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 Course contre la montre : lorsque le temps s'allie avec la mort. [PV - Toki Eien]

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Kano Shuuya

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MessageSujet: Course contre la montre : lorsque le temps s'allie avec la mort. [PV - Toki Eien]   Course contre la montre : lorsque le temps s'allie avec la mort. [PV - Toki Eien] EmptyMer 24 Déc - 14:27


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Course contre la

montre : lorsque le temps

s'allie avec la mort.


«Lâcher prise. Tout le monde a l'air de dire que c'est la chose la plus facile au monde. On déplie les doigts un par un jusqu'à ce que la main soit ouverte. Mais cela fait trois ans que je serre les doigts et la mienne est verrouillée. Mon être tout entier est verrouillé.»

feat Toki Eien.

Les yeux rivés sur les chiffres jaunâtres de son réveil, il attendait. L'attention rivée sur ce qu'il se passait autour de lui, il patientait. La respiration perdue dans l'atmosphère d'une pièce solitaire, il rêvassait. Kano Shuuya avait toujours voulu avoir plus de temps, toujours plus de temps ; mais celui-ci glissait toujours entre ses doigts. C'était comme s'il voulait retenir les horloges de traduire les secondes en minutes, comme s'il en voulait au monde d'avancer sans lui. Alors, remarquant avec une vérité frustrante que personne ne l'attendrait jamais, il s'était roulé en boule, seul avec la solitude. Parfois avec quelques filles croisées dans son désespoir, qui ne restaient pas bien longtemps elles aussi. Le temps l'avait toujours fui : jamais il n'était arrivé au moment propice. Il n'avait pas sauvé Ayano, parce qu'il n'avait pas eu le temps. Il n'avait pas sauvé sa mère, parce qu'il n'avait pas eu le temps. Il n'avait pas sauvé son âme, parce qu'il n'avait pas eu le temps. Il avait enterré son cœur dans le mensonge, parce qu'il n'avait pas eu le temps de dire la vérité. Il avait accroché un sourire narquois sur son visage, parce qu'il n'avait pas eu le temps d'en faire véritablement un.

Il avait cessé de courir après le temps au moment où il avait cessé de courir après sa vie.

D'un coup, il avait décidé que sa torpeur était terminée, et qu'il était l'heure de flâner un peu dans les rues, à la recherche de quelque chose qu'il avait perdu : une mère, une sœur, une vie, ou peut-être lui-même ? Ses yeux soulignés de cernes se perdirent sur la baie vitrée de son studio, et il eut l'impression d'être un aigle dans son nid ; dominant par la hauteur de son antre Mekakucity ainsi que les hommes. Son attention fut captée par les larmes des nuages qui semblaient pleurer sur son pitoyable sort, et son cœur n'en fut que bercé par de pâles illusions. La neige, contraire de lui qui avait un tempérament de feu au cœur glacé ; similaire à lui qui était froid au sang chaud. Oxymore à lui seul, antithèse du bien, hyperbole du mal.
La neige, pureté éphémère ; lui, débauche sempiternelle.

Il se leva en frissonnant, quitter son lit et ses draps était un déchirement que seul lui connaissait : c'était synonyme que, bientôt, il aurait affaire à la foule noire d'inconnus aux visages corrompus, à l'air que d'autres respiraient, aux rues dangereuses et effrayantes. Mais pour entretenir une épave, il fallait bien la traîner avec soi, n'est-ce-pas ?

Il se rendit dans la salle de bain en attrapant dans un coin de sa chambre son pantalon, et sur sa commode, son t-shirt ainsi que son éternelle veste. Souvenir empoisonné d'une vie artificielle.
En enfilant ses vêtements, il s'observa longuement dans le miroir. Ses yeux parcoururent ses cernes immondes, sa mine exsangue et ses yeux rouges d'un désespoir camouflé. Puis, il remarqua ses cheveux sales et ébouriffés, son corps corrompu et ses blessures involontaires qui décoraient les courbes malmenées par ses crises d'angoisse et un enfer quotidien.
Il soupira. Ce soir, il prendrait une douche bouillante afin de purger ces plaies et bleus que lui seul se faisait, et ce par accident.

