Il y a un début à tout. ft Mitsuhide Bankichi

Koyen. Koyen. Koyen. Synonyme d’obsession. Il ne quittait plus tes pensées; chaque jour t'avais hâte qu'il se ramène au Q.G pour que tu lui rappelles à quel point ce type est une merde. Tu le voyais mourir, se faire consumer par tes flammes leeeentement. T'allais attendre un petit moment avant de tuer sa « petite amie » (oui ils ne sortent pas ensemble mais c'était tout comme). Tu voulais directement aller le chercher chez lui mais de toute façon, tu sais très bien qu'il finira par se ramener ici. Il n'avait que ça à faire, et il est obligé. Tu parcoures les rues, désireux de voir ton nouveau toutou débarquer dans ton entrepôt abandonné. Oh oh, qu'est-ce que tu lui ferais aujourd'hui? Tu pourrais l'initier à l'art de la scarification, ou tu pourrais le forcer à trouver une victime et à la frapper! Tant, tant de possibilités! T'en riais déjà d'avance, un rire complètement psychotique résonnent entre deux bâtiments. T'étais heureux comme un chien, ironique puisque c'était Koyen ton chien et pas l'inverse. T'étais tellement heureux; heureux de pouvoir faire n'importe quoi avec ta poupée déjà complètement vidée d'émotion. Parfois c'était ennuyant; mais lorsque tu touches un point sensible; la peluche revit et le spectacle est de toute beauté. T'es vraiment trop bien placé pour le savoir, parfois même tu pouvais en bander mais t'étais pas pervers à ce point là. Tu chantonnes des comptines avec un air des plus innocents. Tu pourrais prendre un air enfantin pour aujourd'hui; non seulement tu étais d'une humeur dégueulassement bonne mais en plus tu sais que cette innocence dégoûtait tout le monde un minimum sain d'esprit; Koyen n'est pas une exception, tu sais que tu lui donneras la gerbe à lui aussi et tu n'en seras que des plus satisfaits.

Tu croises plusieurs autres de tes anciens jouet. Des cadavres, c'est à dire. Tu ignores le fait qu'ils sont déjà rongés par les rats et en train de décomposer très lentement, et les salue très sympathiquement, agitant ta main pour les saluer, accompagné de diverses formes de salutation plus ou moins amicales. Complètement fou. Et tu sais très bien qu'ils sont morts, qu'ils ne peuvent pas répondre. Tu n'es pas aussi délirant que ça; tu possèdes encore un minimum de lucidité aussi incroyable que cela puisse être. Mais tu pouvais voir leur corps agonisant mais toujours en vie dans ta tête, tu te souvenais de leur nom, de leur souffrance sans fin et toi de ton scalpel brillant dans l'ombre de la ruelle dans laquelle vous vous trouviez. Yu, Nagisa, Haruka, Kazuki, Megumi. Tant de noms te revenaient! Et tu te sentais un peu nostalgique. Ça fait longtemps que personne n'avait souffert de par tes mains, ça te manque un peu. T'as envie de couper un doigt à Koyen, juste pour voir. Peut-être serait-il un peu plus expressif? Tu trembles sous l'effet de l'excitation et ta respiration est un peu moins stable, mélangée entre une hyperventilation et un rire aussi taré se le précédant. On te prend pour un fou dans les rues, tu tombais sur tes genoux et tu riais, riais encore et encore. La plupart fréquentant ses pauvres rues te connaissent de toute façon, il n'y a que les plus jeunes et les perdus qui semblent apeurés par ta crise de rire. Salut, moi j'suis Bankichi et j'explose de rire parce que couper le doigt à quelqu'un ça me fait bander. Sinon ça va? ... Ouais, t'es pas bien du tout toi.

