blind new •• feat. hikari miru

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Une fois n’est pas coutume, tu te réveilles à une heure à peu près normale pour le commun de la population de cette planète. L’horloge digitale posée en équilibre plus que bancal au bord de ta table de chevet vient tout juste d’afficher un 10:32. Pour quelqu’un comme toi qui pouvais te vanter (?) de se lever alternativement à 3 heures, 16 heures ou même 23 heures, oui, c’est un exploit de te lever à une heure aussi ordinaire – enfin presque, la plupart des habitants du reste de la ville devait déjà être en train de bosser. Tu roules paresseusement dans ton lit, sans la moindre envie de quitter ta couette, ce qui fait que tu finis enroulé dedans comme un parfait burrito – certes un peu ébouriffé. L’appartement des Ninomiya est à ton grand dégoût totalement silencieux, ce qui n’est pas vraiment étonnant, mais l’absence de bruit t’étant difficilement supportable, la première chose que tu fais après avoir laissé tomber ta couverture sur le matelas est d’enfiler ton casque. Okay, tout de suite ça va mieux.

Passant mollement une main dans tes cheveux désordonnés, tu te traînes jusqu’à la cuisine pour grignoter un bout, probablement un snack aléatoire pas forcément très bon pour la santé, mais suffisant pour te caler jusqu’à- pour te caler en fait, tu mangeras quand t’auras à nouveau faim, tu as horreur d’avoir des horaires fixées après tout. Tout en mastiquant un carré de la tablette de chocolat que tu avais grappillé sans aucun remords, tu commences à te demander ce que tu vas faire en premier aujourd’hui et bien sûr, tu n’en as aucune idée. Tu as pas mal de possibilités cependant – dont certaines, comme faire quelque chose d’à la fois productif et utile à la société, que tu ignores délibérément. Bon. Bah pour le coup, tu vas juste aller fuir tes responsabilités et aller dans le quartier le plus mal famé de la ville pour être sûr qu’aucune personne susceptible de te les rappeler ne s’y rende, ça te semble être un bon plan.

Une fois habillé – mouais, habillé, vite fait hein, t’as chopé les premières fringues qui te sont tombées dessus quand t’as ouvert ton armoire, chaussé tes rangers, tu t’es enroulé dans ton manteau avant de sortir. Les autres membres de l’Akame Dan vont probablement se poser des questions vu que tu te pointes au quartier général uniquement tous les 36 du mois quand il pleut, que la lune est bleue et que le vent vient du nord – mais c’est pas vraiment ta faute, t’aimes pas les endroits couverts et en plus, c’est un vrai dépotoir là-bas quand personne ne se dévoue pour nettoyer un peu, histoire que la planque ne ressemble pas à une décharge publique, les cadavres en plus. Est-ce qu’ils savent que t’en fais partie même ? Hahaha. Probablement. Ca dépendait de sur qui tu tombais et l’idée de tirer à pile ou face si t’allais t’en prendre plein la face en y allant t’amusait beaucoup – oui t’as des goûts très étranges, peut-être devrais-tu songer à aller te faire soigner mais cette pensée ne te traverse jamais l’esprit, parce que les hôpitaux psychiatriques, c’est sans doute très très ennuyeux.

Ce n’est que lorsque tu arrives là-bas et que tu te tiens dans l’encadrement de la porte que finalement, tu changes d’avis et que tu te dis que tu devrais aller ailleurs. Le bâtiment est désert et seul, c’est beaucoup plus difficile de s’amuser tiens. Tu soupires et tournes les talons pour t’en aller, jusqu’au moment où tu aperçois une jeune fille qui vient dans ta direction – soit le quartier général. Okay. Tu voyais pas du tout qui c’est donc soit c’était une inconsciente, soit c’était une membre que tu connaissais pas – mais qui connaissais-tu à part Bankichi ? Et encore, le chef, tu voyais sa tête et vite fait qu’il était encore moins sain d’esprit que toi, mais c’était tout, tu ne le connaissais ni d’Eve ni d’Adam.

Autant t’assurer de l’identité de l’inconnue qui était quasiment à ta hauteur maintenant.

