Tu te trouvais sur mon chemin ! [ PV : Shunsuke Taiyou ]

Un raclement de rideau tiré sur la barre au-dessus de la fenêtre retentit dans ma chambre. Je pousse un grognement et me roule en boule, dos à la lumière qui m’arrive en plein dans la figure. On ne peut jamais dormir tranquille dans ce pays, ce n’est pas possible ! Quelqu’un s’approche de moi. Au son des pas, j’en déduis que c’est une Femme. Donc l’une de mes Domestiques, je suppose… Je passe ma tête sous l’oreiller. Elle pose une main sur mon épaule et me secoue doucement en me disant qu’il faut que je me lève. Pourquoi ? Je n’ai rien de prévu aujourd’hui ! Elle finit par retirer sa main. À ce moment-là, je me redresse d’un coup, envoyant valser ma couette au pied de mon lit, avec l’oreiller. La Domestique sursaute et recule de quelques pas. Sans faire plus attention à elle, je me dirige vers mon placard pour prendre mes vêtements de sortie. Et puis, go la salle de bains.

Après une bonne douche et m’être habillé en mode express, je me rends dans le salon où, comme d’habitude, le petit déjeuner n’attend que moi. Parfois, je me demande même si ceux qui s’occupent de tout dans le Manoir mangent. J’espère pour eux ! Je leur dis que je n’ai pas très faim et que je suis pressé. Alors ils me servent juste une tasse de chocolat chaud. Je ne leur donne jamais d’ordres particuliers. Ils savent ce qu’ils doivent faire. Mes Parents, de leur vivant, leur ont dit tout ce qu’ils avaient à faire en tant que Domestiques. Ils avaient accepté leur boulot sans se plaindre. Même après leur mort, ils sont restés à mon service alors qu’ils auraient très bien pu partir. Je ne les comprends pas toujours, mais je pense que je ne les remercierai jamais assez pour tout ce qu’ils font…

Une fois terminé de déjeuner, l’un d’eux m’accompagne jusqu’à la porte d’entrée. Il m’aide à enfiler ma veste et, tout en s’inclinant, il me souhaite une bonne journée. Je lui souris et hoche de la tête en leur disant de bien s’occuper du Manoir en mon absence. Il répond qu’il en sera fait selon ma demande. Je le remercie et sors dehors. La porte se referme derrière moi. J’emprunte l’allée principale pour me rendre en Ville. Comme je n’ai rien de prévu aujourd’hui, je me suis dit que je pouvais partir en quête de nouveaux indices sur mon Meilleur Ami disparu. Perdu dans mes pensées, mes pas me guident rapidement jusqu’au Centre Ville. Puis je choisis une Ruelle… Si je la suis correctement, elle me mène au Bâtiment abandonné.

Ralentissant le pas pour faire attention à chaque détail que je n’aurais pas remarqué les précédentes fois, j’arpente la Ruelle lentement. Je regarde de tous les côtés, droite, gauche, haut, bas. Je sais que c’est vain. J’ai déjà dû la traverser une centaine de fois… Toutefois, il se révèle être mon principal et unique indice. On m’a retrouvé évanoui devant le Bâtiment abandonné. Je ne m’y étais pas rendu tout seul, c’est évident ! Shinji devait se trouver avec moi ! L’espoir de le revoir m’anime encore malgré ces deux années écoulées sans lui…

C’est alors que je perçois un bruit de course qui semble s’approcher de plus en plus vers moi. Je reporte mon attention dans cette direction et vois un Jeune Garçon courir droit devant lui. Il ne paraît pas m’avoir remarqué. Ne me dites pas qu’il va falloir que je me décale pour le laisser passer ? Non mais pour qu’il se prend ? Il n’a qu’à regarder où il va ! On ne dérange pas quelqu’un comme moi. Quelqu’un de mon Rang, je veux dire. Et comme souvent, quand on me gêne, mon Pouvoir obtenu je-ne-sais-comment se déclenche. Je vois la direction du Garçon changer. Le seul problème est que je ne décide pas la nouvelle trajectoire. Le Pauvre se prend le mur dans la tronche.

« Tout va bien ? »

Tout en me frottant la tête, un peu gêné, je m’avance et m’arrête près de lui. Pas trop proche au cas où, pour se venger, il m’enverrait un coup. Et mes Domestiques risqueraient de prévenir la police s’il me voit revenir avec un hématome.

Ma parole ! Ce Garçon est vraiment bizarre ! En plus, il fait peur. Il se prend pour un chien à remuer la tête de gauche à droite, ou quoi ? Il fait un peu pitié quand même. Le Pauvre Gamin serait-il un Domestique maltraité qui agit donc comme les animaux, parce qu’on lui demande d’obéir ainsi chez lui ? Et qui se serait enfui car il en a assez de cette vie misérable ? C’est vrai, c’est tellement mieux de vivre dehors… Bon, il ne reste pas longtemps dans cette position. À peine plus de cinq secondes. Tant mieux, c’était assez ridicule. Oh ! J’ai une idée ! Je souris, amusé. Je vais le ramener chez moi et lui demander de devenir l’un de mes Domestiques. Ça me ferait un bon camarade de jeux, au voyage, car il semble avoir mon âge. Bien sûr, il ne remplacera jamais Shinji. Mais je me sentirai déjà moins seul.

