De mauvais poil.- Shintaro Kisaragi (términé)

Shintarô … La première chose qu'on pense quand on te vois ?  Pas grand chose. T’intéresse pas grand monde. Pour les gens, t'es un passant. Mais si quelqu'un s'y intéresse un peu ? La première chose qu'on peut dire c'est que t'es banal malgré ton aura plus renfermée que la moyenne. Yeux noirs, cheveux noirs.. Rien de bien spécial au Japon. Bon ok, les traits de ton visage sont pas spécialement très marqués asiat' mais tu restes un beau classique de l'archipel.
Beau ? Mouais. C'est vrai que 58 kilos pour 1 mètre 72, t'es plutôt bien foutu. Enfin, normal, tu mange rien, enfermé devant ton écran. Et tes maigres 58 kilos tu les doit en partie aux boissons gazeuses. D'ailleurs t'entend encore ta mère dire que c'est mauvais pour ta santé … Ouais bah en attendant si t'avais pas ça tu ressemblerais sûrement à un somalien à l'heure qu'il est, non ?

Au passage tu t'habilles toujours en noir … Ah non ! T'as une veste rouge, si c'est pas la fête...
Tu te planques derrière tes fringues autant que tes cheveux assez longs et fins, tout ton style est un camouflage de guerre contre ce monde hostile sur les couleurs du néant.
Même ton visage est teinté de noir, la preuve, tu es très souvent accompagné de tes indémodables cernes, celles qui inscrivent ton appartenance avec ton PC sur ta tronche, t'es presque marié avec ; tu passes tes journées et surtout tes nuits collé avec.
D'ailleurs tu vas vraiment finir par t'attraper la bonne vieille myopie des familles et donc … Des lunettes … non ! Surtout pas les lunettes ! Tu déteste ça les lunettes ! Ça attire l'attention et les moqueries. Tu te jures de ne surtout pas en porter, quitte à voir le monde flou.
Et puis après tout tu t'en fiches, le monde par tes yeux, se résume à un amas de pixel

Mentalement on peut dire sur le plan scientifique que t'as aucun problème. Une intelligence fracassante allant de paire avec ton QI 168, t'as jamais eu de questions à te poser. À l'école, des notes parfaites avec de moindres efforts, au quotidien, t'obtiens rapidement et facilement ce que tu veux.
Mais sur une approche plus théorique et plus « sociale » si ce mot fait toujours partit de ton jargon, n'importe qui te diras ou te feras comprendre que t'as de grosses lacunes. En plus d'être un boulet de la société, un hikikomori reclus alors que t'es majeur, tu as beaucoup de défauts. Suffisant, grognon, grincheux, même un brin égoïste, faut vraiment le vouloir pour être ton ami. Faut avouer que t'es pas vraiment le genre de personne duquel on peut tomber sous le charme dès le premier regard … Ni même les regards d'après d'ailleurs.

Il faudrait déjà commencer par te voir. Parce que à moins d'être poussé par des conditions exceptionnellement exceptionnelles tu ne sors surtout pas de ton trou. Le monde, les gens partout, tout ça, c'est vraiment pas pour toi. Même quand y en a pas partout c'est déjà trop. Dans ton microcosme tu es protégé, c'est pas pareil. Et puis c'est plus une sorte d'obsession. Tu as peur. Tout le temps, tu as cette phobie des regards sur toi, de ceux qui pourraient te juger. Tu veux pas t'en donner l'air mais t'es vachement sensible à ce que les autres pensent de toi et ça surtout parce que, au moins pendant un moment, personne ne te soutenais. T'avais personne derrière toi. Donc dès que quelqu'un te regardait de travers, c’était le monde entier que tu avais sur le dos.
Enfin … Si il y a bien une chose qui te plaît encore moins que la foule, c'est les transports. Parce que ceux-là, en plus de te mettre mal à l'aise, te rendent carrément malade.