▬ Qu’est-ce que tu viens faire ici, miss ? que tu demandes, le ton joueur, vaguement amusé de rien du tout.

Et tu te retiens de lâcher une connerie comme « si c’est la mort que tu cherches, t’aurais frappé à la bonne porte si elle était pas absente » parce qu’autant sur le papier, ça sonne un peu cool, tu sais que si tu prononces cette phrase, t’auras pas l’air con.

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Ce matin, comme la plus part du temps, je me suis retrouvée à déambuler dans ma chambre. De gauche à droite, de droite à gauche, en diagonale, en me prenant souvent un mur ou deux dans la figure ou en me prenant les pieds dans ceux de ma table de nuit, tous les chemins possibles de faire, je les ai fait, je connaissais ma chambre par cœur.

J’ai été tirée de mes pensées, quand je commençais à sentir la chaleur des premiers rayons de soleil, passer à travers la fenêtre de ma chambre; il devait donc être au alentour de 8h30.
Je suis donc allée prendre mon petit déjeuné. La domestique avait déjà tout préparé et venait de sortir pour aller faire quelques courses. Je me suis toujours demandée pourquoi n’était-elle pas partie, comme tous les autres…
Et pendant que je mangeais mes tartines, je me demandais ce que j’allais bien pouvoir faire de ma journée. Je pourrais passer au QG de l’Akame Dan, même si c’est assez éloigné de la maison, j’ai retenue le chemin pour y aller. Pour le retour j’ai toujours quelques doutes mais si je n’y vais jamais je vais finir par l’oublier totalement, et puis, il faut bien que j’y aille de temps à autres, pour rencontrer les autres, pour me faire accepter, pour me faire une place... J’avais fait mon choix, et de tout façon il y avait peu d’options. J’irais au QG.

Je suis donc allée dans ma chambre pour m’habiller.
Un, deux trois pas, je tourne à droite, puis 2 pas pour être en face de mon placard.
Quand je l’ai ouvert, je me suis mise à tâter tous mes vêtements pour trouver la robe que je souhaitais porter. Lorsque je mis la main dessus, la deuxième étape était de la mettre et, seule, cette étape n’était vraiment pas facile pour moi. Il fallait l’enfiler par le haut, puis mettre ses bras dans les manches, trouver le bon endroit pour la tête et, une fois mise, vérifier si la robe n’était pas retourner par endroits.

Après cette petite aventure, je me suis mise en route. Je comptais le nombre de pas que je faisais pour savoir ou tourner. J’écouter attentivement les pas des personnes se trouvant autour de moi, pour savoir où ils étaient, pour éviter de leur rentrer dedans, ou pour savoir quand est que je pouvais traverser sur les passages piétons … J’utilisais tous les sens qu’ils me restaient pour remplacer celui que je n’avais pas.

Vingt, vingt et un, tourne à gauche et tu te retrouves en face du QG !
Une fois arrivée au QG, j’étais assez méfiante. Lorsque je suis entrée, j’étais à l’écoute du moindre bruit, afin de savoir si il y avait des personnes, mais à cause du vent extérieur, qui venait de commençait à souffler, j’avais des difficultés à distinguer d’autres sons que celui-ci.
Mais d’un coup j’ai pu entendre les bruits de pas d’une personne se trouvant derrière moi.

▬ Qu’est-ce que tu viens faire ici, miss ?

Je me suis rapprochée, lentement, de cette voix.

- Miss ? Qu’es qu’il me veut lui ?

Comme je n’entendais pas autre chose que cette bourrasque infernale, après quelque pas, je me suis arrêtée, par précaution.

- Je m’ennuyais chez moi, je suis venue voir si il y avait des gens par ici, et t’es qui toi pour m’appeler miss ? ai-je dis avec un ton arrogant.

J’ai levé légèrement ma tête afin qu’elle soit à peut prêt au niveau de celle de l’inconnu ; je ne voulais pas qu’il sache que je suis aveugle, même si je croix qu’on le voyait assez facilement, enfin, d’après certaines personnes, à cause de mes soient disant, étranges yeux.

