crushing common sense -- uso-tsuki/iona

Iona est là, à fixer sans émotion le mur en face de son petit corps. Une activité peu passionnante mais qui suffit à la pseudo-sorcière, qui prend du plaisir à regarder tout et n'importe quoi. Mais Iona ne fixe pas le vide. Iona fixe une toile d'araignée, une toile d'araignée avec un papillon au centre, bien emprisonné selon les règles de l'art. Iona n'a pas peur des insectes, ainsi, elle approche sa main de la toile sans problème, et repousse au passage gentiment l'insecte à qui appartient cette même toile. Iona est perdue dans son observation, Iona ne fait plus très attention à ce qui l'entoure. De ses petites mains frêles et transparentes, Iona libère le papillon, sans vraiment réfléchir au pourquoi du comment, à la cause de cette petite action. Iona ne sait pas qu'un papillon ne vit que maximum quelques semaines une fois sorti de la chrysalide, et que en liberté ou bouffé par une araignée, sa vie se finira de la même façon. Iona ignore également que sa vie finira peut-être de la même façon, elle ne s'en rend pas compte, elle ne veut pas.

Alors Iona passe son temps dans les ruelles sombres, comme celle où elle se trouve actuellement, certaine d'avoir accompli une bonne action. A ses yeux, c'était bien et louable. Mais les yeux d'Iona sont trompeurs, les yeux d'Iona mentent, les yeux d'Iona montre à Iona une réalité altérée, une réalité comme elle l'imagine elle, qui s'apparente à son utopie. Et elle trouve ça beau, elle veut construire quelque chose qui y ressemble, quelque chose qui pourra capter et enfermer cette beauté. Et elle laissera après les humains y vivre paisiblement, fière de son œuvre, à l’instar d’un dieu, sans même faire le rapprochement une fraction de seconde. Iona est simplette, Iona ne se rend pas compte.
Et Iona se relève, elle enlève la poussière de sa belle robe rouge en tapotant délicatement dessus, elle remet son chapeau droit, elle veut être présentable. Elle aime bien ses habits, elle les trouve bien beaux. Iona ne remarque même pas que sa robe et sa tenue en général est du même rouge que ce liquide vital nommé le sang. Iona ne se rend pas compte, Iona est aveugle mais sa vision est parfaite quand elle regarde quelque chose. Iona est sourde mais entend aussi très bien. Iona est malade.

Puis Iona regarde autour d’elle, à la recherche du soleil, à la recherche du soleil qui brûle les yeux, mais qui réchauffe. Le soleil est égoïste à n’éclairer que quand l’envie lui prend. Iona n’est pas égoïste elle, elle donne tout ce qu’elle possède, elle se donnerait si son utopie pouvait devenir réalité. Mais la définition même d’utopie est qu’elle n’est pas réelle et ne peut pas le devenir. Ça non plus Iona ne le sait pas. Iona ne sait rien, Iona est ignorante. Elle ignore même les cadavres à ses pieds cette sorcière. Elle a étranglé, elle a ri beaucoup aujourd’hui, c’est une bonne journée, elle se rapproche de son objectif, elle le sent. Mais elle sent aussi qu’elle doit partir, sans savoir pourquoi. Iona ne veut pas non plus rester coincée dans la toile.

Perdue dans ses pensées et toujours dans la même ruelle, elle remarque un peu tard l’homme au regard haineux qui s’avance vers elle. Mais Iona le reconnait, il était avec les gens qu’elle a étranglé avant de prendre la fuite. Ça la dégoûte de le voir revenir après tant de lâcheté. Alors Iona soupire gentiment, et arrête tout. Iona utilise sa capacité, sa magie secrète. Iona joue avec le temps. Et alors que tout est à l’arrêt, Iona s’avance rapidement, court vers l’homme et répète sa même opération qu’elle connait si bien. Et tout se remet en marche, avec un habitant en moins sur Terre qui tombe aux pieds de la brunette.

Elle laisse échapper un nouveau rire, légèrement moqueur, totalement dérangé. Puis elle relève la tête, fixant l’entrée de la ruelle jonchée de cadavres. Iona n’est même pas à la moitié de la rue, mais une silhouette la fixe. C’est un homme, Iona arrive à le voir. Elle se doute aussi qu’il a tout vu et lui adresse son gentil sourire de malade. Iona est hors des limites humaines.

