respect ça revenait à ça mon gros ! La prochaine fois tu y réfléchiras à deux fois avant d'essayer de me faire chier et de me balancer mon alcool comme ça... le gaspillage c'est mal.

« Et bah alors mon gros, tu croyais que t'avais des couilles parce que tu v'nais m'faire chier ? C'est con mais maintenant t'en as plus du tout. »

Ça devait faire vachement mal mais j'en avais rien à tamponner en fait. Attrapant une bouteille sur le comptoir après avoir balancé quelques billets pour payer je sortis du bar sous les jurons de ces abrutis finis. Et moi, je me marrais comme un taré parce que ça m'éclatait. Wow j'avais vraiment perdu la boule. Bon, j'avais une bouteille mais nul part où aller boire sans qu'on me fasse trop chier. En y réfléchissant plus attentivement, je ne voyais pas où je pouvais me poser tout en ayant la paix. La seule option restait le Q.G parce qu'on voulait un peu tous avoir la paix là-bas quand on ne foutait pas la merde dans la banlieue. Du coup j'allais faire comme la plupart des gens : me loger là-bas dans un coin et picoler tranquillement en espérant qu'on ne viendra pas m'interrompre même si j'étais de relativement 'bonne' humeur : une humeur à traumatiser les gens quoi. Pas le genre de bonheur que ressentirait une personne saine d'esprit.

Étape principale : rentrer en toute discrétion dans le repère. Bon c'était mal parti parce que je me fendais la poire en faisant tourner mon revolver entre mes doigts... et je titubais un peu aussi parce que je faisais le con sur une route pleine de trous mais ça c'était une toute autre histoire. J'entrai alors dans notre super repère, essayant de faire le moins de bruit possible... cependant ce fut un échec total. Accidentellement j'avais fait tomber mon revolver au sol, provoquant tout de même un brouhaha démentiel, avant de rire de plus belle. Visiblement j'étais fier d'être stupide puisque ça me faisait rire aux éclats. Après avoir refermé la porte derrière moi, je fis retentir ma voix rauque entre les murs.

« Heeeeey,  y'a quelqu'un ? Non ? Personne ? Ok ! »

C'était à peine si j'avais attendu que l'on me réponde... après tout il ne devait pas y avoir grand monde à cette heure-ci, ils étaient probablement tous occupés à faire chier le monde à l'extérieur pendant que moi je me saoulais la gueule un bon coup. Enfin c'était ce que j'avais cru jusqu'à apercevoir une touffe de cheveux bicolore, le genre de truc pas très commun en dehors de l'Akame Dan. Juste cette particularité signifiait : soit un nouveau, soit l'un des deux tarés du groupe ; mais j'optais plus pour la deuxième option. Après lequel, je n'en savais rien. Du coup, un peu trop curieux je m'étais approché avec touuute la discrétion du monde, me penchant par-dessus son épaule. Sa tête ne me revenait que vaguement et je ne connaissais pas son nom, ce qui était un peu désolant quand on y songeait.

« Qu'est-ce que tu fous là l'emo ? Tu as perdu ton occasion d'ouvrir ta gueule tu sais ? »

J'avais l'air d'un con à parler comme ça alors qu'il allait très probablement m'ignorer. Au pire qu'il ne fasse pas attention à moi, j'allais bien trouver de l'affection auprès de ma bouteille d'alcool. Par contre lui il n'était pas dit qu'il puisse échanger des paroles avec quelqu'un d'autre... parce que j'étais le seul présent avec lui dans cette salle. Avec plus ferme attention, j'eus l'impression que quelque chose n'allait pas chez lui. Paranoïa, ou je tapais en plein dans le mille ? Parce que j'avais quand même vu comment il réagissait face aux autres plusieurs fois même si moi en l'occurrence je n'avais jamais vraiment cherché à lui parler, comme à la majorité des autres membres du groupe d'ailleurs. À mes yeux, ils n'avaient pas plus d'intérêt que ça.