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Pour le coup, la demoiselle n'a pas vraiment l'air d'aimer l'appellation et cela te fait sourire très légèrement. Mais ça ne t'amuse pas vraiment en réalité, on ne peut pas vraiment dire que tu la manipulais en faisant croire que ça te fait rire alors que non – en fait si, c'est totalement de la manipulation mais à tes yeux, c'est comme respirer : normal et tu ne t'en rends même plus compte quand tu le fais. Elle s'avance ensuite de quelques pas, tu ne fais pas un geste pour l'arrêter ou pour reculer non plus. Tu notes cependant distraitement la distance qui vous sépare et la portée potentielle qu'un de ses coups pourrait avoir. Simple réflexe que t'as enregistré dans la rue, dans un quartier pareil et un tel groupe, ça servait toujours.

▬ Je m’ennuyais chez moi, je suis venue voir si il y avait des gens par ici–

Elle a envie de se faire lyncher, dis donc. Votre leader n'aime pas les femmes, c'est assez connu dans le Dan – oh wait, c'est vrai qu'elle n'en faisait pas partie. Mais dans ce cas, elle choisit bizarrement les trous dans lesquels elle traîne. A moins qu'elle ne soit tout simplement stupide, comme trois quarts de la planète, ou qu'elle ait quelques araignées au plafond – comme toi.

▬ Et t’es qui toi pour m’appeler miss ? qu'elle finit, méprisante.

Oh merveilleux. C'est que la jeune fille semble irritable. L'ennui vient immédiatement teinter ton regard turquoise, bien que tu conserves ton infime sourire supérieur. S'il y a bien un type de personne que tu n'aimes pas, c'est bien les gens colériques. En fait, tu ne les détestes pas vraiment pour ça, c'est juste que c'est trop prévisible et trop facile de les faire sortir de leurs gonds, ça n'a rien d'intéressant donc, rien qui ne pique ta malsaine curiosité qui te fait pousser les boutons à ne pas appuyer en tout cas. Et dans ton esprit, l'amalgame se fait rapidement entre le désintérêt et une étiquette "toi je t'aime pas, je te parle pas".

Tu fais un pas en avant, sûr de toi. Tu as conscience que tu n'es pas aussi imposant que certains dans le groupe – même elle fait environ la même taille que toi. Alors tu compenses autrement pour asseoir ton emprise sur les autres. Par exemple, là, tu es à moins d'un mètre d'elle. Envahir l'espace personnel des autres a souvent pour effet de les mettre mal à l'aise ou du moins, sur leurs gardes – du moins, c'est la réaction à adopter ici si on tient à sa vie et tu t'attends à ce qu'elle le fasse. En théorie, on s'attendrait alors à une attaque physique et l'attention se fixera dessus, te permettant de tirer les ficelles mentales plus facilement. Et tu montres que tu te places en situation de supériorité face à elle juste avec le langage corporel, mais tu ne dis rien qui le fasse penser – un sous-entendu est plus insidieux, il s'infiltre doucement et passe inaperçu lorsqu'il écrase les autres, alors que des paroles provoquent immédiatement une réaction de défense contre ça.

Bon. En partant du principe que la demoiselle est un petit peu irritable, tu devrais répondre–

▬ Oh, excuse-moi, tu n'aimes pas qu'on t'appelle comme ça ? Tu es trans peut-être ? balances-tu, complètement détendu, étrangement à l'aise.

Et tu ris légèrement ensuite, comme si la situation n'avait rien de bizarre et que t'en avais rien à foutre de ce qu'elle t'avait dit précédemment – ce qui était partiellement le cas en fait. Puis tu commences à tendre ta toile. T'as pas vraiment de raisons de l'embobiner comme ça, vraiment – à part que c'est amusant. Tu ne vois pas vraiment un être humain devant toi, mais plutôt un nouveau jouet que tu laisseras tomber quand tu te seras lassé. Et quelque chose te dit que ça sera très vite, tiens.

▬ Et qui es-tu, toi, pour me parler comme si j'étais ton chien ? Ton sourire s'élargit encore un peu. Tu as quand même conscience que dans un endroit pareil, on aurait pu te démembrer pour moins que ça – je me demande ce qui me retient de le faire d'ailleurs, achèves-tu à mi-voix.

Simple question rhétorique : tu ne démembres pas les gens. C'est salissant après tout.

