Les yeux humides du ravenet laissèrent contre leur volonté couler une infinité de larmes, toutes tombant sur le carrelage brillant. Pourquoi diable est-ce que ses yeux étaient aussi empli de haine? Pourquoi est-ce qu'elle ne souriait pas? Pourquoi est-ce qu'elle était morte, d'abord!? Tant, tant de questions... Mais surtout,
pourquoi est-ce qu'il n'arrivait pas à répondre à toutes ces questions? Lui, le génie de 168 de QI, n'arrivait pas à répondre à ces questions alors que même les idiotes de filles de sa classe arrivaient. Elles disaient "Elle devait avoir un problème très grave! Peut-être qu'on la maltraitait..." Mais non, ce n'est pas ça. Il le savait, il la connaissait. C'était son
amie, non? Non... Il aurait été son ami, il aurait remarqué. Les larmes coulaient sans cesser, la voix bouleversée du jeune homme pleurant des excuses, encore et encore, alors que le regard pesant de la décédée continuait de haïr son camarade de classe. Elle avait toutes les raisons du monde de le détester, c'était normal. Il l'avait ignoré, il n'avait rien vu. Mais c'était trop douloureux, il ne voulait pas qu'on le lui rappelle. La jeune femme lâcha un « Tsk. » arrogant, avant de faire dos au garçon.
« Attends, non...! »Et il se réveilla, les mêmes larmes salées sur son visage et son coussin. Machinalement, il essuya les larmes. C'était une habitude pour lui, de se réveiller en larmes. Lentement et en soupirant, il posa ses pieds nus sur le sol froid, essuyant encore les larmes qui persistaient quand même un peu à s'échapper. Pauvre de lui... Dans ces moment-là, Ene imitait l'inquiétude, en lui demandant s'il allait bien.
« Evidemment que non, sombre abrutie... » Il refusait de l'admettre mais savoir que cette fille, aussi énervante qu'elle pouvait-elle, "partageait" sa vie avec lui le rassurait légèrement... Il savait qu'elle serait là pour stopper ses actes fous, ceux qu'il avait essayé de faire il y a bien longtemps que ça. Il n'était pas encore parvenu à vaincre ce que certains appelaient une dépression, ce que lui appelait de la culpabilité. Lentement, il se leva pour chercher sa veste rouge, qu'il avait pendue à sa chaise dès qu'il était rentré de son séjour au Q.G du Mekakushi Dan. Il l'agrippa et la regarda fixement quelques instant. Il se souvint du jour où il l'avait porté pour la première fois; Ayano lui avait fait remarquer que quelque chose autre que du noir lui allait vraiment bien—le rouge en particulier.
« Pff... » Un sourire triste se dessina sur son visage, et il porta sa main sur ses yeux qu'il sentait encore un peu trop humides.
Silencieusement, il installa ses deux bras dans les manches prévues à cet effet, et leva la tête sur l'écran d'ordinateur. En gros et d'un bleu clair était écrit:
« Partie voir Konoha! (◍•ᴗ•◍) » Un soupir s'échappa de ses lèvres. Bon, au moins, il n'aura pas à se la trimbaler tout le long du chemin... Qui sait comment elle pourrait réagir à ce genre de choses... A vrai dire, ce n'était pas la première fois qu'il allait
la voir. A chaque fois qu'elle s'absentait, il profitait de cette rare occasion. Qu'allait-il y faire, hein...? S'excuser, comme d'habitude.
***
Ayano Tateyama
19** - 20**
Rest in Peace.
Il soupira. Des fleurs fraîches étaient installées devant la tombe. Ce n'était pas les siennes, c'était la seule chose dont il pouvait être sûr. Qui avait bien eu la folle idée de revenir voir Ayano même après ces deux années...? Probablement que ces camarades l'avaient déjà oubliée. Peut-être son père, Kenjirou Tateyama? Ou bien Takane, elles s'entendaient bien, toutes les deux. Lui n'était pas friand de ces histoires. Cependant, s'il aurait dû déposer quelque chose, cela aurait sûrement été des digitales—parce qu'elles représentaient le manque de sincérité. ... Comment il savait ça? Eh bien, il le savait, c'est tout. Les premiers mois, il avait cherché quoi mettre sur la tombe de la défunte.
« ... Hey, Ayano. » Il feinta un sourire, saluant la jeune fille—ce qu'il restait d'elle, plutôt.
« Ça fait longtemps, hein...? » il commença. N'avait-il pas l'air d'un fou à parler à du vide? De ce qu'il avait vu, il était seul ici, donc pour l'instant ça passait.
« Il s'en est passé, des choses, depuis! » il continua, sa voix un mélange entre la mélancolie et la nostalgie. Sérieusement, qu’est-ce qu’il faisait, là ?
Abruti… « Un groupe de gens étranges m’ont forcés à rejoindre leur étrange groupe… Je suis ressorti, aussi. Quelle étrange sensation… !» il tenta de s’exclama avec joie. Mais honnêtement, tout ce qu’il ressentait en ce moment, c’était de la tristesse, de la culpabilité.
« Mais pourquoi est-ce que je te racontes tout ça, hein… ?» il prit un ton plus violent, plus instable. Lui-même ne savait pas s’il allait pleurer ou frapper quelque chose.
« Après tout, tu me détestes, non ? C’est de ma faute… » Ses yeux redevinrent humides, encore. Il se détestait tellement, lui aussi ! S’il avait remarqué, si seulement… Il ne serait pas dans cette merde là. Il écrasa les fleurs se trouvant devant le mémorial, par simple colère. Puis, il se mit à pleurer de nouveau, cette fois-ci d’un pleur silencieux. Quelle merde… Lentement, il se laissa glisser le long de la tombe d’en face qui menaçait de s’écraser face aux cinquante-huit kilos du NEET, enfonçant sa tête dans ses genoux.
« Dépêche-toi de revenir… » il pleura, n’osant même plus lire l’inscription en face de lui.
Il resta un petit moment comme ça, à essuyer maladroitement ses larmes seulement pour que de nouvelles prennent place.
Après un moment à s’apitoyer sur son sort, il décida de rentrer et de faire comme si de rien n'était. Fatigué, il essuya ses larmes et se releva. La minute où son corps se tint droit, il entendit un
« Shintaro?! ». Cette voix... Elle lui était trop bien familière. Instinctivement, il se tourna malgré ses yeux rougis par les larmes et aperçu un petit collégien qu'il connaissait trop bien: Hibiya Amamiya.
« H-Hibiya...? Qu'est-ce que tu fais là? » il demanda. Ah, il devait avoir l'air pitoyable, comme ça.