J’allais lui tendre ma main pour l’aider à se relever. Pourquoi allais-je faire ça ? Ce n’est pas digne de mon Rang. Heureusement, avant que je n’aie le temps d’agir, je vois qu’il s’en charge tout seul et se remet debout. Il est résistant alors qu’il vient de se prendre un mur dans la figure. On dirait qu’il n’a même pas mal. Ses anciens Maîtres le martyrisaient tant que ça pour qu’il ne ressente plus la douleur ? Il n’a pas remarqué la plaie qu’il a d’ouverte sur le côté de son front gauche ? Ce n’est vraiment pas beau à voir. Si ça se trouve, il y a des petits cailloux infiltrés dans la plaie et si sa peau se referme par-dessus, ça risque d’être dangereux. J’en profiterai pour demander à ce qu’on le soigne vite en le ramenant au Manoir.

Avant ça… Pourquoi est-ce qu’il m’observe aussi bizarrement ? Je recule de quelques pas. Avec sa blessure, son regard lui donne un air effrayant. Je n’ai pas peur, bien sûr. C’est juste que s’il m’attaque, je n’ai rien, à part mes poings, pour me défendre. Et je me bagarre rarement, malgré mon allure de Garçon des Rues, Petit Voyou. Difficile de me prendre pour un Noble dans ces conditions, je l’admets. Sauf que les vêtements toujours très élégants, je n’aime pas trop ça. Je me sens bien plus à l’aise avec des habits simples. Je soupire à l’idée que si je rentre tout à l’heure avec le Garçon, je serais obligé de me changer.

D’un coup, le voilà qui me demande si c’est moi qui viens de faire ce « truc trop cool ». Houlà ! Calme-toi Gamin ! Je recule encore, sous l’effet de surprise. Il me sauterait presque dessus avec son air maintenant excité comme une puce. Bon sang ! Quelle mouche l’a piqué ? Et puis, quel « truc trop cool » ? Sincèrement, si je pouvais m’en débarrasser, je serais heureux, moi ! J’en ai marre de ce soi-disant Pouvoir ! Je lui offre volontiers ! Malheureusement, je ne sais pas si c’est possible. Je ne sais même pas où loge ce gène hors du commun. Ni comment il est apparu dans mon corps. Je ne me rappelle pas l’avoir eu à la naissance. Ou bien, il ne s’était pas encore manifesté. Je mets presqu’aussitôt mon index sur mes lèvres et siffle un « Chut ! » au Garçon. Qu’il parle donc un peu moins fort ! Il va alerter tous les gens du quartier sinon ! Et je n’ai pas envie d’être capturé pour être vendu comme bête de foire, merci !

« Tais-toi et suis-moi, Petit Chien ! »

Joli surnom ! Réagissant alors instinctivement, je l’attrape au poignet et l’entraîne derrière moi sans ménagement. Je sors de la Ruelle et tourne directement à gauche. Go le Manoir ! Là-bas, on pourrait discuter en paix et nettoyer cette blessure immonde ! Il pourra me poser aussi toutes les questions qu’il désire, pas avant ! Même si je doute de pouvoir y répondre. J’m’en fiche. Je veux juste le ramener pour qu’il devienne l’un de mes Domestiques, ah, ah, ah ! Je l’embarque à ma suite sans lui laisser le temps de réfléchir à ce qui se passe.

Le Manoir ne se trouvant pas loin, j’arrive bientôt jusqu’à l’allée principale. Le Gamin semble un peu épuisé dans mon dos. Je le libère donc et croise les bras en me retournant vers lui. Va-t-il s’enfuir en voyant ma maison ou va-t-il rester ? À lui de voir. Je me détourne à nouveau de lui et m’avance dans l’allée. Je me frotte la tête en soupirant une nouvelle fois. À cause de lui, j’ai dû abandonner mes recherches. Il a intérêt à me suivre pour se faire pardonner. Sinon, je trouve un moyen de le renvoyer chez ses anciens Maîtres. J’esquisse un sourire et fouille dans l’une de mes poches pour en sortir un bonbon de ma Société. Il y a le nom de la Confiserie écrit sur l’emballage. Je le lui balance par-dessus mon épaule. Comprendra-t-il le message : « Si tu m’accompagnes, tu en auras d’autres. » ? Je poursuis ma route tranquillement.