Spoiler:

Hum, c'est vraiment chiant d'errer dans la banlieue sans trop savoir quoi faire. C'est le calme plat, ces derniers temps, résultat je sais plus quoi faire de ma vie. Ah là là, c'est triste, quand même. Enfin, j'ai l'habitude, je vais pas me laisser aller à la déprime, j'ai pas envie. Puis c'est pas comme si ça faisait deux ans et demi que j'étais dans cette situation. C'est devenu mon quotidien, je me rappelle même plus comment je faisais avant. Elle est belle, la vie, vraiment. Haha. Et je sais que, inévitablement, mes pensées vont encore et encore se tourner vers lui. Comme toujours, en fait, ça doit bien faire quatre ans que je pense à lui à peu près, hm, tout le temps. Ça aussi, c'est une habitude, et je me demande encore comment je faisais avant. C'est si loin... «Où est-il ? Que fait-il ? Est-ce qu'il va bien, est-ce qu'il s'est encore ouvert les bras ?» Tant de questions sans réponses. Il me manque, ce con. Enfin, je vais le voir bientôt, donc c'est pas trop grave. Ainsi va la vie et ainsi vont mes pensées, ainsi bercent-elles les pas.

Et comme mes pensées, mes pas se sont perdus. Mais pas vers Bankichi. Dommage. Je suis où, là ? Je connais assez bien la banlieue, mais me voilà dans une rue, ou plutôt ruelle, que je n'emprunte presque jamais. Bon, faut dire aussi que c'est une impasse. Y a quand même des gens à ce que je vois. Un homme, et, hum, une fille ? Habillée en sorcière ? Bizarre. Vraiment bizarre. ... ... ... Eh ? Je cligne des yeux. Qu'est-ce qui s'est passé ? C'est moi ou y a comme un décalage ? Elle était plus loin, à l'instant, non ? Et le mec, pourquoi il s'écroule ? C'est flippant... Son rire, aussi, à elle, il est super creepy. Je déglutis. Une sorcière, hein ? Une sorcière qui utilise ses pouvoirs pour tuer des gens, une sorcière qui rôde dans la banlieue de Mekakucity sans laisser de trace, si ce n'est en semant les cadavres. Ça fait quelque temps que c'est une légende urbaine, une histoire qu'on raconte en soirée pour se faire peur, un conte dont on doute toujours de la véracité tellement il semble probable et pourtant improbable. Mais me voilà devant elle. La sorcière de la banlieue, hm ? Elle existe donc vraiment, ce qui explique en quelque sorte l'origine de l'histoire. Hm, je suis censé faire quoi, moi ?

Elle me fixe et me, hm, sourit ? C'est aussi effrayant que rassurant. Non, plus effrayant en fait. J'ai pas spécialement peur des sorcières, mais elle visiblement, si elle est humaine et se prend pour une sorcière, et si elle arrive à tuer un gros baraqué comme à l'instant en une fraction de seconde, y a un problème. Très probablement même un problème d'yeux rouges, ça doit être sa «magie». C'est logique. Oui, c'est surnaturel et pourtant logique. Enfin bref, son sourire est quand même assez terrifiant, elle a pas l'air du tout bien dans sa tête. Et elle se rapproche. Fais quelque chose, reste pas planté là à rien faire Uso, bordel ! Sinon, vu que tu as vu (cette phrase) qu'elle l'a tué, elle va sûrement t'éliminer aussi, non ? Pour genre, avoir pas de témoin ? Ahem. Ce serait embêtant. Je respire un coup et me donne l'air d'être calme. Parfait. Si elle me sourit, c'est quand même qu'elle doit être contente, non ? Donc faut pas la fâcher. Fais gaffe à ce que tu vas faire, Uso. Je lui adresse un petit sourire quand elle arrive à mon niveau, en réponse au sien. «Alors il méritait la mort...», lâché-je d'une voix douce. Si je rentre dans son jeu, ça devrait aller. Non ?