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Le jeune homme avança d’un pas. À ce même moment, j’ai baissé la tête pour donner l’impression de « voir » ce mouvement. Je suis restée tel quel durant quelques secondes, puis j’ai relevé ma tête, pour la mettre au niveau de la sienne avec cet air totalement blasé que je sais si bien faire.
Pourquoi il s’est rapproché ? Y’a pas assez de place autour de lui ? Le QG est peut-être plus petit que je pensais…
Je restais sur mes gardes, car même si je faisais tout pour en donner l’impression, je ne pouvais le voir et je ne savais donc pas à quel type de personne j’avais à faire, enfin je n’oublie pas que je suis à l’Akame Dan !

▬ Oh, excuse-moi, tu n'aimes pas qu'on t'appelle comme ça ? Tu es trans peut-être ?

Lorsqu’il finit cette phrase, la première pensée qui me suit venus c’était : Va y, t’as le droit de lui donner une claque …
Mais je préférais éviter d’avoir des ennuis, surtout que je savais qu’il faisait ça pour m’énerver, je pouvais l’entendre au son de sa voix.

▬ Et qui es-tu, toi, pour me parler comme si j'étais ton chien ?

- Mon chien ?! Surement pas ! Un chien c’est mignon, ai-je dit en souriant, et ça n’as pas un nom …. D’ailleurs je n’ai même pas commencé par la base. Comment t’appels-tu ?

▬ Tu as quand même conscience que dans un endroit pareil, on aurait pu te démembrer pour moins que ça - Je me demande ce qui me retient de le faire d'ailleurs.

- Démembrer ?! Au sens propre du terme ? Genre… les os… qui font craque craque ?!
Je dois reconnaître que cette explication n’était pas très claire…. Mais je n’ai pas réussi à trouver mieux et il fallait bien que je lui réponde quelque chose. Quand quelqu’un dit quelque chose comme ça, on ne reste pas sans rien faire. Il voulait m’énerver et bien il peut être fier de lui, il a réussi !

- C’est étrange, mais je n’ai pas du tout l’impression que tu sois le genre de personne à faire ce sale boulot…, ai-je dit avec un petit sourire en coin.

Tout en continuant cette charmante conversation, j’ai décidé de m’asseoir par terre. J’étais fatiguée, je ne voulais absolument pas rentrer chez moi et je voulais continuer à parler avec ce type. Il est vrai que j’avais l’air d’une parfaite abrutie à m’asseoir par terre, surtout dans un endroit comme celui-ci, mais j’aurais eu l’air encore plus idiote, si je m’étais mise à tâter tout ce qui m’entourait pour trouver un endroit où s’asseoir.

Je sortis un paquet de chewing-gum, qui était resté au fin fond de ma sacoche. Deux chewing-gums étaient posés au creux de ma main. Un, finit dans ma bouche, quand au deuxième… :

- Tu comptes rester debout, tout seul, comme un idiot encore longtemps, ou tu me rejoins par terre ? Ai-je dit en tendant ma main, avec le chewing-gum, vers lui.

Je ne sais pas si c’était un moment d’inattention de ma pars, mais, je ne faisais plus attention à la « position » de ma tête, de mon regard et en tendant ce chewing-gum, mon regard n’était pas vers celui-ci, mais tout simplement droit devant moi.

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Ooooh, si c'est pas mignon cet air blasé. Ça te donnerait presque envie de lui frotter la tête et lui passer un biscuit, là. Brave gosse. Dommage que tu te sois déjà engagé dans ton acte habituel, sans quoi tu aurais roulé des yeux – en souriant de manière supérieure, cela va de soi. C'est tout de même fou de voir à quel point tu peux te montrer insupportable et aimer ça, comment as-tu pu survivre aussi longtemps sans avoir envie de te jeter sous les roues d'une voiture en prenant soudainement conscience d'à quel point tu es exécrable ? En fait, la réponse est simple : tu n'es pas exécrable, ce sont les gens qui se font des idées, voyons.