Un bruit sourd retentit à mes oreilles, tandis que je marche vers chez moi, sans plus trop me soucier du Garçon derrière. Toutefois, je lance un coup d’œil par-dessus mon épaule pour savoir ce qu’il fabrique. Je le remarque proche de la poubelle. Il jette le papier d’emballage du bonbon ? Au moins, il est propre. Il fera un bon Domestique. Cinq secondes… le son était bien trop fort pour que ce soit seulement le papier… Il a certainement jeté aussi le bonbon. Je soupire. C’est vexant. Il n’aime pas les bonbons, ce que je peux offrir de mieux.

Poursuivant ma route vers la porte d’entrée, jetant des regards furtifs derrière moi à de nombreuses reprises, je remarque au fur et à mesure que le Garçon semble enthousiasme à l’idée de découvrir le Bâtiment. Bien que par moment, je trouve qu’il fait une moue dubitative comme s’il craignait de tomber sur une mauvaise blague ou surprise. Ce qui est fort probable, vu qu’il pense que je suis un « super-héros ». Je devrais peut-être couper court à son imagination toute suite. Après tout, maintenant je suis à l’abri des regards. Plus ou moins. Nouveau soupir de ma part.

Arrivés devant la porte, le Gamin s’arrête à côté de moi. Il me demande si c’est chez moi. Quoi ? Ça ne se voit vraiment pas ? Pour lui, je l’ai amené ici pour le fun, c’est ça ? Non, non. Il faut vraiment que je lui avoue la vérité. Finalement, je n’ai pas besoin de lui pour m’amuser. Et puis, ça me ferait un Gosse de plus à veiller. Si je me lie trop d’amitié avec lui, ceux qui veulent ma fortune pourrait se servir de ça. Et sincèrement, je n’ai pas envie que ça arrive. Merci. Je me retourne vers le Gamin. Il est un peu plus petit que moi. Je pose une main sur son épaule et m’agenouille légèrement pour me trouver à sa hauteur. Je lui souris gentiment et prends une profonde inspiration avant de déclarer :

« Bon, je vais te dire. Contrairement à ce que tu crois, je ne suis pas un super-héros. Ce que tu as vécu, tu l’as sûrement rêvé. Et oui, cet endroit est mon Manoir. Il n’y a pas de base secrète, comme je pense que tu dois t’imaginer. »

Voilà. Drôle de vérité car j’ai quand même menti sur le fait qu’il a imaginé sa « déviation » dans le mur tout à l’heure. C’est malhonnête de ma part de jouer avec la vérité, surtout pour un Noble. Mais n’est-il pas souvent dit que les Nobles se servent des gens pour obtenir ce qu’ils désirent ? Et là, ce que je veux, c’est qu’il parte loin d’ici. Qu’il oublie ce qu’il a vu, entendu. Pourquoi l’ai-je emmené chez moi, dans ce cas ? Je ne sais pas trop. Peut-être un vieux réflexe avec mon Ami Shinji…

Je me redresse, perdu dans mes pensées et laissant le Garçon là, tout seul. Je pousse la porte et j’annonce dans la foulée que je suis rentré. Presque aussitôt, l’un des Domestiques arrive jusqu’à la porte pour m’aider à retirer ma veste qu’il accroche sur le porte-manteau. Le Domestique remarque alors le Garçon à la porte. Quoi il n’est pas encore parti ? Je m’approche et m’appuie contre la porte. Je me retourne quelques instants vers le Domestique et lui demande s’il peut préparer des petits gâteaux… Puis je reporte mon attention sur le Gamin avec un air qui semble dire : « Bon qu’est-ce que tu veux ? ».

Le Gamin a mal interprété ce que je voulais dire par « Bon, qu’est-ce que tu veux ? » mais ce n’est pas grave. Je me retourne vers mon Serviteur, qui se trouve toujours derrière moi, attendant que je quitte le hall d’entrée pour fermer la porte. Sans même avoir besoin de parler, il hoche de la tête pour signifier qu’il a compris ce que je désirais. Je souris et m’éloigne enfin de la porte. En passant près du Domestique, je lui souffle un merci. Après ça, je me rends directement dans ma chambre, à l’étage. Si je ne me change pas, mes Serviteurs vont me tuer. C’est l’une des règles qu’ils m’ont imposé et que j’ai accepté d’obéir. Dans le Manoir, je dois être habillé correctement, un point c’est tout. Je farfouille dans un tiroir à la recherche de mes vêtements. Une fois trouvés, je les enfile en mode vitesse éclair.

