Premiers pas et premiers fracas - ft.Piscies [TERMINÉ]

Ah, la foule. Cet horrible rassemblement de connards qui vous bousculent à tout va, soit-disant parce qu'ils sont pressés ou qu'ils ne vous avaient pas vu. Cela faisait un petit moment que Pisces n'avait pas eu le courage de s'incruster dans l'énorme foule de Mekakucity. Il faut dire qu'en ce moment, il n'avait pas envie de sortir—le printemps le mettait d'humeur particulièrement mauvaise alors que la plupart des gens eux, étaient justement très heureux de l'arrivée des sakuras et du beau temps. A vrai dire, il ne serait pas sorti si son casque était toujours en vie—un certain collégien lui avait accidentellement cassé. C'était donc un état mental déplorable qu'il s'était mît en tête d'acheter un nouveau casque.

Cependant, il n'avait jamais imaginé que la foule puisse être aussi insupportable en heure de pointe. S'il n'était pas dévisagé par le peu de personnes assez petites pour voir son visage, on le bousculait de tous les côtés, parfois même volontairement. En partant au Japon,  il n'avait pas imaginé que ses habitants étaient aussi... renfermés sur eux-même. Au point que Pisces soit surnommé le gaikokujin dans son université. Quand on voulait l'apostropher, on criait toujours “Eh, gaikokujin!”. Il ne pourrait en revanche pas dire si on disait ça péjorativement ou positivement... C'est déjà mieux que gajin, qui lui était évidemment péjoratif. Comme quoi, les étudiants avaient un minimum de respect—surtout qu'à ce stade des études ils n'étaient pas beaucoup dans sa classe, ce qui voulait dire qu'il était le sempai de la plupart des élèves. Puis bon, la plupart de sa classe aussi, ne le faisait pas trop chier—car il ne fallait pas oublier que malgré son idiotie et sa certaine innocence, Pisces est un surdoué. Les élèves un peu “mauvais” (ceux qu'on ne sait pas trop pourquoi ils sont là) lui léchait un peu les bottes.

Concentré sur ses pensées floues, il ne sentit pas tout de suite un cognement plutôt violent avec quelqu'un. « Désolé— » Il se retourna pour voir la personne percuté. C'était une fille—un peu plus jeune que lui. Quelque chose comme quinze-seize ans. Sa tignasse blonde changeait des têtes foncées qu'on pouvait voir. À côté des pieds du bleuté, un casque neuf—probablement le sien—était confortablement installé. Il le prit machinalement et aida la jeune fille à se relever. « J-J-Je suis vraiment désolée! »    Elle s'excusa, une courbette beaucoup trop penchée accompagnant ses dires. Tiens... Elle aussi, avait un accent britannique. Il décida de ne pas lui faire remarquer—s'il parlait trop son accent se remarquerait aussi et il n'avait vraiment pas envie de connaître quelqu'un susceptible d'avoir suivi les actualités londoniennes il y a cinq ans de cela. Il tendis le casque emballé à la demoiselle, avec un « C'est à toi ça, non? ». Ok, donc toi, t'es con comme un balais. Il s'insulta dans sa tête. Un simple « Tiens » aurait suffit mais non, il fallait qu'il fasse tout pour que son accent britannique se remarque! Bon sang...

« Thanks. But you don't have to bother you to speak japanese... » Ah... Il fut légèrement choqué, d'entendre un anglais pur. Cela devait faire près de trois ans qu'il n'avait pas entendu un anglais aussi naturel. À vrai dire, cela le relaxait un peu. Car si cela fait trois ans qu'il n'a pas discuté en anglais, en revanche, cela fait bien quatre ans qu'il n'avait pas tenue une conversation “normale” avec quelqu'un d'autre que sa mère! Et pourtant, Dieu sait combien ses relations étaient mauvaises avec sa génitrice. Pour tout dire, il la méprisait. Le fait qu'elle n'est presque plus jamais été sobre depuis la mort de son mari le répugnait—surtout qu'elle était tout de même docteur et elle savait mieux que personne ce que l'alcool faisait. Du côté de la vieille dame, probablement qu'elle le détestait, ses traits ressemblaient énormément à ceux de son défunt père. Il avait arrêté de compter le nombre de fois où, sous l'emprise de l'alcool, elle avait manquer de le frapper.

