Anju Miura - Copier est ma raison d'être ! [Fini!]

Vu que j'imite une bonne palette de personnage, je peux adopter n'importe quel caractère. Enfin, tant que j'ai un déguisement, bien évidemment... Je ne suis pas vraiment comme ça dans le fond.

Timide : Oh oui que je suis timide... Je n'aime pas parler aux gens. Tu veux me parler ? Tu viens vers moi et tu essayes de ne pas me faire fuir. Je suis un peu comme un Abra, si tu ne fais pas attention, tu n'auras jamais ton Alakazam ! Quoi, je m'éloigne ? Non, je ne pense pas... Mais pour revenir au sujet, sans costume, j'ai beaucoup de mal à me faire de liens avec les autres. En étant moi-même, je n'aime pas aller au devant des choses. Je suis plus une spectatrice qu'actrice. "Elle a un problème ?" me direz-vous. Je suis comme ça. Peut-être que le cosplay me permet de me lâcher un peu et de ne plus être cette otaku repliée sur elle-même.

Egoiste : Possessive irait tout aussi bien. Ce qui est à moi, est à moi. Je n'aime pas trop partager. Je ne vous parle pas de la syncope que j'ai failli avoir quand on m'a privé d'ordinateur... J'ai peur qu'on me casse un appareil, qu'on me plie les pages de mes mangas, qu'on y verse du café ou je ne sais pas quoi. Soyons d'accord, je ne suis pas parano' ; je me méfie !

Excentrique : Ca je ne peux pas le nier non plus. Autant j'étais otaku, autant maintenant je suis une cosplayeuse à fond dans son travail, je n'ai jamais vraiment suivi la "norme". Ce n'est pas que je ne suis pas intéressée - un peu quand même - mais je n'aime pas trop ressembler à madame tout le monde. Oui, c'est ce qu'il y a au fond de moi. C'est ce grain de folie qui a fait de ma vie ce qu'elle est aujourd'hui.

Calme : Ou deux de tension, ça m'arrive oui. Je ne suis pas du genre à m'énerver. Peace and love et tout va bien. Je suis souvent dans mon monde aussi. Ouais, ce monde-là. Celui-là. Ailleurs... (L'auteur n'est actuellement plus disponible, veuillez réessayer plus tard).

Plus je me regarde, plus je me dis que je ne suis vraiment pas exceptionnelle. Je suis quelqu'un de très simplet. Finalement, je n'ai pas tellement de caractère propre. M'enfin, vous pouvez tout aussi bien oublié tout ce que je viens de vous raconter, je ne sors jamais sans cosplay ! Et dernière petite précision : ne vous efforcez pas à me dire "Tu peux être toi-même, tu sais...", je ne vous écouterai jamais. Je veux être TOUT, mais pas moi-même !

Je m'appelle Miura Anju et je suis enchantée de faire votre connaissance ! Je suis actuellement - et je pense que je le resterai - la benjamine de la famille. J'ai un grand-grand frère et une grande soeur. Ils sont gentils. Ils sont sérieux. Ils ont un travail. Et moi ? Bah moi je suis celle qu'on oublie et qu'on sacrifie un peu, nhé~

Je suis née il y a un peu plus de 18 ans dans une famille japonaise et naturellement, au Japon. Rien de très original jusque là. Ayant 6 ans d'écart avec ma grande soeur et 9 avec le grand-grand frère, on me mettait souvent de côté. J'étais en quelque sorte une gêne pour eux. Donc pour en revenir au "ils sont gentils", on va dire que ça dépend des moments... Quant à mes parents, ils sont souvent en voyage que ce soit pour le travail ou pour des vacances. Mon grand-grand frère était assez grand pour s'occuper de ses soeurs, disaient-t-ils. Heureusement que oui... Mais cela laissa place à de grands moments de solitude. Par exemple, quand vos grands frères et grandes soeurs sortent dehors avec des copains et que vous, vous êtes obligés de rester cloîtrés à la maison. Ca ne vous dit rien ? Moi si.

Au primaire tout comme au collège, je n'avais pas vraiment d'amis. J'étais du genre timide et je n'avais pas vraiment de bonnes notes à l'école. Je mettais souvent à profit des heures et des heures d'ordi', plutôt que de faire mes devoirs ou de réviser les cours. Etant donné que mes parents ne disaient jamais rien, j'avais passé une bonne partie de mon enfance vissée sur une chaise devant un ordinateur, nuit et jour. Autant vous dire que j'avais une tête de déterrée en sortant de ma chambre. J'étais devenue une otaku, une vraie. Rien qui n'apporte une quelconque fierté, soit dit en passant. Je loupais parfois des journées entières de cours. Je m'enfonçais de plus en plus dans l'isolement. Ma seule réelle compagnie : mon ordinateur et les mangas. J'en regardais et lisais beaucoup. Des tonnes. Ma foi, cela occupait bien mes journées.

Puis vint enfin le temps du lycée. Ayant redoublée ma dernière année de collège, mes parents, honteux d'un tel comportement de ma part, changèrent subitement d'attitude à mon égard. Ils étaient fermes et me mettaient une certaine pression sur les épaules. Une très désagréable pression. Ils prirent même mon ordinateur en otage. Tous sauf ça !

- Bouge toi, bon sang ! Trouve toi quelque chose, une vocation si tu veux, mais surtout un travail ! Tes frères et soeurs en ont un, de travail. Tu devrais en faire autant ! Tu es la honte de la famille ! Si tu ne bosses pas plus sérieusement, à ta majorité, tu vires ! Et bon sang, lâche cet ordinateur, ce n'est pas ça la vraie vie ! Donc maintenant, dehors ! Va à l'école, dans un magasin, mais dehors !