Ceci fait, je redescends enfin dans le salon. Je m’attendais à les trouver ici, mais apparemment non. Je soupire. Où l’ont-ils emmené ? Je me rappelle la plaie au front du Garçon… Un sourire se dessine sur mes lèvres. Sûrement dans le jardin pour le soigner. Une tache de sang sur le sol du Manoir et c’est la fin du monde. Je sors donc dehors, où je retrouve le Garçon en compagnie d’Élia, ma chère Domestique Infirmière, toujours très douce. Elle termine tout juste. Je la remercie pour s’être bien occupée du Petit Chien en mon absence. Elle s’incline et s’éclipse presque aussitôt. Elle restera éternellement timide, on dirait…

Une odeur de gâteaux chauds se met à flotter dans l’air. Apparu de nulle part, le Cuisinier en Chef, Hisaki, vient déposer des cookies sur la table. Dans la seconde qui suit, le Gamin se jette dessus, tel un affamé qui n’a pas mangé depuis deux semaines. Je croise les bras en le regardant faire, n’ayant pas très faim pour ma part. Le Petit, tout en se brûlant la langue, crie que les gâteaux sont délicieux. Hisaki sourit et répond que c’est tout naturel pour un Serviteur de la Famille Kyandou de savoir cuisiner les meilleurs plats. Je me frotte la tête, avec un air assez dérangé. Il n’était pas obligé de dire ça ! Mais c’est vrai que ces repas sont toujours succulents ! Lui aussi, je le remercie et lui annonce qu’il peut disposer. Je me retrouve en tête à tête avec le Gamin qui a quasiment tout mangé. Glouton, va.

Soudain, une espèce de tablette tactile bleue pixélisée se matérialise sur la table. Je me lève d’un bond, dans un sursaut. Que… Qu’est-ce que c’est que ça ? Le Garçon la prend dans ses mains avec un air enjoué. C’est lui qui l’a fait apparaître ? Comment il a fait ? Et après, il ose me traiter de Super-Héros… Mais dans ce cas, il n’est pas mieux… Je me masse les tempes en essayant de comprendre ce qui se passe. C’est vraiment du n’importe quoi, je dois rêver. Le Garçon vient me toucher avec sa tablette tactile. À peine quelques secondes plus tard, un casque vert dégradant vers le jaune apparaît devant mes yeux. What ?! Non mais c’est quoi encore, ce truc ?! Je l’attrape entre mes mains et tente de le retirer, en vain. On dirait qu’il est collé à ma tête !

Puis, une épée bleue, faite de pixels, se crée à son tour dans ma main droite. Journée normale, bonjour. J’aurai vu tout ce qu’il y a de plus surnaturel aujourd’hui. Pas très à l’aise de la tenir dans ma main droite, je la passe dans ma main gauche. Je tourne la tête vers le Gamin, qui porte aussi un masque, mais bleu. Dessus, il y a écrit : « Lv.2 Taiyou ». Okay… À supposer, c’est son nom de joueur ? Ou son vrai prénom ? Bref. Au moins, je peux désormais poser un nom sur le Petit Chien. Mais du coup, lui aussi, non ? Arf… Bon, ça n’a pas d’importance, au fond.

Un bruissement dans mon jardin parvient à mon oreille. Je quitte le Garçon du regard pour voir d’où provient le bruit. Je découvre… une sorte de grosse limace bleue – qui doit m’arriver au ventre – s’approcher de la terrasse. Je ferme les yeux en me disant que je rêve sûrement, que je vais me réveiller. C’est vraiment du n’importe quoi… Oui, et c’est moi qui peux dévier les objets et les gens qui dit ça ! Je sais, merci ! Je rouvre les yeux, mais la limace s’avère toujours présente. Bof ! Elle n’a pas l’air méchante ! Elle a l’air même plutôt marrante ! Je cours vers elle en riant et m’accroupis devant elle. Je lui tapote sur la tête en souriant, amusé. Sauf que je ne m’attendais pas à sa riposte. Elle secoue son corps, comme un cheval qui se cabre pour s’échapper.

Je retire ma main par réflexe et recule. Mais la limace se révèle un chouia plus rapide que moi et me mors la main. Je crie de surprise et de douleur, tandis que des pixels bleus s’envolent de ma main. Ça doit être semblable à du sang… J’agite mon bras dans tous les sens, mais la limace reste fermement accrochée à mon main. Mais ce n’est pas une limace, cette chose ! C’est une sangsue ! Tu vas m’lâcher, oui ?! Mon Pouvoir en profite pour se réveiller car je vois la sangsue me lâcher soudainement pour virer à gauche et s’écraser sur le sol. Je rapproche ma main droite et souffle dessus, parce que j’ai mal. Je gueule à Taiyou :

« Non mais c’est quoi, cette chose ?! Ça mord ! T’en as déjà vu des semblables ?! Tu veux bien m’expliquer ce qui se passe ?! »

Pour prouver qu’elle veut continuer à en découdre, cette sale bête, elle se relance sur moi. Raah ! Mais tu vas me lâcher, oui ?! Je ne sais pas si c’est un réflexe, je n’ai jamais joué aux jeux-vidéos, toutefois, ma main gauche qui tient l’épée réagit instinctivement pour lui assener un coup sur le crâne de la bestiole. C’est au tour de celle-ci de reculer avec des pixels qui s’envolent. Merci, il va falloir m’apprendre à jouer. Je regarde le jardin où d’autres créatures se forment. Il y en a combien comme ça ? Et au lieu de me laisser distraire, je devrais peut-être terminer avec la limace que j’ai en face de moi. Dégage… de mon… Chemin ! Et je la frappe à nouveau avec l’épée. Cette fois, la bestiole éclate en pixels. Ah, ah, ah, c’est drôle à dire. Quel est donc ce bazar…