En apparence tu t'en fiches de tout et rien n'est important. Envoyer sa vie en l'air ou la passer dans sa chambre n'a aucune importance. Ce n'est pas moins glorieux que de devenir PDG oooh que non ! Tu ne comprend pas trop l'importance de la vie et tu t'en fiches bien. Aussi, bien que tu donnes cette impression de n'en avoir rien à faire des autres, au fond de toi, c'est tout ce que tu voudrais tellement. Des amis. Des gens qui t'aiment. Bien sûr tu ne fais rien pour que ce soit le cas ! Limite si ça devrait pas venir tout seul en claquant des doigts ... Mais bon, tu t'en plains pas spécialement non plus. Tu gardes tout au fond de toi, sans parfois même savoir que tu ressens ces choses. Trop tsundere pour ça.

À quoi tu penses ? Tu le montre jamais mais en fait tu te poses souvent des questions existentielles. Même tes défauts ont une sorte de charme dans ton incompréhension de ce monde qui t'entoure.

Matrice.

Le 30 Avril, ta mère accourt à la maternité pour te mettre au monde. À part le fait d'être un beau bébé, en pleine santé, t'as absolument rien de spécial, encore rien pour toi qui te permettrais de t'estimer.
Ta mère, elle est adorable. Déjà elle a supporté l'accouchement et c'est pas rien. Mais visiblement tu l'as pas dégoûtée au contraire parce qu'elle rempile peu de temps après pour ta sœur, Momo.
Entre deux tu as le temps de devenir de plus en plus toi, de plus en plus « Shintaro » et il semblerait que ce soit une bonne nouvelle parce que tu fais rapidement preuve d'une intelligence élevée. C'est bien, ça ? Dans ta société, oh que oui c'est bien. L'adulation des plus jeunes et les faveurs des plus vieux, voilà un bel avenir. Ça, tes parents le comprennent vite malgré leur QI sous développé ; Si tu reçois les moyens appropriés, tu réussiras tout ce que tu entreprendras.

Rapidement, tes parents cèdent à tous tes caprices. Pourtant c'est un milieu modeste et même si les rentrés d'argent sont régulières, on ne se baigne pas dans l'or...
Ta sœur … quelle sœur déjà ? Ah oui, c'est vrai tu as une sœur ! Tu l'avais presque oubliée … Bah, elle n'est pas comme toi. Elle ne comprend rien. Il faut répéter 20 fois pour que quelque chose rentre dans son crane. Ça t’exaspère vachement mais tu dis rien. La plupart du temps tu l'ignores, c'est pas digne d’intérêt. Et puis ta mère est là pour s'en occuper alors pourquoi tu t'y collerais en plus ? Une seule personne pour elle c'est bien suffisant.

Petit à petit, tu devient plus égoïste et plus froid. En même temps comment ne pas l'être ? T'es un môme ! Un petit machin d'une dizaine d'année que tout le monde regarde de haut simplement parce qu'il n’existe pas d'être vivant plus bas qui sache exprimer un sentiment correct ! Ils t'adressent d’infâmes « bout de chou en soucrounouchou d'amour » que tu vomirais presque. Toi t'es pas un de ces sales mômes qui gobe la lune ou fait une crise d'euphorie quand il a terminé son puzzle.
Toi tu comprend tout. Tout ce qu'on te dit, demande, même tout petit, pas besoin de te parler comme un autre gosse. Tu dois montrer ton opposition. Quand tout le monde vient pour te faire des papouilles, tu fais la gueule et tu grogne pour leur montrer que tu es différent, tu fuis tous ces imbéciles.

Certains ont déjà sermonnés ta mère pour ce comportement. Ils ont donc que ça à faire ?! Ta mère c'est une des seules que tu respectes. Elle est pas spécialement intelligente ni utile mais elle s'oppose rarement à tes désirs et ça c'est un bon point. Plus elle t'aimes vraiment, foncièrement. Et tu sais que tu pourrais devenir le dernier des connards, elle t'aimerais toujours ... même si tu le cache, ça fait un peu tressauter ton cœur vieillit.
Ton père ? Il travaille. On le voit plus rarement .. enfin, rien d'étonnant sur l'archipel. Il rentre quand même tous les soirs, ne cri sur personne, embrasse vos cheveux la nuit, à toi et à l'autre quand vous dormez, avant d'aller se coucher. De temps en temps même il s’octroie du temps pour s'occuper plus de ses enfants, il tente de vous sortir un peu mais tu n'aimes pas trop ça alors soit ça tombe à l'eau, soit il s'occupe avec Momo, celle qui est si intéressante. Ah ? Ta sœur ? Et donc ? Ça ne veut rien dire pour toi, les liens du sang.
Un jour comme celui-ci, ton père est allé chercher Momo, qui terminait l'école primaire plus tôt que toi, devant la grille de l'école primaire. Il faisait une chaleur écrasante, quasi insupportable, et quelques heures de cours te séparais encore de la sortie alors ton père avait eu la brillante idée d'emmener ta sœur à la plage.