« Oye, tout va bien ? »

Il avait vraiment l'air dans un sale état si je pouvais me permettre. Il suffisait de remarquer son incapacité à fournir une réponse correcte pour s'en rendre compte : en effet, des gémissements digne d'une nana ce n'était pas très commun chez les membres de l'Akame Dan. En même temps, ça semblait vouloir dire putain ferme ta gueule j'ai mal au crâne. Il avait bu alors ? Intrigué je me penchai, fronçant ensuite les sourcils. C'était lui qui refoulait l'alcool à ce point-là ? Ou alors c'était moi, parce qu'en même temps j'étais bien déchiré après ce que j'avais bu au bar, plus ce que j'avais ramené ici pour continuer à picoler. Du coup j'avais commencé à regarder ma bouteille, puis j'avais à nouveau reporté mon attention sur l'emo qui gisait comme une loque dans le canapé : ahh je devais avoir l'air d'un idiot comme ça moi, à ne plus savoir quoi faire. Qu'est-ce qui était le plus important entre les deux, au final ?

« Non, tu crois ? Arrête d'être bruyant, t'aurais pas un dolyprane plutôt ? Ou une merde du genre ?»

Un doliprane ? Donc il avait bien bu et en avait tiré une migraine abominable. Après quelle quantité d'alcool il avait ingurgité, ça je n'en savais rien je n'avais pas été témoin et il ne m'avait rien dit. Je me mis à fouiller nerveusement dans mes poches au cas où, mais tout ce que j'y trouvai fut quelques munitions pour mes flingues. Peut-être qu'il y en avait ici alors ? Noooon, peu probable : j'avais déjà galéré à trouver de quoi traiter des plaies, alors des médicaments pour les maux de tête ce n'était même pas envisageable. Je me mis à grogner, plus fort que d'habitude à cause de mon état de non-sobriété. Oui je me sentais bête de ne même pas pouvoir lui fournir ne serait-ce qu'un médoc pour l'aider, enfin, ce n'était pas de ma faute non plus. Et puis il était peu probable qu'il aurait fait pareil si ça avait été moi en train de crever sur le canapé. Convaincu que ce serait le scénario le plus probable je me contentai d'hausser les épaules, résolu à ne pas faire plus d'effort que je ne pouvais en fournir.

« Nope j'en ai pas, désolé. »

Si ça n'avait tenu qu'à moi j'aurais tourné les talons. Mais l'espace d'un instant j'avais cru voir ses yeux briller comme s'il allait pleurer, ce qui m'avait forcé à m'arrêter. En dehors du jouet favori de Bankichi jamais je n'aurais cru voir une telle expression sur le visage d'un membre de l'Akame Dan, j'en étais plus que choqué. Alors comme ça il existait encore des personnes capables de chialer dans ce groupe ? Wow, j'en apprenais tous les jours, ces personnes ne cessaient jamais de me surprendre. Mais qu'est-ce que je faisais du coup ? Parce que j'avais peut-être halluciné à cause de l'alcool que j'avais dans le sang. Hm... autant revérifier. Je posai une fois de plus mes iris jaunes sur le gosse face à moi complètement mort sur le canapé, constatant que je n'avais pas imaginé cet air de victime sur son visage.

Mon regard se dirigea inévitablement sur la table non loin à la recherche de quelque chose pouvait lui calmer son mal de tête. Il fallait qu'il m'explique ce qui n'allait pas, parce que ça me préoccupait. Quoi, un Andrew tout doux ? Wow c'est le monde à l'envers. Fallait croire qu'il restait une part d'humanité au fond de moi, finalement. Que je n'étais pas qu'un simple psychopathe capable de changer d'humeur comme de chaussette. Et là, j'aperçus une canette de bière. Mais une seule hein, attention. Et il est ivre avec ça ? Jamais je n'avais rencontré une personne aussi vulnérable à l'alcool. Ça aussi il devrait me l'expliquer, comment c'était possible d'avoir la gueule de bois avec UNE. PUTAIN. DE BIÈRE. Il me faisait vraiment pitié, et moi je ne savais pas quoi faire à part lui dire wow c'est con que tu ais la migraine, ça doit faire mal. Bien évidemment, j'étais conscient que c'était un truc à ne pas balancer ça, parce que ça ressemblerait un peu à un foutage de gueule de ma part, et c'était bien la dernière chose à faire en présence d'une personne visiblement très imbue de sa personne malgré la situation qui ne tournait pas à son avantage.