Et le Petit Chien m’annonce qu’il ne sait pas plus que moi ce qui se passe ici. J’ai le droit de ne pas le croire ? Est-ce que je peux le frapper aussi ? Il semblait bien comprendre le fonctionnement de cette tablette tactile bleue pixellisée. Si je l’assomme, tout ça s’arrêtera peut-être ! Je me rapproche doucement du Gamin, en reculant, dos à lui, battant parfois l’air pour faire genre que j’affronte un monstre. Le jardin pullule de limaces, de loups et d’autres créatures bizarres et sans nom. Soudain, alors que j’allais enfin lui assener un coup sur la tête, Shinji apparaît devant moi. Je sursaute, surpris de le voir là, tandis que le Gosse défonce trois loups. Je remarque que Shinji ne s’avère n’être qu’une illusion car celui-ci est tout bleu. De plus, il a disparu depuis si longtemps. Le voir dans un jeu est absurde. Il ne parle pas et se contente de me sourire.

Ça va… J’ai très bien compris ce qu’il veut… Le Gamin me hurle soudainement d’aller abattre la source de spawn pendant qu’il les retient ici… La source de quoi ? Traducteur, please ! La source de ces monstres, peut-être. Elle se trouve sûrement quelque part dans le Manoir. Ah, ah ! Très drôle ! Tu crois que je vais y aller tout seul, moi le level un ? Je reporte mon attention sur Shinji, mais il s’est volatilisé. Je ferme les yeux quelques secondes et souris. C’est d’accord Shinji… Mais c’est bien parce que c’est toi qui me l’as demandé ! Je me retourne vers Taiyou, aux prises avec un énorme loup. En même temps que lui, je fous un coup sur le crâne du loup qui explose en éclats de pixels bleus. Bon, son compte est réglé pour lui. À deux, c’est plus facile, je pense. Au suivant !

Directement après, je saisis le poignet – pour changer – du Gamin et l’embarque derrière moi. J’entre dans le Manoir. Là, je le lâche et cours vers la porte-fenêtre. Je la pousse pour la fermer, juste à temps car un loup bondit et vient la percuter de plein fouet. Ouf ! Ils ne passent pas à travers les murs ! Un pas lourd sur le sol me secoue tout le corps. Houlà… Qu’est-ce qui se passe ? J’avance vers le salon lentement. Je découvre un monstre non-identifié à l’intérieur. Génial… Je croise l’un des Domestiques qui me regarde bizarrement. Je me frotte la tête, assez dérangé. Je trouve une excuse du genre : ‘’ On joue à cache-cache ! ‘’ À cache-cache alors que le Gosse est derrière moi… Normal, quoi… Enfin, je lui aurais bien dit la vérité, mais il ne semble pas voir le masque ou le monstre. Taiyou a profité de ma courte discussion pour se rendre dans le salon. Je le rejoins vite fait bien fait. Je grommelle tout en observant la chose :

« Et tu voulais que je me batte contre ce truc seul ? T’es malade, ma parole ! Je suis qu’au niveau un, je te rappelle ! Et contrairement à ce que tu peux croire, je n’ai jamais joué à un jeu-vidéos, qu’il soit sur console ou à moitié réel ! »

Shinji a toujours voulu que j’essaye un de ces trucs. Malheureusement, j’ai toujours trouvé ça ennuyeux, donc je n’ai jamais testé vraiment. Je suppose que c’est pour ça qu’il m’est apparu sans prévenir. Mise à part ça, les créateurs de ce fichu jeu ne pouvaient pas me donner un arc ? C’est bien beau, les épées, mais ce n’est sincèrement pas mon truc. Je n’arrive pas à les manier correctement. C’est trop compliqué et trop lourd, à mon goût. Enfin, je ne dis pas que les arcs sont moins lourds. Le truc, c’est que je sais en faire au moins !

J’allais demander à nouveau quelque chose à Petit Chien lorsque la chose – que j’ai envie de surnommer Dinosaure, tiens – nous remarque enfin. Elle se retourne dans notre direction et à chacun de ses pas, je sens trembler le sol, et moi aussi d’ailleurs. Des frissons glacés me parcourent le corps à chaque fois. C’est désagréable. Je recule d’un pas ou deux. Le monstre approche et nous saute dessus. Hey oh ! Ne viens pas me déranger quand je parle, toi ! Mon Pouvoir mystérieux s’active au voyage, envoyant voler le Dinosaure dans un mur. Outch ! Je profite du temps qu’il se relève pour demander à Taiyou :

« Y’a pas des arcs dans ton jeu ? »