Il prit un manteau - le seul qu'il possédait - et sortit en prenant ses bottes dans la main, fermant son studio à clé. Il vacilla et fut prit de vertiges pendant quelques secondes ; l'air d'un nouvel extérieur était toujours insupportable pour ses faibles poumons.

Il ignora le chien du voisin, la voisine à la poitrine généreuse, et un gosse qui hurlait dans le couloir. Il ignora la rue, les passants, les magasins. Il ignora les pères noël, les pleurs des nuages blancs et la joie des fêtes de fin d'année. Seul dans ses songes dépravés, il ignorait les hommes et le monde.

Il finit par sortir de sa léthargie lorsqu'il arriva dans une petite rue, sans âme qui vive. Il put enfin désactiver la malédiction de ses pupilles rouges qui commençait à le fatiguer de plus en plus au fil de ces journées enneigées, et il s'assit contre un mur, les fesses dans la poudreuse glacée, le regard perdu sur un cadavre de rongeur en face de lui.

Allégorie de sa vie pourrie, ou de son "lui" faussé ?

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MessageSujet: Re: Course contre la montre : lorsque le temps s'allie avec la mort. [PV - Toki Eien]   Course contre la montre : lorsque le temps s'allie avec la mort. [PV - Toki Eien] EmptyVen 2 Jan - 20:41

Snow rhymes with sorrow.

Il neige. C'est la première chose que je constate quand je me réveille, en même temps que le soleil. Ça donne une ambiance tellement… Vide, la neige. Le ciel est blanc, d'un blanc uni et sans émotion, juste blanc. Les flocons tombent et figent le monde dans une prison de poudreuse, immaculée elle aussi. Le silence pèse, aucun mouvement n'est perceptible. C'est comme si la neige arrêtait le temps, et c'est étrange, ça. Je l'ai toujours perçu comme ça, et ça me dérange, d'une certaine façon. Je me redresse sur mon lit et fixe le ciel, d'un air absent. Si le temps est arrêté par la neige, la boucle est en quelque sorte brisée, non ? Et que faire, si elle est brisée ? Je ne peux plus avancer, mais je ne peux plus reculer. Figée. Oui, moi aussi je suis figée. Je suis condamnée à rester là, à ne rien faire, à attendre que la neige s'en aille et que la le temps reprenne son cours. Écartant la couverture, je laisse échapper un rire nerveux. Attendre alors que le temps semble s'être interrompu ? Ça n'a aucun sens.

Je me lève. Malgré mon impression le temps ne s'est pas arrêté. Néanmoins, moi, je me suis arrêtée. Et comme j'ai toujours eu le sentiment d'être toujours liée à lui, je ne peux pas m'empêcher de penser à des stupidités. Reprends-toi, Eien. Ce n'est pas parce qu'il neige que tu vas déprimer, si ? Le jour de Noël… Ah, si, c'est une bonne raison pour déprimer. Un repas de famille avec tous ces gusses plus chiants les uns que les autres ? Et Kako qui n'est pas là ? … On va se faire chier. J'ai tellement pas envie. Depuis quelques années, Noël est vraiment devenu un moment que je redoute… Car la seule personne avec qui j'ai jamais souhaité le passer… Elle n'est plus là. Et peu importe combien de boucles je pourrai vivre, je ne le passerai jamais avec elle. Jamais… J'ai réussi à tourner la page, mais aujourd'hui, je crois que je n'y résisterai pas. Je détache mon regard de la fenêtre et vais lentement m'habiller. Elle me manque tellement, là, tout de suite, ma Satou. Tellement. J'ouvre l'armoire. … Ma robe. Ma belle robe beige et violette. La robe que je mettais quand on sortait. Elle est belle. Mais je ne la remets plus, depuis ce jour. Trop de douleur. Et pourtant… Aujourd'hui, elle m'attire. Aujourd'hui, je veux la mettre. Comme ça, je serai quand même un peu avec toi… N'est-ce pas ?