Je lui fis alors signe de m'attendre là bien qu'il soit probablement trop sonné pour le remarquer, titubant au passage alors que je commençai à chercher une solution. Le contenu des placards finirait bien par m'inspirer, n'est-ce pas ? Ce qu'il fallait faire en cas de gueule de bois, je l'avais su pendant un moment. Sauf que comme ça ne m'arrivait plus du tout, ça m'avait un peu échappé avec le temps : il fallait dire que j'avais eu des occupations bien plus intéressantes entre temps, alors forcément mon cerveau avait fait un peu le tri. Essayant de me forcer à me rappeler je me massai le front, recommençant à grogner dans mon coin par énervement. Mais énervé contre quoi ? Je n'en savais trop rien pour être honnête, j'avais juste les nerfs en boule et mieux valait ne pas trop me chercher dans cet état, à moins de vouloir finir comme l'autre couillon désormais sans couilles. Comme agacé je faillis claquer la porte du placard avant de me souvenir que ça risquait de faire un énorme bruit, qui dérangerait probablement l'emo à moitié mort dans le canapé. Je la refermai alors tout doucement, continuant mes recherches en essayant d'être le plus discret possible.

Depuis quand étais-je aussi attentionné moi ? Bonne question ; il fallait croire qu'il me faisait vraiment pitié. Lorsque l'une des solutions miracles pour combattre la gueule de bois me revint à l'esprit je fus comme... soulagé ? Je ne savais pas trop si c'était le mot exact pour décrire ce que je ressentais, m'enfin. J'ouvris alors le frigo, analysant tout ce qu'il y avait dedans. Wow, jamais je n'aurais cru qu'il y ait autant de choses là-dedans, faut croire que même l'Akame Dan fait ses courses comme n'importe qui d'autre. Après quelques instants à farfouiller mes doigts finirent par effleurer une bouteille d'eau bien fraîche : je la sortis alors, m'approchant du pseudo-cadavre affalé sur les coussins. En quoi de l'eau serait utile ? Parce que l'alcool déshydratait beaucoup le corps, et que de toute façon je n'avais que ça de disponible. Une fois à proximité du mourant je lui collai le 'remède miracle' contre la tempe, laissant échapper un petit soupir par la suite.

« Tiens, bois ça. C'est tout ce que j'ai pu trouver, ça devrait déjà te faire un peu de bien. Mais tu sais si tu ne tiens pas l'alcool, tu ne devrais pas boire. »

Wow une phrase à peu près correcte, je m'en applaudirais presque. J'avais presque l'impression que l'alcool s'était déjà à moitié évaporé de mon sang, dommage d'un certain côté mais de l'autre si je devais me retrouver à jouer la baby-sitter pour l'emo en train de crever, c'était peut-être mieux. Déposant la bouteille d'alcool que j'avais ramené du bar sur la table je me laissai tomber dans un autre fauteuil, appuyant ma tête dans le creux de ma main. Mon regard resta ancré sur la seule personne présente en ces lieux hormis moi, me demandant s'il allait s'en sortir et ce qui avait bien pu l'inciter à boire. Pour se la jouer ? Sauf qu'il n'y avait personne. Pour noyer son chagrin ? Ça me semblait déjà plus probable, sachant qu'il avait les yeux humides ce con. Mais bon, mieux valait ne pas toucher à son ego en lui faisant remarquer, sinon la discussion risquerait de prendre une très, très mauvaise tournure.