Oui parce que voilà ! Moi j’en veux un et puis c’est tout ! Alors j’espère que ça existe dans ce monde virtuel ! Et qu’il sera ajusté à ma taille. Mais bon, il ne faut pas trop en demander à ce jeu ! Il a l’air déjà assez capricieux car mes Serviteurs ne voient pas le Dinosaure et les masques, donc bon ! Un bruit de porte qui s’ouvre brusquement alerte mon attention. Ne me dites pas qu’ils ont réussi à entrer, ces sales bêtes… si ? Une tête de loup et une limace apparaissent dans la salle d’à côté. Bon sang… ce n’est pas possible… il n’y a pas d’arc dans ce jeu pour que je puisse m’en débarrasser, de ces créatures anormales ?! Rassure-moi ! Dis-moi qu’il y en a un quelque part ! Taiyou !

Pff ! C’est vraiment nul comme Jeu, si on ne peut pas avoir d’arc ! Si j’y joue, c’est bien pour toi, Shinji ! Sinon, crois-moi, j’aurais laissé le Gamin se débrouiller tout seul et je serais allé traîner dehors jusqu’à ce que je puisse me débarrasser de ce fichu casque vert, qui va bien avec la couleur de mes yeux d’ailleurs. Mais bon, ça je m’en fiche pas mal pour le moment. Le Gosse m’a embarqué dedans et je suis obligé de terminer ce Jeu avec lui. Je jure de ne plus jamais inviter ce Gamin chez moi ! Non. De ne plus jamais le voir tout court ! Et si je le croise, je me promets de l’ignorer en beauté.

Et comme si ça ne suffit pas, il m’emmène partout à sa suite, tel un chien qui doit suivre son maître. Mais c’est sensé être le contraire, bon sang ! C’est lui mon Petit Chien ! C’est moi qui l’ai ramené au Manoir ! Pas très obéissant, pour un toutou. Malgré ça, je le suis jusqu’au dernier étage du Manoir. Les Domestiques que nous croisons me regardent avec un air stupéfait. Genre : « Mais qu’est-ce que le Jeune Maître fabrique à courir dans tous les sens depuis l’arrivée de cet Enfant ? » Promis, je tue ce Gamin avant la fin du Jeu. Mon pauvre Manoir est dans un bazar complet maintenant. De plus, je n’ai jamais couru autant de toute ma vie… À part en cours de sport.

En tout cas, je sais une chose, c’est que nous sommes arrivés au dernier étage en moins de cinq minutes. Je suis un peu essoufflé. Je n’ai pas vraiment l’habitude de courir comme ça… pour rien en plus. Je ralentis donc et laisse Taiyou prendre de l’avance sur moi. Peu importe, il a l’air de s’y connaître plus que moi en art du combat. Il s’arrête devant une porte qu’il ouvre d’un coup. Juste avant, des pixels bleus s’échapper d’elle… Encore un Monstre, à tous les coups… Je parviens jusqu’à la porte. Le Gosse se bat contre une espèce de Plante… sans doute cannibale car elle semble vouloir le bouffer. J’entre dans la pièce dont j’ai oublié l’utilité et l’existence… mais quand mon regard se pose sur un lit, mon cœur fait un bond dans ma poitrine. C’est vrai… cet endroit est la chambre de mes Parents !

Oubliant complètement le fait que je me trouve dans un Jeu, je pénètre dans la salle, l’esprit ailleurs et me dirige instinctivement à la fenêtre. Je m’appuie sur le rebord de celle-ci, les yeux dans le vague. En bas, dans le jardin, il y a toujours des loups et des limaces. Ils ne bougent pas. On dirait qu’ils sont en mode « pause ». Mais ma conscience ne les remarque même pas. Ce n’est qu’au cri joyeux de Taiyou que je me « réveille » de cette courte absence mentale. Les petits Monstres dans le jardin explosent en milliers de pixels. À la place, avec tous les pixels volants dans l’air, deux grosses Bestioles se matérialisent. Elles n’ont pas l’air très commode…

« Whouah ! Taiyou, y’a deux drôles Créatures dans le jardin ! »

Ai-je déclaré par réflexe. Ce dernier accourt aussitôt à la fenêtre. Je me bouche les oreilles car je pressens qu’il va encore gueuler. Et comme je l’avais parié, il se met à hurler que ce sont des boss. Oh génial ! Le Jeu est bientôt terminé alors ! Et le Gamin repart en courant. Je me débouche les oreilles et me retourne pour le suivre. Mais avant de m’élancer dans l’escalier, je monte sur la rambarde et me laisse glisser dessus. Plus rapide et plus amusant. Ça fait longtemps que je n’avais pas fait ça. J’arrive en bas presqu’en même temps que Taiyou qui se dirige déjà vers le jardin.