Me voilà habillée d'une jolie robe, ornée par les souvenirs. Elle n'est pas faite pour l'hiver, et encore moins la neige, mais je l'emmerde, la neige. Entre elle et moi ça a toujours été une grande histoire de haine de toute façon. Et, comble du paradoxe, me voilà maintenant dehors, sur le pas de la porte de l'immeuble. Le centre-ville est plutôt bruyant, malgré la couverture blanche qu'il arbore. Les fêtes, hein ? Cette ambiance me gonfle. Je m'enroule dans une écharpe jusqu'au nez, c'est la seule chose qui me protège du froid aujourd'hui. Et ça me va très bien, je me fiche de tomber malade, si je veux sortir comme ça, je sors comme ça. À quoi bon mettre cette robe si elle est cachée par un manteau ? Voilà. Je m'éloigne des rues trop fréquentées avec la quête idiote d'en trouver une sans empreintes de pas sur la neige. Qu'est-ce que c'est bête. Mais j'ai envie. Alors faisons-le. Comme ça je pourrai tracer des empreintes, les miennes, et les tiennes à côté. Tes petits pas accompagnant ceux de mes grandes jambes… Ça mettra autant de temps qu'il le faudra, mais je le ferai… Aujourd'hui, je veux te retrouver. Si on est hors du temps, on est aussi hors de la mort, non ? Je veux que tu sois là, ne serait-ce qu'aujourd'hui…

Oh. Il semblerait que j'ai trouvé ma ruelle ? Elle est vraiment étroite, et je ne vois pas trop le bout. Mon regard se fixe sur le sol. Immaculé, sans une autre trace que celle minuscule d'un rat. Machinalement, je la suis des yeux, sans bouger de ma place. Je la perds. Aucune aucune trace de vie. Je me sens tellement bizarre… Mais aussi soulagée, en quelque sorte. Mon idée idiote va se réaliser. Le regard résolument attiré vers le sol, j'entame une marche lente vers l'autre bout de la ruelle. Mes pas à moi, je n'ai pas à changer de rythme pour le moment. Un courant d'air. J'ai l'impression de te sentir près de moi. Comme si je t'avais retrouvée, hors du temps, hors du monde. «Tu m'as manqué. Tellement manqué… Encore maintenant, je ne rêve que de te revoir… Tu sais, je te le disais souvent, mais un Noël passé avec toi aurait été le plus beau qu'on puisse m'offrir. Malgré tout ce temps, je t'aime encore…», soufflé-je en regardant mes traces. Je parle à un fantôme, et en plus ma voix se tord et s'étrangle. Quelle abrutie je fais… Vraiment, je— «Uh ?» Mon pied a buté sur quelque chose. … Enfin, quelqu'un. Je suivais les traces du rat sans regarder, résultat je n'avais pas vu la personne assise là, juste à mes pieds. Mais attends. Ça veut dire qu'il m'a entendue…? Merde… Je vais pas réussir à rester impassible ou répliquer s'il se moque de moi. Autant prendre les devants, alors. Je m'accroupis, va savoir pourquoi, et le regarde, les yeux légèrement mouillés. «Pardon. Tout va bien ?»
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MessageSujet: Re: Course contre la montre : lorsque le temps s'allie avec la mort. [PV - Toki Eien]   Course contre la montre : lorsque le temps s'allie avec la mort. [PV - Toki Eien] EmptySam 31 Jan - 17:57


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Course contre la

montre : lorsque le temps

s'allie avec la mort.


«Lâcher prise. Tout le monde a l'air de dire que c'est la chose la plus facile au monde. On déplie les doigts un par un jusqu'à ce que la main soit ouverte. Mais cela fait trois ans que je serre les doigts et la mienne est verrouillée. Mon être tout entier est verrouillé.»

feat Toki Eien.