Tu retournes dans le Q.G, essuyant les larmes coulant sur tes joues de par ton fou rire effrayant. Personne comme d'habitude, tous trop occupés à aller en cours ou à faire passer le temps — tss. Quoi de plus simple pour passer le temps que de se scarifier? Pas besoin de bouger et en plus c'était vraiment génial comme sensation. Mais là, tu voulais graver sur Koyen, alors tu attends ton petit préféré en jonglant d'une main avec ton scalpel. Et parfois tu t'ouvres un peu les doigts. Ça pique, ça saigne, ça s'infecte, et c'est drôle et du coup ça rit. Dieu ce que tu veux essayer ça sur ton toutou! T'as vraiment trop hâte. Allez. Allez. Allez. Dépêche toi, Koyen. Koyen. Koyen. Son nom résonne encore, et tellement que tu commences à l'oublier. Tu doutes de son existence, son visage; ses pleurs, sa peur. Avait-il réellement existait ou était-il juste une fantaisie de ton cerveau détraqué? Tu ne doutes qu'un très court instant, puisque de toute façon tu étais dans cette dure réalité, qui blesse et qui pourtant est des meilleures ; lorsqu'on dort, on ne ressent pas la souffrance, c'est tellement pourri. Tu enfouis ton visage dans tes mains pour t'empêcher de faire apparaître un énième rictus fou sur ton visage. Putain mais calme toi; ce type n'est qu'une sombre merde de toute façon, ne t'attends pas à ce qu'il soit aussi amusant à jouer avec que les autres, plus sûrs d'eux et résistant. Lui [Koyen] avait accepté dès la mention de « Hisahito-chan ». N'était-ce pas ridicule? Faible? Risible? Nul? Tu ne trouvais pas d'adjectif pour décrire cette dépendance. Ah! Si. Hilarant. Le voilà ce mot.

« Leader. » Tu ne l'avais même pas entendu arriver tellement t'étais à fond dans tes délires que t'avais pas entendu celui que tu avais tant attendu arriver. Un sourire semblable à celui d'un gamin venant de découvrir un cadeau se dessina sur son visage, et tu te jettes sur le ravenet avec un « Koyeeeen ~ ! » des plus contents et innocents. On pourrait même te croire sympa. Tu te frottes contre lui, puisqu'il est, comme la plupart des autres du groupe, plus grand que toi. On dirait une de ses filles dégueulasses quand elles voient leur petit copain... Ouais c'est pas terrible comme comparaison mais c'est exactement ce qu'il se passait. Ton sourire se fait un peu plus sadique mais ça, le plus grand ne peut pas le voir puisque ton visage est enfouit dans sa poitrine. “Leader”? Seulement? Tu te sens insulté — et Koyen ne t'a pas écouté. Tu ne lui as jamais donné la permission de t'appeler Leader. Seulement Mitsuhide-sama, comme pour tous les autres poupées sur tu avais eu dans le passé. « Leader? Qui t'a autorisé à m'appeler comme ça? » tu demandes tout aussi innocemment que ta fausse personnalité. Tu te décolles de son emprise, te penchant sur le côté d'un air plus ou moins confus. Puis tu te redresses, et fait un pas. Deux pas. Et tu poses délicatement le scalpel sur la joue pale du garçon. Lentement et minutieusement, tu enfonces l'arme dans sa peau, histoire de pouvoir y graver une croix. Un signe qu'il avait fait une erreur. Puis tu l'abaisses à ta taille, t'approchant de son oreille, ton sourire se faisant plus large. « Mi. Tsu. Hi. De. Sa. Ma. » Ton souffle vient coller la nuque du jeune homme pendant cinq longues secondes où tu le rappelles que lui n'avait ps les même droits que les autres de ce simple « surnom ».

Tu t'éloignes, un regard d'enfant de six ans prêt à l'expédition dans tes yeux. Innocent, enfantin. Ça allait avec ta bouille d'ange, mais ça faisait tellement glauque après ce que tu venais de faire. Tu fais de même sur ta joue droite; traçant un cercle cette fois-ci. Et ça pique, ça brûle, ça saigne, encore. Mais tu rigoles parce que; qu'est ce que c'est agréable comme sensation. Tu continues à sourire, comme tu l'as toujours fait. « Bon! On avait rien fait de spécial ces derniers jours. Chiant, hein? » tu demandes mais s'il répond t'allais probablement le tuer. Tu sais très bien que ça lui va très bien comme ça, mais toi, tu ne veux pas juste un pot de colle qui ne sert que pour décorer. Tu t'avances vers la sortie, te retournant pour lui faire face, en profitant pour lécher le sang traînant autour de tes lèvres. Flippant. « Je vais te montrer comment on passe le temps, ici. » C'est marrant comment on dirait que ce n'est que des choses innocentes que vous alliez faire. Non non, vous allez battre quelqu'un et lui voler son argent. Quoi de plus occupant? Quand on est chanceux, on peut refiler jusqu'à 20 000 yens ! Reste à savoir si Koyen — monsieur je suis une merde — était capable de lever la main sur quelqu'un. Et si ce n'est pas le cas, ç´allait être très amusant , tu pouvais déjà le deviner.