C'est juste qu'ils manquent d'esprit critique et de jugement pour te faire conscience, et ensuite ils rejettent la faute sur toi, tout simplement parce qu'ils n'assument pas. Enfin, tu ne t'en plains pas réellement : s'ils t'en veulent, ils reviendront et tu pourras t'amuser un peu plus avec eux. Haaa, ce que l'espèce humaine est drôle quand même.

▬ Mon chien ?! Surement pas ! Un chien c’est mignon– Oh, en effet, t'es pas mignon toi, t'es mieux que ça, faut pas se le cacher. Et ça n’as pas un nom …. D’ailleurs je n’ai même pas commencé par la base. Comment t’appels-tu ?

Oooooh, encore plus mignon – c'est sarcastique, bien sûr. Tu voyais pas trop l'intérêt de donner ton nom pour le coup. Comment dire – oui non en fait, t'as même pas besoin de te justifier, c'est juste que tu n'en as pas envie. A partir du moment où elle s'avérera être un pion intéressant à défaut d'être utile, peut-être que tu reconsidéreras la question – et encore, il y avait de fortes chances que tu lui sortes un mensonge, juste pour pouvoir se foutre de sa gueule quand elle s'en rendra compte. Tu esquives donc la question.

▬ En théorie, tu es sensée donner ton nom en premier, c'est plus poli, que tu lâches d'un ton un peu moqueur, le ton que tu prendrais avec un gamin ou un petit animal.

▬ Démembrer ?! Au sens propre du terme ? Genre… les os… qui font craque craque ?

Cette fois-ci, ton sourire s'élargit légèrement. T'as une image un peu plus trash à l'esprit – venant de la part de quelqu'un qui regarde des vieux films d'horreur à 4 heures du matin et qui considère Hannibal comme sa série préférée, c'est pas étonnant. Est-ce que tu devrais lui expliquer en détail ? La peur marche parfois mieux avec la suggestion ceci dit, l'imagination humaine est un outil assez puissant lorsqu'il s'agit de ça. Hmmmm. Tu vas lui épargner la description, allez. Juste pour déterminer quel genre de personne elle est : le type à visualiser immédiatement l'image en 1080p dans son esprit ou plutôt à se dire que de toute façon, t'allais pas oser.

▬ C’est étrange, mais je n’ai pas du tout l’impression que tu sois le genre de personne à faire ce sale boulot… Bon bah, ça, c'est fait hein.

Par contre, tu comprends pas trop pourquoi elle s'assoit. Est-ce qu'elle se rend seulement compte que c'est un des pires choix de survie possibles ici ? Il suffit juste que oh, ton pied glisse, et c'est bon, tu peux lui refaire le portrait – bon tu vas pas le faire, parce que la violence gratuite n'a absolument rien d'amusant, c'est répétitif, mais quand même. Et puis autre chose, niveau langage corporel, elle se place en position d'infériorité là. Est-elle juste un peu stupide ou est-ce qu'au contraire, elle cache bien son jeu ? T'espères un peu que ça soit la seconde option. Ça serait pas drôle sinon.

C'est alors qu'il se produit quelque chose d'étrange. La demoiselle avait fouillé dans son sac pour en sortir des chewing-gums avant de t'en tendre un ensuite. Déjà, c'est un peu suspect en soi, elle n'a aucune raison de se montrer aussi généreuse – à moins, encore une fois, d'avoir quelque chose en tête. Et autre chose étrange, elle ne te regardait pas lorsqu'elle t'a tendu la friandise. Ça t'aurait pas tellement dérangé en temps normal mais là ... Ah. C'est peut-être son regard qui te dérange. Il est fixe, ce qui n'est pas naturel du tout. Hm. Est-ce qu'elle voit mal ... ? Non, si c'était le cas, elle plisserait les yeux et elle verrait quand même le mouvement. Est-ce qu'elle ne voit pas du tout alors ... ?

▬ Tu comptes rester debout, tout seul, comme un idiot encore longtemps, ou tu me rejoins par terre ?

Tu choisis cette occasion pour vérifier. Tu saisis le chewing-gum, te laisses tomber sur les marches à l'entrée du QG, ouvres l'emballage mais ne manges pas. Pas tout de suite. Si elle y voyait, elle le remarquerait et même si elle ne te disait rien, le langage corporel ferait le reste. Si par contre, elle n'y voyait pas ...