Ce fut ta mère qui vint te chercher. Elle semblait enjouée de cette chaleur .. c'est vrai que ça faisait un moment que le temps d'été se faisait attendre, mais qu'importe. Elle te disais que ton père était encore à la plage. Tiens ? Pourtant il devait s'occuper de toi aussi ? Qu'importe. Tu fais ta moue blasée de j'en foutiste nationale. Tu vas rentrer, faire tes devoirs, attendre dans ta chambre, aller manger, retourner dans ta chambre et pas te mettre au lit de suite comme t'as dit ta mère, pas que t'ai quelque chose à faire mais pour le principe. Qu'importe. Tous les jours sont les mêmes. Tu trouves ça idiot et ennuyeux ? Tu te rend pas compte à quel point t'es un veinard.
Aujourd'hui tu rentre de l'école avec ta mère, mais aussitôt que tu passes la porte de la maison c'est plus un jour normal. Tu le sens. Le téléphone sonne. T'y prête pas attention. Ta mère décroche, puis un long silence pesant s'installe brusquement. C'est un de ces silence qu'on ne peut pas ne pas remarquer. Plus pesant encore que la chaleur dehors. Tu t'approches. Ta mère, son visage est défait, effondré. On dirait que trente ans ce sont passés sous le poids de ce silence. Elle a de grosses larmes le long des joues … Ton petit cœur sans émotions tressaute. Tu comprends vite. « que vas t’ont devenir ! » Elle répète en tremblant.
Plus tard, vous récupérez Momo. C'est elle qui s'est noyée, papa voulait juste la sauver … et il est mort, ce soir.
Tu lui en veux à elle ? Non. Tu restes juste sur le canapé en écoutant ta mère pleurer et ta sœur se confondre en excuses. Tu dis rien, tu reste inexpressif. Même toute l'intelligence du monde est inutile, alors tu la fermes. Tu penses même pas, ça sert à rien.

C'est ce que tu retiens. Même toute l'intelligence du monde peut-être inutile …
Tu grandis en changeant légèrement ta façon de voir les choses et avec le temps, tu modères plus tes actions et devient plus timide. Tu ne voit plus vraiment ta famille de la même façon, surtout ta sœur. Tu ne sais pas pourquoi ni comment mais elle a changée, parfois elle attire ton regard de façon injustifié et tu tâche d'oublier ça rapidement. Tu te demandes même si tu commences pas à t'attacher à elle … Mais bon, elle reste idiote et inutile alors faut pas déconner non plus.
Inutile ? Plus pour longtemps. Plus vous grandissez et plus vous coûtez à votre mère mais maintenant elle est la seule à subvenir à vos besoins croissant. Elle travaille d’arrache pied pour vous et malgré tout, ce qu'elle vous ramène devient vite insuffisant. La solution ? Que ta sœur soit repérée et devienne idole … LE truc que t'aurais même pas soupçonner y-a quelques années, en direct live réel aujourd'hui. C'est peut-être pour ça que tu la regardes un peu plus, ta sœur ? Son inutilités à été mise à profit.

Toi par contre t'es toujours le derniers des branleurs. Quoi ? Tu travailles à l'école ? Toi ? Tu travailles ? Laisse moi rire ! T'as même pas besoin de lever le petit doigt pour avoir des notes parfaites, le niveau de travail que tu fournis dépasse pas les 10% Mais toi c'est différent, normal pour toi de ne rien faire, vu qui tu es c'est le minimum, non ? Plus le temps passe et plus tu penses que non. Toi aussi tu es vain, inutile, mornes, tu n'as rien pour toi. Tu es inutile à ce monde …

Ayano.