Iona observe le nouveau venu, avec une curiosité non dissimulée, mais ne voit là qu'un individu assez normal au final, ne se démaquant pas par son physique. Enfin de ce qu'elle a vu, il ne se démarque pas vraiment, mais la demoiselle n'a pas non plus vu énormément de choses, restant cloitrée dans la banlieue, surement par peur de l'inconnu. Elle trouvera toujours des prétextes et des raisons diverses, et toujours ignorera la vérité, ou plutôt, jamais ne la découvrira, parce qu'elle ne s'en rend même pas compte de tout cela. Et c'est triste, elle est triste Iona, pauvre petite, victime de sa propre vie.

-Alors il méritait la mort...

Il a brisé le silence, la quiétude d'un instant, et arrache à la jeune fille une expression étonnée, pour quelques secondes. Pas non plus une grande stupeur, juste une légère surprise, simplement parce qu'il a compris. Et rapidement un sourire presque glauque se dessine sur le visage de la brunette, un grand sourire de malade. C'est ce qu'elle est, autant de pas dissimuler ce point, de toute façon, tout ceux qui croisent son regard s'en rendent bien vite compte, du moins s'ils peuvent vraiment le voir. Elle est contente Iona, tellement contente que quelqu'un comprenne ce qu'elle tente de faire.

-Yup ! Des mauvaises personnes à supprimer.

Et puis elle se rapproche encore un peu, pour arriver à hauteur de l'inconnu, ce malgré la différence de taille, Iona conservant ce retard de croissance la rendant inoffensive aux yeux des idiots. Et elle le fixe, elle plonge ses yeux dénués d'émotions dans ceux de l'autre, comme pour sonder ce qu'elle ne peut sonder, trop enfermée dans une certaine solitude. L'affaire de quelques secondes qui semblent durer longtemps, le temps semble toujours s'écouler étrangement autour de la brunette, et pourtant elle n'a même pas utilisé sa magie cette fois.

Visiblement satisfaite de ce qu'elle peut voir dans ce regard, c'est-à-dire pas grand chose, la sorcière de rouge vêtue s'écarte de quelque pas, mettant un peu de distance entre sa personne et la personne étrangère. Sans raison, juste comme ça. Joignant ses mains gantées avec une certaine énergie, la jeune fille adopte un air joyeux, presque dérangeant quand se trouvent au bout de la rues des cadavres.

-Iona n'a fait que ce qu'elle devait faire ! Elle a fait la justice, comme c'est son boulot normalement de supprimer les nuisibles ~

Une pause, un instant de réflexion. Il ne faudrait pas non plus qu'elle paraisse un monstre aux yeux de l'autre qui semble comprendre ce qu'elle dit comparé à beaucoup d'autres ignorants. Aussi la demoiselle se déplace-t-elle rapidement à la gauche du garçon et ce, sans qu'il puisse vraiment le prévoir. Enfin ce n'est là qu'une demie vérité, la brunette ayant utilisé son pouvoir pour un déplacement plus théâtral, ayant compté les secondes ou le monde s'arrête pour elle, pour se déplacer. Les autres auront l'impression qu'elle aura disparue et réapparue plus loin, Iona seule étant vraiment au courant de ce qui se passe durant ces 5 secondes altérée.

-Mais Iona a tenté de les convaincre de devenir des gens bien. Ils lui ont dit "va crever", elle a compris un non, du coup elle a fait le ménage.

Un air enfantin sur le visage quand elle explique cela comme la plus pure des vérité, contraste avec le récit proposé. Petit monstre que voilà, souriant et fier de ses actes.

Eh, elle a l'air… Surprise ? J'aurais pas dû dire ça ? Oh merde oh merde oh merde oh me— Ah nan, ça va en fait. Pfiouuuuu. J'ai cru que j'allais y passer ! Pas comme si j'avais peur des sorcières ou quoi, mais là il y a vraiment une raison d'avoir peur ! Elle est dangereuse, elle tue des gens, je pense pas que je peux utiliser ma capacité sur elle, et là vu son sourire on voit très très bien qu'elle est pas bien dans sa tête du tout ! Je me demande ce qu'elle peut bien avoir ? En tout cas je pense que je vais pas trop tarder non plus hein, je vais pas me risquer à rester la diagnostiquer ou quoi hahaha ! «Yup ! Des mauvais personnes à supprimer.» Eeeet voilà qu'est-ce que je disais, ça va vraiment pas bien chez cette petite, hein ? Et pourquoi elle s'approche ? Reste où tu étais, c'était très bien aussi tu sais, c'était même parfait — enfin non, ce sera parfait quand je serais le plus loin possible de toi, mais en attendant ça fera très bien l'affaire. Elle me fixe bien dans le blanc des yeux, en plus, c'est génial. Heureusement que je sais bien dissimuler mes émotions et pensées, sinon elle aurait sûrement déjà changé de comportement, non ? En tout cas ses prunelles à elle, bien que très jolies, ne reflètent pas grand chose. Elles semblent perdues, isolées, comme si elles portaient un voile en permanence et qu'elle ne pouvaient pas voir le monde. En somme, elle est très marginale, hein, et sûrement un peu seule au monde ? Hm… Et si…?