Je les regardais souvent de manière impassible, comme si leurs paroles ne m'intéressaient guère. Dans un sens, c'était bien vrai. Malheureusement, ils réussirent à me jeter dehors à coups de savate au popotin. Oui, oui. Enfin avec moi, il n'y avait pas besoin d'être spécialement fort pour me faire bouger. J'avais la puissance d'une larve.

Durant les premiers jours de sortie, j'allais souvent dans des bibliothèques ou des magasins de mangas. J'aimais bien y passer mes journées, mais il y avait un problème récurrent : on en faisait vite le tour. C'est cet ennui permanent qui me poussa finalement à me rendre chaque jour au lycée. Encore une fois je ne parlais à personne. L'esprit était ailleurs durant les cours et les bentos avaient toujours ce petit goût de produit vaisselle bizarre (oui, ma mère ne sait pas cuisiner). Vous me direz : "Mais, tu sais, il y a des ordinateurs dans les salles informatiques du lycée !". Oui, je sais très bien, idiot ! Je les ai même tous essayé sous le coup du désespoir, mais... L'administration de ce lycée est composée de sadiques. Oh que oui ! Ces enfoirés, encu- (nous voilà confrontés à un problème ardu de gros mots, veuillez patienter quelques instants). Bref ! Ils ont coupé l'accès à de nombreux sites comme Youtube. Youtube ! Mais personne ne vit sans Youtube ! C'est absurde ! Puis on ne peut même pas accéder à des sites de lectures en ligne ou de fanfictions ! C'est scandaleux ! Mais bon, je m'égare un peu...

Finalement, c'est seulement quelques semaines plus tard, suite à la rentrée de ma deuxième année de lycée, que je trouvai enfin ma vocation. Celle qui me fit connaître dans tout l'établissement et le quartier. C'est arrivé un jour, en revenant de l'école. J'avais pris un autre chemin que celui de d'habitude pour rentrer chez moi. Je passai devant une boutique. Tout d'abord, elle me parût tout à fait normal et banale. Cependant, je m'autorisais à revenir un peu sur mes pas pour regarder de plus près. C'était un magasin de déguisements. Je contemplais la vitrine avec intérêt. Il y avait de jolis cosplays et des perruques assez sympathiques. Par curiosité, j'entrai dans la boutique. Elle n'était pas très grande, mais c'était une véritable caverne d'Ali Baba. On y trouvait de tout !

A cause de ma foutue timidité, je ne voulais pas parler au vendeur qui s'approchait de plus en plus, au fil des minutes. Je suis donc sortie rapidement. Mais les jours qui suivirent, je revenais toujours à la même heure. Finalement, je lui demandais des conseils. Je parlais de mangas, mais aussi de tout et de rien avec ce fameux vendeur. C'était sympa. Mon côté otaku s'effaçait de plus en plus. Ce stigmate que je m'étais moi-même fait laissait peu à peu place à un sentiment de liberté. Oui, j'avoue sur ce coup je me suis peut-être un peu emportée, mais je ne regrette rien ! Au bout de ma n-ième visite, je commençai à acheter des cosplays et à partir dans mon délire de fan.

La suite vous la connaissez ou du moins, en quelques sortes. Je portais tous les jours des cosplays différents. Telle une comédienne et pour effacer toute la honte que ces déguisements pouvaient me procurer au lycée ou ailleurs, je jouais les caractères des personnages. Je parlais sur leurs tons à eux. Je sortais leurs répliques à eux. Des films et des dessins animés jusqu'aux comics et mangas, tout y passait. Les gens me souriaient ou rigolaient. Peut-être qu'ils ricanaient dans mon dos, mais j'en avais que faire. Je me sentais bien. J'obtenais un certain plaisir, une certaine satisfaction à ne pas être "moi". A la maison, j'analysais minutieusement la manie et les traits de caractère de chaque personnage pour pouvoir m'en imprégner. Ce n'était pas si difficile pour une personne avec aussi peu de caractère que moi. J'étais une vraie imitatrice, bien que ma voix et mon visage restaient les mêmes.

"Tu as déjà essayé d'imiter des personnes réelles, comme ton voisin par exemple ?" Ah ah, je ne dis pas que je n'ai jamais essayé, mais ce n'est pas très évident. Un personnage, ça s'étudie pas n'importe comment, il faut bien tout mémoriser aussi bien au niveau du caractère que du physique et ses tics et manies. A vrai dire, même pour un personnage de manga ça prend du temps. Alors, une vraie personne... Faut pas avoir peur des "Qu'est-ce que tu regardes ?" ou "Tu veux ma photo peut-être ?!". Non je préfère éviter cela pour le moment...

Bien entendu et sans vouloir me vanter, mes talents de cosplayeuse se firent remarquer. On m'a proposé il y a maintenant quelques mois de poser dans un magasine traitant de la culture japonaise et notamment des cosplays. J'ai un petit boulot. Enfin en quelques sortes vu que je ne travaille pas à heures et dates fixes. Un ou deux rendez-vous dans la semaine, pas plus. Mais j'ai quand même un travail ! Regardez-moi, regardez-moi bien mes chers parents ! Bientôt vous ne pourrez plus rien me dire ! Je ne suis plus l'otaku que vous avez connu !

Copier est ma raison de vivre. Il y a beau y avoir d'autres choses dans la vie, je n'arrive plus à m'en passer.