T'as 16 ans, tu restes dans ton coin et ne fais attention à personne, t'ignores tout le monde.
Ça c'est ce que tu voudrais.
Parce qu'en réalité, tu ne peux pas ignorer « tout le monde » actuellement … y a une personne, bon certes c'est ta voisine de table en cours, qui te suit comme la misère sur le pauvre peuple.
Pourtant t'essayes de t'en débarrasser ! Tu l'ignores, tu t'écartes, t'es super froid, et tout ça en donnant l'impression que t'en a rien à faire, sans émotion, mais c'est comme tirer sur un élastique tu vois, il te revient dans la tronche encore plus fort. Encore une chose que ton intelligence ne peut résoudre ; la débilitée des autres.
En plus elle est vraiment idiote. Ses notes sont misérables et elle rit tout le temps, sans arrêt. Quand elle tombe, quand les gens lui parlent, quand elle te voit … ouais ...elle rit beaucoup quand elle te voit.
Quoi, t'es devenu un clown peut-être ? Qu'est ce qu'il y a de si drôle sur ton visage ? Pourquoi elle te colle avec son sourire colgate celle là ? Et ça dure en plus …

c'est pas que tu veuilles, mais tu es vraiment forcééé de l'accepter. T'as … vraiment pas le choix, pas vrai ? Elle, elle ne comprend rien, mais regarde là … ce serait pas une forme de … chance ? Elle te regardes avec ses yeux ronds, brillants …  Est ce que quelqu'un t'as déjà regardé une fois comme ça ? De toute ta vie ? Elle est peut-être juste fascinée par les causes perdues.
« qu'en penses tu ? » Elle te sourit encore, comme tous les jours, et s'adresse à toi comme si vous étiez les meilleurs amis du monde .. Tu es gêné … Tu ne sais pas vraiment quoi dire, mais comme toujours elle n'a pas la politesse d'attendre une réponse et attrape ton contrôle pour le plier et en faire un petit oiseau, avec son sourire radieux … et puis, avoue le, on s'en fiche si tu ne répond pas. Tu regardes juste son sourire.
Cette oiseau en papier, il gît là sur ton bureau et tu passe ton temps à le regarder d'un air vide, apathique.
Le soir du coup, comme tu n'avais rien à faire d'autre, tu te rappelle son sourire, cet oiseau en papier, son reflet dans la fenêtre, comme si elle volait dehors, et penser à tout ça te semblait bien plus agréable que tout ce que tu avais pensé le soir jusqu'à présent.
Du coup le lendemain tu te concentre sur le reflet et sans même t'en rendre compte, tu réponds de petits sourires, crispé certes, à ses remarques.
Elle t'emmène avec elle après, et deux de ces amis. Tu restes bien éloigné et distant, te protégeant sous une carapace arrogante et froide, vu que tu sais faire que ça après tout. Tu ne prête pas attention à ces moments.

Bien sûr, tu es premier de tous tes examens mais il en faut bien un, un premier. Avec le temps qui passe et tes petits os qui poussent, tu es de moins en moins fier de toi. Après tout, toi, tu n'as rien a envier, par rapport à elle … Tu ne la connais pas vraiment en fait. Tu ne sais pas son plat préféré, si elle a des frères et sœurs, qu'importe, tu n'y prêterais pas attention. Sans t'en rendre compte, c'est toi qui commence à la suivre.

Elle pleure. là. Dans la classe. C'est la première fois que tu la vois pleurer, hn ? Qu'est ce que tu vas faire .. non, qu'est ce qu'il faut faire ? Il faut aller consoler. Tes jambes ne bougent pas. Après tout, ce n'est sûrement rien. Tu verrais ta tête. Quoi ? Ça te secoue de voir ça ? Mais pourquoi ? N'es tu pas l'apathique et froid intello du fond de la classe ? Si. Tu passes ton chemin.