«Iona n'a fait que ce qu'elle devait faire ! Elle a fait la justice, comme c'est son boulot normalement de supprimer les nuisibles ~» Oh, elle parle d'elle, là ? C'est… C'est bizarre de parler de soi à la troisième personne, non ? Je pense qu'elle parlait d'elle, vu ce qu'elle a dit. De toute façon je ne vois personne -de vivant- d'autre ici dont elle pourrait parler. Et, hm… elle tente de se justifier quand même ? Intéressant ça ! Comment ça se fait ? Elle a quand même des sentiments, au fond ? Ce qui ne fait donc pas d'elle une «psychopathe», au premier sens du terme. Donc en gros elle veut éradiquer les gens qu'elle juge «mauvais» ? Waouh, ça sonnerait presque bien, hors contexte. Comme une petite justicière comme dans les dessins animés, ce qui, soit dit en passant, colle très bien à son look. Elle en serait mignonne, avec ses petits mimiques et tout — le sourire creepy en moins. Mais attends, Uso. Si ça se trouve, dans sa tête elle l'est ? Y a pas une sorte de maladie où tu te prends pour un super héros ou je sais pas trop quoi ? Et genre elle en plus elle a des pouvoirs donc ça renforce le truc ? Eeeeh ? Faudrait peut-être la soigner ? Mais ça doit pas être facile remarque, imagine tu viens la voir et t'as pas le temps de dire «bonjour» que t'es mort… Glps, on ne va pas y réfléchir plus longtemps, hein. Concentrons-nous plutôt sur la situation là, en live. C'est plus important pour, justement, la survie et tout.

«Mais Iona a tenté de les convaincre de devenir des gens bien. Ils lui ont dit «va crever», elle a compris un non, du coup elle a fait le ménage.» … Uh ?! Oh la vache, elle m'a fait peur ! Faut qu'elle arrête de faire des trucs surprenants comme ça, elle s'est téléportée ? C'est comme ça qu'elle a tué l'autre ? Ça colle pas trop trop, enfin j'ai l'impression qu'il y a un truc qui cloche, mais là elle vient bien de se téléporter ! Et, j'ai bien entraperçu une lueur rouge sang dans son regard quand elle l'a fait. Une des théories est confirmée, je sens que, si j'arrive à être sûr qu'elle ne me fera rien je pourrais me prendre au jeu ! Donc euh… Oui, elle s'appelle Iona ? Bon à savoir. Et… Elle tente quand même de raisonner les gens avant de les buter ? Timbrée, vraiment timbrée, sur quoi je suis encore tombé moi… Elle doit pas se rendre compte que c'est peine perdue. Surtout ici. C'est dommage. Mais en tout cas sa solution est radicale, ça il faut le dire. Si je peux être sûr qu'elle sera inoffensive, je peux peut-être m'en servir en fait… Autant mettre toutes les chances de notre côté. Allez Uso ! Mets ton seul talent à profit ! «Je comprends, je comprends !, commencé-je en tournant la tête vers elle, avec un sourire. Pour la suite je ne sais pas trop si je devrais lui parler en la tutoyant ou en l'imitant ? … Au feeling ! C'est vraiment dommage, hein de devoir en arriver là ! Les gens ne nous comprennent pas, alors qu'on veut juste les aider.» Un petite pause, attendant sa réaction. Et alors, là, maintenant qu'elle doit avoir bien intégré ce que j'ai dit, je reprends : «Je dis «on» parce que je m'efforce aussi de rendre le monde meilleur.» J'ai l'air confiant, j'ai l'air d'un gentil. D'un allié, même. Plus de raison pour elle de me vouloir du mal, hein ? Espérons que ça marche, espérons que ça marche.

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