▬ Que me vaut tant d'honneur ? répliques-tu, un brin de sarcasme à peine voilé dans ta voix.

Tu froisses un peu l'emballage avec tes doigts, tu joues avec alors que tu déplies tes jambes devant toi – c'est calculé pour te faire paraître plus imposant en fait, mais tu viens de te rendre compte que si elle est aveugle, ça ne sert pas à grand-chose. D'ailleurs, une sorte de curiosité et jubilation un poil morbides (ou tout du moins malsaines) s'immisçaient peu à peu dans ton esprit. Une partie de tes outils favoris devenait inutile, corsant un peu plus le défi, ce qui est tout à fait à ton goût – mais pas particulièrement rassurant vu ce que ça révèle sur ta santé mentale.

▬ Tu as des passe-temps étranges tiens –manger des chewing-gums dans une banlieue pas recommandable... commentes-tu à mi-voix, tournant et retournant le rectangle caoutchouteux entre tes doigts comme s'il dissimulait quelque chose.

T'es pas mieux ceci dit, mais t'as absolument aucune honte à faire preuve de mauvaise foi.

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- En théorie, tu es sensée donner ton nom en premier, c'est plus poli, dit-il avec un ton moqueur.

Je pense que je commence à bien cerner le caractère de ce type. C’est assez drôle en réalité.
Pour dire vrai j’en avais strictement rien à faire qu’il connaisse, ou non, mon nom.

- Puisque tu y tiens tant que ça. Moi c’est Hikari Miru, j’ai 16 ans, je fais 1m68 et 50kg. Les gens mon souvent dis que j’étais trop froide et trop direct, moi, perso, je sais pas et je m’en fou totalement. Je te raconterais le reste de mon histoire quand on se connaitra un peu mieux.

Je ne sais pas trop pourquoi je lui ai raconté tous ça, sans toute pour connaître sa réaction. C’est sorti tout seul, naturellement et sur le même ton.
J’ai laissé un petit moment de silence.

- A toi ! Ai-je dis avec un grand sourire.

Je ne sais pas si il va me dire la vérité… ce type est du genre à se foutre de la gueule des gens j’ai l’impression… Mais ça m’amuse assez de jouer à ce jeu d’enfant.

Peut après m’être assise, il me rejoint et prit au passage le chewing-gum. Je l’entendais, il l’avait déballé et jouait avec l’emballage.

▬ Que me vaut tant d'honneur ?

Quand il m’avait dit ça je ne regardais pas vers lui mais toujours droit devant moi et j’étais attentive aux moindres bruits. J’avais l’impression qu’il ne mangeait pas le chewing-gum que je lui avais passé. Lui j’ai l’impression qu’il me cherche.

- J’ai une question… quel est le parfum du chewing-gum ? Ai-je répliqué sans la moindre émotion visible sur mon visage.

Quatre options s’offraient à lui. Soit il l’avait dans sa bouche et donc pas de problème pour répondre à cette question. Deuxième options, il le met dans sa bouche, maintenant, mais je l’entendrais. Troisième, il me sort une excuse du style : bah pourquoi ? Tu ne connais pas le parfum de ton chewing-gum ? Quatrième, il regarde l’emballage qu’il a chiffonné, donc en le dépliant ça va faire un bruit énorme.
C’est vrai, c’est une question très étrange et bien ridicule, mais je voulais savoir si il ce foutait vraiment de moi. C’est vrai aussi, que je voulais m’amuser et continuer à parler avec ce type.

Je l’entendais jouer avec ces jambes... Aurait-il des besoins pressants ?

- T’as envi d’aller aux toilettes ou quoi … ? Ai-je dis, en plaçant mon regard, d’ou provenait le son que faisait ces jambes.

▬ Tu as des passe-temps étranges tiens –manger des chewing-gums dans une banlieue pas recommandable... Dit-il à mi voix.

Ha ! Il est trop lui ! Bon je dois reconnaître qu’une fille, aveugle, dans un lieu comme celui-ci ce n’est pas la meilleure idée du siècle.

- Je suis peut-être bizarre de venir ici, mais je ne suis pas seule on dirait. Toi aussi tu as des passes temps étranges tu acceptes un chewing-gum d’une nana que tu ne connais pas, dans une banlieue pas recommandable ...