Le lendemain elle est absente. Ça te perturbe. Ça t'as mis mal à l'aise hier soir aussi. Enfin pas de quoi en faire un pâté non plus. Pour l'instant tu as autre chose à faire... Mais derrière toi on pleure et se tortille. Tu te retournes, chose inhabituelle si il en est, normalement tu te fiches de ces bruits. L'ambiance peut-être ? Tout semble essayer de te montrer qu'il n'y a rien de banal à cette journée. Alors, bigleux ? Tu les vois, ces fleurs, cette place vide, ces gens qui pleurent. Nan. Pas bigleux. Tu comprends le pire et tu comprend bien.
C'est étrange ce sentiment de vide pas vrai ? C'est quand tu constate le vide dans le reflet de la fenêtre que tu t'avoues toujours la regarder. Tu ne peux rien faire.
Encore une fois, ta matière grise est obsolète ! Mais pourquoi est elle si obsolète ?! Pourquoi ça ne te permet que d'attirer les faveurs de ces choses que tu hais et t'empêches d’accéder au bonheur auquel tu aspirait tellement en secret ?! Qui t'avais empêcher de bouger quand elle pleurait ! Ah si seulement tu avais pu, même un son, un pas, un sourire crispé comme tu les fais toujours ! Tout c'est envolé. Cet espoir que tu commençais a avoir … auquel elle t'avais fait prendre goût … ton cœur écorché pleurs devant tant d'impassibilité et de génie. Ce génie inutile et blessant que tu ne supportes plus. Et alors que tu regarde cet oiseau en papier qui ne voleras jamais, ce même petit cœur s'arrache, se déchire. Elle cherchait peut-être le même réconfort que toi … Tout ce que tu as été incapable de lui donner résonne comme une onde dans l'eau et déborde sur tes joues froides, tout ce qu'elle cachait derrière son sourire pour te faire plaisir … Tu ne l’oublias jamais.
N'es tu pas l'apathique et froid intello du fond de la classe ?   Non. Tu passes ton chemin.

Ce soir tu rentres et tu t'allonge dans ton lit en fermant la porte à clef. Non, tu ne seras plus l'intello froid et arrogant du fond de la classe. Tu n'y retourneras pas. Ni demain, ni après. L'intelligence est inutile pour être heureux. De toute façon tu ne seras jamais heureux, ton cœur est atrophié. Même avec tes fabuleuses bonnes notes et même en restant chez toi. Alors autant en profiter pour oublier la foule, les cris, les pleurs. Oublie tout ça.

Hikikomori.

Voilà. Ça fait un an maintenant que t'es un nolife, un bon gros Hikikomori.

Tu es un ado à morph' passant du lit au fauteuil en permanence.
Tu commente des mangas, lis des mangas, regardes des animes. Tu t'occupes.
Dehors ? Quoi, « dehors » ? il n'y a rien que tu désires au dehors. Pour toi le soleil n’existe pas. Il n'a jamais existé, pas vrai ?
Aujourd'hui, chose follichonne, tu reçoit un e-mail et l'ouvre tranquillement. Tout ton écran prend une teinte bleutée et ton cœur s'emballe, Noooon, pas un VIRUUUUUS !!! tes magnifiques écrits, ton beau travail, tous tes .. hum … téléchargements, !
Avant plus de panique, c'est une fille qui apparaît dans ton ordi et qui commence à te parler … Mais, attend ... quoi ?! Y'a une fille dans ton ordi bordel !! Et elle se présente là ! Elle te dit son nom ! Elle t'appelle « maitre » ! Et elle … se dandine ? Ouais … euh … Mais réagit bon sang !! on est pas dans un manga ! « bonjour ... » … mais quoi ? C'est tout ce que tu peux dire face à ça ?! Ta tête … Cette tronche d'ahuri que tu tires .. ça vaut tous les pris.