Dehors, je remarque deux caisses. Le Gosse se jette sur la verte qu’il tente d’ouvrir en vain. Je me frotte la tête et soupire. Finalement, il se résigne à ouvrir la boîte bleue où il dégote deux épées. Génial… encore des armes… Je m’approche pour regarder ce que la mienne offre… Je découvre un arc avec plusieurs flèches à l’intérieur. Oh… SUPER !!!! Enfin quelque chose de cool dans ce Jeu ! J’attrape le carquois et l’attaque autour de ma taille. Bien qu’il possède un style un peu plus médiéval, il paraît fonctionner comme le mien. Je saute au cou de Taiyou – tel un idiot – pour le remercier de m’en avoir donné un. Puis je le relâche et me ressaisis.

Sans attendre une seconde de plus, un sourire aux lèvres, j’encoche une flèche sur l’arc. L’avantage avec un arc, c’est qu’on loupe moins facilement sa cible – surtout lorsqu’elle est énorme comme ces deux Créatures – et qu’on est à l’abri des coups à bout portant. Bien sûr, il m’arrive de rater mon objectif. Mais en me concentrant… la flèche finit toujours par revenir là où je veux ! Je cligne des yeux, ceux-ci virent au rouge instantanément. L’arc dans la main droite, le bras tendu, positionné sur le côté, mon œil droit fermé, je bande mon arc et vise l’une des Créatures. Je relâche le tout. La flèche part à une vitesse fulgurante et se plante dans l’un des yeux de la Créature. Je déclare, ébahi :

« Et béh… Cet arc n’a rien à voir avec le mien. Il a beaucoup plus de puissance et de précision… Taiyou ! J’attends ton signal pour tirer ou je fais comme je veux, en essayant de t’éviter ? »

Oui « en essayant », mais je devrais pouvoir l’éviter sans problèmes, surtout si mon Pouvoir mystérieux se joint à la partie. Je souhaite juste savoir la stratégie qu’il préfère adopter.

Cet arc est vraiment stylé. Vraiment. Non seulement il a un système de viser plus performant, mais aussi une puissance et une vitesse plus élevées. Ce n’est pas tout ! Je croyais que j’allais vite me retrouver à court de flèches dans mon carquois. Mais à chaque fois que j’en prends une, une nouvelle se matérialise à l’intérieur. Ainsi, je ne tombe jamais à sec ! Super ! Bon par contre, juste la couleur bleue pixélisée qui est très laide. Ça gâche un peu tout. Enfin, c’est un Jeu, donc je suppose que je ne pourrai jamais le garder. Dommage quand même. Bref, alors la couleur, on s’en fiche pas mal pour le moment ! Je ferai avec !

Mon Petit Chien me transmet sa préférence niveau stratégie. Comme je m’en serais douté, il préfère la seconde solution : tirer comme je veux, en l’épargnant si possible. Aller. On va s’amuser un peu. J’encoche une nouvelle flèche, au même moment, Taiyou part à l’assaut des Créatures en criant. La prochaine fois – s’il y en a une, et je n’espère pas –, je prévois des boules quies. Parce qu’il est vraiment bruyant et comme si ça ne suffisait pas, il me déconcentre. Hors, j’ai besoin de concentration pour tirer correctement. Il réfléchit un peu, ce Toutou ? Je me le demande !

Refermant mon œil droit, je bande mon arc et observe le « point rouge » sur ma cible avec mon œil gauche. Puis je relâche la corde. La flèche fuse à une vitesse fulgurante et se plante dans l’un des bras d’une Créature. Cette dernière regarde la flèche et la mord. L’objet se brise en deux avant d’exploser en pixels. Zut. Ça n’a pas été très efficace cette fois, on dirait. Il faudrait que je repère son point faible, sinon mes tirs ne serviront à rien. Où peut-il bien se situer ? Cette Créature est énorme, elle a de quoi se protéger des grosses attaques facilement ! Et elle possède une force herculéenne. Comment je le sais ? Parce que ça fait plusieurs fois que je vois mon Collègue se prendre la table du jardin. J’te préviens, tu la casses, tu la repayes !

Avec tous ces coups qu’il s’est pris, il a dû perdre pas mal de PVs. Malheureusement, il ne semble pas y songer une seconde. Ce Gamin est tellement à fond dans son Jeu qu’il en oublie ça… Hey ! T’as pas intérêt à mourir ! C’est moi qui dois t’achever pour me venger de m’avoir embarqué dans ce Jeu ! Tiens d’ailleurs… qu’est-ce qu’il fait ? Je cesse quelques secondes de tirer pour jeter un rapide coup d’œil à ce qu’il fabrique. Je le vois plus ou moins s’extasier devant une boule de feu qu’il fait grossir avec ses deux épées. Il me demande de gagner du temps. Tssk ! Il se croit drôle à faire mumuse avec ses flammes ?! Je rencoche une flèche directement.