Le temps, antagoniste de sa vie depuis sa naissance. Si sa mère avait été comme cela, c'était parce que le temps lui avait enlevé son père. Si les cicatrices de son enfance incongrue ne s'étaient pas refermées, c'était parce que le temps les ouvraient à chaque nouvelle guérison. Alors pourquoi avait-il cessé de courir ? Il avait eu l'habitude d'être laissé derrière par ce fou amusé à la vitesse inégalée, alors pourquoi avait-il l'impression qu'il s'était évanoui dans sa folle course avec sa propre mort ? Peut-être était-ce elle, lassée de ce défi fastidieux, qui l'avait assommé pour mieux s'occuper de Kano. De ce Kano, qui gisait, là, dans une pureté qu'il souillait, dans une poudreuse qui camouflait déjà les sillons de son passage.

Le froid transperçait sa peau diaphane, paralysait ses membres engourdis, faisait trembler son petit corps malmené. Un sourire crispé se forma sur ses lèvres gercées ; étrangement, c'était lorsqu'il sentait la mort venir qu'il se sentait enfin en vie. Ces frissons, ils étaient là parce qu'il avait froid ; et donc parce qu'il vivait. Ce froid qui lui glaçait les entrailles, il était là parce que le sang coulait encore dans ses veines, et donc parce qu'il était encore en vie.
N'est-ce-pas ?

Il fut plongé dans une léthargie, jusqu'à ce que le temps ne se réveille de son coma. Une voix, féminine, brisée. Il ne comprenait pas tout, mais est-ce que cette voix était réelle ? Ou était-ce celle de la mort ? Peut-être que celle-ci venait en main propre pour cueillir sa vie sur un tapis blanc. Tapis bientôt rouge, par l'hémoglobine versée sur une farandole de regrets.

Puis, il sentit quelque chose frapper son pied gelé. Il semblait anesthésié par la douleur, mais quelqu'un était là, dans cette ruelle aussi étroite que gelée, debout, devant un "lui" agonisant dans la neige, plongé dans l'antithèse de son être. Ses sens revinrent, la souffrance auparavant disparue refit surface dans son coeur troué par tant d'années à tenter de survivre. Et ce n'était que l'iceberg immergé d'une pléthore de souffrances.

« Pardon. Tout va bien ?»

Ses yeux lui permirent de voir une silhouette accroupie devant lui. Une fille, probablement mineure. Habillée d'une robe dans les tons sombres, alors qu'il neigeait comme si le monde prenait fin. Seule une écharpe la protégeait du vice de ces tristes nuages.
Il croisa son regard. Ses yeux avaient la couleur de la vie, mélangée à la nature qui avait façonnée les hommes. Dedans, il pouvait y voir une gêne timide, une perte enfouie ; ainsi qu'une tristesse engloutie par son quotidien. D'autres couleurs se mélangeaient, mais ses pauvres pupilles fatiguées ne parvinrent pas à deviner toutes les esquisses dessinées par son destin. Sa tête tournait, il avait mal, il voulait finir cette histoire seul, mourir seul, écrire "THE END" en majuscules dans le livre de sa pitoyable existence. Livre qui serait rangé parmi tant d'autres, et jamais lu, jamais consulté, jamais effleuré. Enterré, oublié, rayé de la liste des monstres présents dans cette réalité déchue.

Kano Shuuya.
Ce nom ne signifiera bientôt plus rien.

Il entrouvrit la bouche afin de laisser passer quelques échos de sa voix brisée, mais il n'arrivait pas à parler. Peut-être était-il à moitié mort ; muet et bientôt aveugle. Alors, au lieu de paraître idiot à essayer de pousser vers le vide une voix disparue ; il hocha tristement la tête. Car, même aux portes de la mort, il ne cessera jamais de mentir, neh ?

Est-ce que ta vie a été belle, Shuuya ? Oh, oui, bien sûr. Je ne regrette pas d'avoir vécu.
Est-ce que tu es tombé amoureux, Shuuya ? Toutes les filles étaient amoureuses de moi, j'avais l'embarras du choix !
As-tu des regrets, Shuuya ? Je n'en ai jamais eu.
Est-ce que quelqu'un se souviendra de toi, Shuuya ?
Eh, Shuuya ?
Pourquoi as-tu été un monstre noyé par ses mensonges, Shuuya ?
Shuuya ? T'es déjà mort ou quoi ?

Shuuya ?

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