Un an passe … quoi ? Un an seulement ?? T'as juste l'impression que c'est une éternité. Après mûre réflexion, c'était bien un virus ! Un affreux, un infâme virus. Cette petite, elle te pourris la vie, ça te donne envie de pleurer.
Quoi ? Elle est apparue comme ça et puis elle a commencée avec ses remarques, ses bourdes, ses blagues … oh mon dieu ses blagues ! Et surtout, elle parle sans arrêt.
T'as fait tout ce que t'as pu pour la supprimer mais elle semble dotée d'une volonté propre et tu peux faire peu de choses à son encontre … Tu peux éteindre l'ordinateur … Ah bah non ! Elle est dans ton portable ! Ahah la bonne vanne ! Tu peux même pas la frapper et tout ce que tu lui dis lui passe à quatre étages …
C'est de la socialisation forcé ! Tu ne peux même pas porter plainte. Vie de merde. Tu supportes stoïquement depuis le temps. Mais bon. Parfois elle t'arraches un sourire ou deux. On ne peut pas avoir que des défauts, hn ? Toi non plus d'ailleurs. T'es un mec cool, calme, tu fais jamais de réclamations, t'es juste blasé et tu sais plus trop pourquoi mais tu détestes les autres. Peut-être à cause des regards accusateurs. Bah oui, être hiki, c'est vachement peinard mais c'est aussi très mal vu. Tu t'en fiches, hein ? Hein ? Nan .. Pas du tout.

Mais toi c'est pas pareil, tu vas être célèbre ! Tu as un projet. Tu écrit quelques chansons. Bon, rien de bien spécial pour le moment mais ça te motives. Y a une chanson aussi sur Ayano...
T'as bien grandi maintenant, cette fille, elle serait comment actuellement ? Ça pince un peu ton cœur quand tu y penses. Tu lui devais bien une chanson.. celle là, tu la cache même -surtout- à la fille dans ton PC, c'est trop. Trop personnel. C'est encore ton petit monde à toi. Maintenant que t'es hyper timide et renfermé, c'est ton moyen de te souvenir. Au fond de toi c'est encore si douloureux.

Évidemment ce jour là t'étais peinard et quand t'es peinard, la fille de ton ordi, « Ene », elle s'ennuie sévère. Elle commence alors à « s'occuper » en parlant sans arrêt pour rien dire mais toi, tu vois, t'as besoin de calme et de te concentrer alors tu fais de ton mieux pour l'ignorer mais du coup elle s'ennuie toujours et, et … Et tu le sais, dans ce genre de situation elle est incapable de savoir où s’arrêter et tu finis par t’énerver. C'est pas de ta faute, toi tu veux juste être tranquille ! Et ça ne loupe pas. Voilà que tu cris. Elle fait la moue et fourre le nez dans ce que tu fais pour s'occuper et toi, forcément tu travailles sur tes chansons. Mais c'est hors de question que tu lui montre quoi que ce soit. Tu protèges aussitôt ton fichier mais Ene est plus difficile a avoir que ça. Voilà qu'elle te menace de supprimer le fichier en faisant la moue.

Ton visage se transforme en une espèce de pâte à modeler et empreinte toutes sortes d'expressions plus horrifiés les unes que les autres, en une fraction de seconde tu es debout et le soda se répand sur ton clavier … attend quoi ?!  Le clavier ! La canette que tu venais de poser là ; pulvérisé par un coude en furie, ton clavier, totalement headshot. Tu te jette dessus dans un cris et essaye d'essuyer mais en vain … Il est  mort.
« aaah ... » Tu maudis Ene mais t'es trop blasé pour gueuler. Tu subis un décès quoi ...
Pompon ; c'est Obon. Aucune livraison. Tu n'auras pas de clavier avant plusieurs jours … plusieurs jours … rien que d'y penser tu sens ta force vitale s'échapper vicieusement.
Seule solution : le monde extérieur. Et encore, toi t'y penses même pas. C'est Ene qui te rappelle que ça reste une solution « probable ». mmh .. Que faire ? Sortir ? Rester chez toi ? Tu fixe l'écran en espérant une réponse. Ene se dandine comme si de rien était. Tu soupires et te lève puis enfile ta veste rouge. Pourquoi, on est en été ? Parce qu'elle te vas bien.

Tu te doutais pas encore que t'allais être confronté au sens du mot « ami »