« D’accord mais bouge-toi quand même ! »

Serrant les dents, je ferme de nouveau mon œil droit pour me concentrer sur les Créatures. Je dois les empêcher d’avancer ! Mais mes flèches continuent à faire peu d’effets. Mince ! C’est pas vrai ! Si ça se passe comme pour les Loups, alors il faudrait que j’atteigne l’arrière de leur cou ! Hors, elles sont face à moi ! Je ne peux pas les toucher ! Sauf si… Je rouvre mon œil droit et tire la flèche assez au hasard. Peu importe ! Elle frôle tout de même l’une des Créatures et lorsqu’elle passe dans son dos… la flèche semble faire marche-arrière droit dans le dos du Monstre Géant. Et… touché ! Yes ! Je ferme mes deux yeux. Par contre, ça me fait toujours aussi mal quand je me concentre comme ça pour l’utiliser.

Un hurlement me parvient jusqu’aux oreilles. Que… quoi ? Qu’est-ce qui s’passe ? J’aperçois le Gosse qui s’élance vers l’une des Choses Monstrueuses, les deux épées en avant. Sa boule de feu a viré au violet ténébreux. Il lance son attaque que le Monstre reçoit de plein fouet. Quelques secondes après, je le vois se consumer avant d’exploser en pixels bleus. Taiyou se retourne pour recommencer son attaque sur l’Autre. Faute d’inattention, il n’a pas remarqué que la Créature s’est préparée un bouclier et le projectile revient frapper mon Toutou. Quel doué…

Le Gamin vole de nouveau contre la table de jardin. Je lâche précipitamment mon arc pour essayer de rattraper l’une des deux épées qu’il a lâchées en route. Je parviens à en saisir une, cependant l’autre disparaît avant. Je retourne vers Taiyou pour la lui rendre. Trop tard. Cette fois, son attaque était bien trop puissante. Et avec ces PVs déjà partis plus tôt… bin il n’a pas tenu. Son casque bleu explose aussi. Crétin, va ! Il remarque bien vite qu’il a perdu et me crie que je dois terminer tout seul.

« Tu te crois drôle, toi ! Comme si je pouvais faire ça ! »

Pourtant, je cours chercher mon arc, n’ayant pas lâché l’épée pour autant. Celle-ci touche alors l’une de mes flèches et une espèce de vague rouge feu s’imprègne en elle. What ? Mais que se passe-t-il encore ? L’épée se dématérialise ensuite. Je prends ma flèche dans ma main et sens une forte chaleur à travers elle. Aïeuh ! Je la lâche directement. Ça brûle ! Ma flèche est possédée par la boule de feu de Taiyou ! …

Attendez cinq secondes… Je sais comment vaincre la seconde Créature, qui, pendant que je regardais le « transfert » s’est rapproché de la terrasse ! Je reprends mon arc en main et attrape la flèche que je viens encocher. Je n’ai qu’une seule chance. Si je la rate, c’est la fin pour moi aussi. Personnellement, je m’en fiche pas mal. Taiyou risque de m’en vouloir, toutefois, je m’en fiche aussi de savoir ce qu’il en pense à la fin. Ce n’est qu’un Jeu. Et que dirait Shinji ? Que j’ai loupé une belle occasion de connaître la joie d’en finir avec un Monstre, et combien on est content de l’avoir vaincu tout seul ? Je vais faire de mon mieux alors…

Gardant les deux yeux ouverts, j’attends que le Monstre Géant se rapproche un peu plus. S’il est trop loin, il est possible que le Pouvoir de la flèche perde de l’effet en chemin. Et ça serait bien embêtant. Je ne quitte pas des yeux la Créature. Encore un peu plus… encore… Maintenant ! Je ferme mon œil droit et vise l’œil restant de la Chose Monstrueuse. Puis je tire sur la corde avant de la lâcher, libérant la flèche, qui laisse une grande traînée flamboyante dans son sillage. Elle crève l’œil restant du Monstre, qui comme pour Taiyou, s’embrase dans la seconde qui suit, avant de disparaître en explosion de pixels. Mon arc et mon carquois aussi d’ailleurs. Suivis de mon casque vert.

Fatigué – malgré que je n’aie pas bougé de ma place –, je m’assois par terre. Mes yeux reprennent leur couleur verte émeraude habituelle. Et bien voilà. J’ai fini ce fichu Jeu. Maintenant je peux me permettre d’étrangler Taiyou ! La même illusion qu’au début du Jeu apparaît devant moi. Celle de Shinji qui sourit, semblant me dire à travers ça un « Félicitations ! » Je ferme les yeux et soupire, avant de les rouvrir et sourire aussi. L’illusion s’est déjà volatilisée.

« Bon. Maintenant, est-ce que j’ai le droit de te tuer, Taiyou ? »

Dis-je en tournant la tête vers lui, avec un sourire assez ironique. Je n’en ferai rien, je le sais. Mais va-t-il tomber dans le panneau et s’enfuir ? D’un côté, bon débarras s’il fuit ! De l’autre, je serai encore tout seul et j’aurais bien voulu discuter un peu plus avec lui. Pour dire quoi ? Aucune idée. Voir les résultats de son Jeu, peut-être.