C’en suivit dans long silence ... je pensais à ce qu’il m’avait dit et je pensais à ce que je venais de lui dire. Lui aussi il est dans cette banlieue, qui, comme il l’a si bien dit, « n’est pas recommandable ».

- Mais d’ailleurs ! Qu’es que tu fous, dans un endroit comme celui-ci !? Il faut que tu rentres chez toi. Tu ne peux pas rester dans un endroit pareil !

Mais quand j’y repense il était prêt à rentrer dans le QG tout à l’heure …. Serait-il possible que…

- …. Es que par hasard …. Tu ferais partie de l’AD ?

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▬ Puisque tu y tiens tant que ça. Moi c’est Hikari Miru, j’ai 16 ans, je fais 1m68 et 50kg. Les gens mon souvent dis que j’étais trop froide et trop direct–, et étrangement, personne n'a jamais mentionné qu'elle était aussi un peu stupide, –moi, perso, je sais pas et je m’en fou totalement. Je te raconterais le reste de mon histoire quand on se connaîtra un peu mieux.

Hahaha– Mais c'est qu'elle le faisait vraiment en plus. Woah. Pour un peu, tu rirais – faussement bien sûr, rien n'était jamais authentique chez toi. Deux choses : soit elle mentait, soit elle était réellement inconsciente. Il n'y avait que les idiots qui étaient persuadés qu'on ne pouvait rien faire une fois qu'on connaissait ce genre de choses. Un peu d'imagination suffit pour déduire certaines informations, voire échafauder un scénario entier.

Tiens, par exemple. Elle disait s'appeler Hikari Miru, elle avait 16 ans. Elle était mineure, donc sans doute sous la garde d'un quelconque tuteur, que ce soit ses parents ou quelqu'un d'autre. 1m68 pour 50 kg. Un peu maigre donc : est-ce que son ou ses tuteurs la nourrissent mal ? Tu penchais plutôt pour cette option : un parent normal ne laisserait pas son enfant se laisser aller à perdre autant de poids. Trop froide, trop directe, ne se soucie pas de l'opinion des autres : en général, ces traits se manifestent plutôt chez des personnes qui ont connu des difficultés dans la vie ou du moins, qui a grandi dans un environnement qui nécessite de rester en garde – t'étais assez pour la théorie de la culture plutôt que de la nature. Dans ce cas précis, l'entourage difficile pouvait très bien être ses gardiens, encore une fois. Il y avait aussi la possibilité qu'elle se donne juste un genre. Hm. Elle te raconterait son histoire lorsque vous vous connaîtriez un peu mieux ? Haha. Comme elle est mignonne. Cette phrase sous-entendait qu'il y avait bien quelque chose à raconter – les gens ne prennent pas la peine de parler de ce qui est "la norme". Vivre une vie "normale", "heureuse" ou au moins "satisfaisante", c'était plus la peine d'en parler, tout le monde s'en foutait. Ils frétillaient plus pour les infos croustillantes, ils préféraient pleurer sur leurs malheurs et attendre de récolter quelques affections, quelque chose du genre. Donc oui, s'il y avait bien quelque chose à raconter, ça devait pas être reluisant. Ça ou alors elle aimait frimer, mais elle en avait pas vraiment l'air. Les personnes qui sont vantardes étaient en général bien plus expressives, c'était plutôt un trait d'extraversion.

Le tableau que tu dressais donc momentanément de ce qu'elle t'avait dit était donc le suivant : une fille au passé pas forcément facile, sans doute à cause de sa famille ou de son entourage proche, qui a peut-être des difficultés encore aujourd'hui. Peut-être aveugle, tu n'en étais pas encore sûr. Assez confiante en elle ou alors, inconsciente du danger, l'un ou l'autre. Impassible – un langage corporel un peu moins facile à lire, peut-être une conséquence d'avoir à subir en silence (?), tu ne pensais pas que ce soit une volonté de se fermer aux autres, sans quoi elle ne t'aurait pas dit tout ça. Un poil colérique, tu pouvais toujours exploiter ça.

Bien sûr, ce n'était valide que si elle ne te racontait pas des salades.

