Un gage éternel, allez, un ! ~ [feat. Shintarou]

Parfois, lorsqu'il s'allongeait sur son lit, il repensait à beaucoup de choses. À des choses s'étant produite il y a deux ans ou plus (de toute façon, ces deux dernières années, il ne s'était rien passé dans sa vie, excepté l'apparition de l'entité numérique). Des moments de sa vie qu'il avait complètement raté. Parfois, il pensait à sa mère, qu'il avait presque abandonné alors qu'elle vivait difficilement. D'autres fois, à sa chère sœur, Momo, qui avait dû enduré—et qui endure toujours—les lourdes responsabilités qu'était de s'occuper d'une famille alors qu'elle n'avait que seize ans, juste parce que l'aîné était trop égoïste pour penser à autre chose que lui même. Mais la plupart du temps, il pensait aux peu de mois qu'il avait vécu avec Ayano.

Pour une fois, il ne pensa pas à elle en particulier, mais plutôt au festival culturel qui avait eu lieu à l'université où il aurait normalement du se rendre après avoir obtenu son diplôme. Franchement, s'il y avait été, c'était juste parce qu'Ayano—évidement—l'avait forcé, et que lui, essayant(?) de forger une amitié, aussi ridicule soit-elle, et sachant à quel point la ravenette était têtue, avait fini par accepter. Vraiment... Quand il y repensait, son "lui" du passé, il le détestait. Bon, certes, il se déteste toujours mais bon...

Ce jour là, il y avait rencontré deux beaux cas. Une étudiante aux cheveux noir ébène et un peu—beaucoup!—râleuse et un garçon qui lui... semblait avoir un sérieux problème avec tout ce qui touchait à la nourriture. Un peu comme Konoha, il était sympathique et mangeait tout ce qu'il trouvait—tant que ça se mangeait. Dans le passé, Shintaro s'était moqué d'eux mais, aujourd'hui, peut-être que ce serait eux qui se moqueraient de lui... Un être aussi pathétique que lui, difficile de ne pas en rire. Que leur étaient-ils arrivé, aujourd'hui? Qui sait...

Et cette étudiante, tiens. Takane, si ses souvenirs étaient bon. Il avait été forcé de sympathiser avec elle, puisqu'elle faisait partie du cercle d'ami de la défunte brunette. Même si bon, "sympathiser" n'était probablement pas le bon mot, puisqu'ils ne faisaient que se taper dessus à longueur de journée. Après tout, ils étaient, dans un sens, les même. Qu'est-ce qu'il était con à l'époque... Apparemment, elle était (l'est-elle toujours?) assez connue sur un certain jeu, du même style que celui qu'ils avaient fait pour le festival. Il l'avait massacré, et cette idiote, tellement sûre d'elle, avait cru qu'il ne pouvait pas la vaincre... À l'époque, c'eût été un mauvais souvenir mais aujourd'hui, ça le faisait assez rire... Ça aurait pu, si penser à Ayano ne le déprimait pas.

Il s'assit sur le lit, et y réfléchit encore quelques instant. Bah... De toute façon, à quoi ça servait de repenser à tout ça, c'était comme si il se tirait cinq balles dans le pied et une autre dans le bras. Finalement, le ravenet se leva pour, aussi surprenant soit-il, s'assoir à nouveau sur la chaise de bureau! et enlever l'écran de veille de l'ordinateur. Il soupira un coup quand il vu son fidèle(?) virus sur l'écran. Non pas qu'il avait espéré qu'elle disparaisse, c'était de toute façon impossible. Comme affolée, elle s'écria « Maître ! Ohé, Maître ! J'ai une idée, une idée géniale ! Dead Bullet – 1989, tu connais ? On fait une partie ? Hééé ooooh ? ~ »

"Remuer le couteau dans la plaie", c'était exactement l'expression qui pourrait, eh bien, exprimer le genre de sentiment que ressentait l'hikiNEET en ce moment. Elle se mit à tapoter la barrière qui la séparait du monde réel, comme pour réveiller le génie. Pourquoi une telle requête à ce moment précis? C'était comme si elle lisait dans ses pensées... « Géniale ton idée... » le ravenet commença, avec un certain sarcasme. S'en suivit un soupir fatigué, ne demandant qu'on l'achève. Peut-être que ce jeu était populaire, après tout... « Nan. En plus, je l'ai pas ton jeu... » Il faillit dire "J'connais pas" mais il était très mauvais menteur.

Une mine boudeuse sur son visage, l'entité se tut quelques instants. Avait-il gagné? Probablement que non, après tout, Ene est Ene, il ne devait pas s'attendre à ce qu'elle abandonne aussi facilement. Si seulement... Puis, pourquoi une telle envie? Certes, ses séances de procrastination étaient rythmées de parties multi joueurs sur des TPS populaires, mais Dead Bullet — 1989... Sa haine envers ce jeu était, on peut dire, existante. Pour la simple raison qu'il lui rappelait une époque douloureuse dont il ne pouvait pas s'échapper, peu importe le nombre de fois dont il essayait. Était-ce égoïste de sa part...? Bon, en même temps, il l'est, c'est vrai... Mais bon, c'était plus fort que lui! Tant pis pour Ene, elle ne pourrait probablement pas comprendre ses raisons.

« T'es vraiment pas drôle ! De toutes façons, c'est pas comme si j'avais besoin de ton accord pour jouer ! » « Évidemment! Fais ce que tu veux, cet ordinateur t'appartient après tout! » le génie s'exclama avec un sarcasme certain. Bon sang, ce qu'il détestait quand elle faisait ça! À vrai dire, il détestait tout ce qu'elle faisait—cette ordure lui ruinait sa vie—mais pourtant, il n'arrivait pas à la détester. Elle avait ce quelque chose—ce je-ne-sais-quoi qui la rendait indetéstable. Sans que Shintaro puisse faire quoique soit, la bleutée ouvrit une fenêtre de son navigateur internet et entreprit une recherche pour hacker ce fameux jeu. Face à son impuissance, le puceau soupira de désespoir et regarda silencieusement la jeune femme faire son “travail”. Lorsque finalement elle trouva un résultat, une fenêtre de téléchargement s'ouvrit. « Keuwaaaah ?! Dix heures ? Dix heures pour un jeu de... » Hey! Si t'es pas jolie, soit au moins polie! le garçon pensa instinctivement. Il n'énonça pas sa pensée à haute voix pour la simple et bonne raison qu'il connaissait déjà la réponse: « Vraiment, ça ne m'étonne pas que Maître ne soit pas populaire auprès des filles! » ... Oui bah oui, hein. « C'est bon? Je peux reprendre mes occupations maintenant? » le ravenet demanda, las.

En plus, le jeu était vraiment lourd... Avec les jeux qu'il avait déjà et son “dossier secret”, son pauvre disque dur devait bien souffrir. Pour être honnête, il ne connaissait pas la taille exacte ni le pourcentage de place de pris, mais avec cette garce, il y avait de très forte chance qu'il soit au moins plein à soixante-quinze pourcents! Pauvre de lui... « Maître, tu aurais pu acheter un nouveau disque dur, quand même... ~ » Et la voilà qui reprenait son air candide! Connasse! Las, il était las. Pour se changer les idées, il irait bien sortir! ... Haha, non non, c'était une blague, évidemment. « Excusez-moi, mon altesse, je n'avais pas prévu qu'un être vivant se tape l'incruste dans mon disque dur et me prenne toute ma place! » il répliqua. Il fallait un peu la remettre en place, cette gamine.