▬ A toi !
▬ Parce que tu veux vraiment connaître la vie d’une personne que tu viens de croiser dans les bas-fonds de la ville ? que tu répliques, l’amusement bien perceptible dans ta voix.

Tu serais prêt à parier que la demoiselle allait te dire qu’elle en avait rien à faire et que c’était ton problème si tu répondais ou non – ça, ou alors elle t’enverrait bouler avec une répartie mordante. C’était ce que tu prédisais de ce que t’avais déjà vu de son caractère et quelque part, t’espérais que ça serait pas le cas. Dès que quelque chose devenait prévisible, ça le rendait également très ennuyeux à tes yeux. T’avais besoin d’un peu de stimulation, merde, le monde te devait bien ça après t’avoir créé, quel intérêt sinon.

▬ J’ai une question… quel est le parfum du chewing-gum ?

Le goût de ton chewing-gum, la bonne blague !

▬ Menthe, tu réponds de la manière la plus nonchalante qui soit.

Est-ce qu’elle venait de te donner la preuve qu’elle n’y voyait rien, sans quoi elle le saurait ? D’ailleurs, même pas besoin de voir la couleur du rectangle caoutchouteux pour le savoir. Ces sucreries-là sentent fort, suffit d’en déballer un et tous les voisins le sentent – t’en avais déjà assez fait l’expérience dans ta scolarité. Elle est marrante cette fille. C’était quoi cette question ? Une vague et piètre tentative de conversation ? Si elle voulait parler de chewing-gums, il y avait plein d’autres sujets bien plus naturels – est-ce qu’elle n’avait aucune expérience de la conversation ? Ça, ou alors, c’était sa manière subtile de te dire de le manger fissa, auquel cas tu trouvais ça franchement ridicule – enfin, ça l’était quelle que soit son intention de base de toute façon.

▬ T’as envie d’aller aux toilettes ou quoi … ? Tu roules des yeux et répliques immédiatement.
▬ Woah, élégance. Raffinement. Classe. 10/10. Good job. T’es sûre d’avoir 16 ans ?
▬ Je suis peut-être bizarre de venir ici, mais je ne suis pas seule on dirait. Toi aussi tu as des passes temps étranges tu acceptes un chewing-gum d’une nana que tu ne connais pas, dans une banlieue pas recommandable ...

Mais c’est Einstein cette fille, pourquoi on lui donnerait pas un prix, wow, tant d’intelligence, tant de discernement, t’en perds tes mots, c’est éblouissant, tu l’aurais jamais remarqué sans elle. T’étais une irrégularité, un bug dans la matrice et t’en avais pour ainsi dire rien à foutre – enfin, ça t’arrangeait un peu en fait, avoir une conscience quasi inexistante était bien utile.

▬ Mais d’ailleurs ! Qu’es que tu fous, dans un endroit comme celui-ci !? Il faut que tu rentres chez toi. Tu ne peux pas rester dans un endroit pareil ! Et elle ne sait pas lire entre les lignes, tu commences aussi sérieusement à hésiter entre si tu la trouves conne au point que ça en soit drôle ou que ça en soit irritant. [color=#0099ff…. Es que par hasard …. Tu ferais partie de l’AD ? [/color]

Tu lui donnerais bien 10 pour la déduction mais vu que tu es un connard, tu choisis de te dire qu’elle est stupide de sauter aux conclusions ainsi, même si pour le coup elle a pas tellement tort – t’en fais partie après tout, mais est-ce que t’es un membre à part entière, mystère.

▬ Et toi, est-ce que tu es juste stupide ou tu le fais exprès ? Tu lui réponds du tac au tac. Ou alors tu ne tiens pas tant que ça à la vie, ce qui expliquerait pas mal de choses.

Tu la jauges du regard, maintenant avec une pointe d’ennui dans les yeux. Ça t’amuse pas les questions-réponses, c’est rébarbatif quand ton interlocuteur lambine au niveau intellectuel.

▬ Si tu t’imagines que te balader en posant des questions dans la rue comme ça est un bon moyen d’avancer dans la vie, tu vas vite te casser la gueule.

Et toi, tu sortiras le pop-corn.

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