Disons que chacun avait ses moyens de combattre le deuil—Pisces l'avait “battu” (un bien grand mot) grâce à un homicide, sa mère, elle, avait l'alcool et une sorte d'hystérie déclenchée par son alcoolisme. Autant dire que c'en était presque devenu un trait de caractère. Un trait que le fils Bernhardt détestait—parce qu'elle recevait de l'aide, on l'aidait à surmonter son problème. Le garçon, lui, était méprisé, torturé, détesté. Et le pauvre n'étant pas assez endurant mentalement pour supporter toute cette haine injustifiée et cette jalousie, il s'était exilé, pensant trouver une sorte de paix—où il oublierait ce genre de chose. Évidemment, cet affreux souvenir le suivait jusque dans ces rêves—cauchemars! Mais là n'était pas la question.

Actuellement, il était au Japon, à Mekakucity, ses épaules alourdies par de mauvaises ondes qui rendait son quotidien incroyablement dur à supporter—cette dureté se trouvait dans de légères cernes causée par un sommeil léger, torturé. Dans une rue bondée d'ordures, il avait trouvé une perle rare—si j'ose dire: une britannique. Alors, certes, cela comptait un certain nombre de désavantage—après tout, bien que jeune—plus jeune que lui—un de ses parents pouvaient avoir transmis la haine que l'adulte ressentait sur son enfant, avec des “Surtout, ne deviens pas comme ce garçon!”  ... Comment ça? Lui, paranoïaque? Oui bon, il avait une certaine impression que tout le monde voulait sa mort—lui inclus—mais était-ce vraiment de la paranoïa? « R-Right... » il répondit donc. Contrairement à l'anglaise en face de lui, son anglais, lui, était parfumé d'un très très léger accent allemand—pour la simple raison que son père était d'origine allemande et qu'il avait passé près de 98% de son enfance avec son père—si on considère que son enfance(son innocence) s'est arrêtée à onze ans. Ouais, l'allemand, cette langue de merde. Même lui, le génie des langues, ne pouvait pas supporter cette saloperie. Son père non plus, d'ailleurs...

Bon, tous ces souvenirs de côté, il semblait que, aussi étrange soit-il, Pisces ressentait une certaine curiosité envers cette blonde—en vers la raison de sa venue au Japon. Car si le pays du soleil levant pouvait être très agréable dans certains domaines, il était très rude dans d'autres, notamment l'immigration et les cours—et cette petite étant plus jeune que lui (probablement) elle devait donc endurer le stresse du déménagement, de l'apprentissage d'une troisième langue (puisqu'elle avait déjà du apprendre le français en Angleterre) et du système scolaire japonais—peut-être a-t-elle était forcée, peut-être que c'était une décision qu'elle avait prise elle même. Dans tous les cas, cela semblait être un certain sujet de conversation et peut-être que, étant comme lui au début, elle aimerait se rassurer en parlant un peu  sa langue natale. Aussi simple que cela puisse paraître, le détective considérait cela comme une arrivée en terrain miné: la socialisation. Un deuxième problème aussi semblait se cogner à cette question: si jamais la jeune fille lui retournait la question, que devrait-il lui répondre? Déjà, un mensonge serait évident. Il était malheureusement conscient qu'il bafouillait lorsqu'il mentait, et pourtant, lui dire la vérité était impensable. Alors bon...

Il sortit sa main gauche de sa poche bien aimée pour agripper le poignet droit de la demoiselle, et l'emmena dans un lieu moins bondé, où ils s'entendraient mieux. Après cela, le bleuté se mît un peu à réfléchir—quelle mauvaise idée il avait eu! Maintenant, c'était de la conversation forcée... Tout de suite, il retira sa main froide du corps beaucoup plus chauffé de la blonde—bon sang ce qu'il détestait ça, de ressentir la chaleur humaine. « Um—May I ask what are you doing in Japan...? » il demanda, un petit air hésitant. Intérieurement, il s'insultait—pourquoi faire une telle connerie?

Un léger sourire se fit visible sur les lèvres de la brunettes, mettant le garçon dans un état de confusion. Pourquoi souriait-elle...? Il n'avait fait que lui répondre—et accessoirement il l'avait forcer à venir avec lui dans un coin. Ah, les gens... Comme c'était étrange! Il n'y comprenait rien, à tous ces trucs. Parfois, il en était content, parfois, cela l'attristait. Actuellement, cela l'arrangeait un peu. Il ne voulait pas savoir ce qui faisait sourire cette demoiselle... Quelle étrange créature, l'Homme! «  Mh … I just come here with my sister for some reasons. She had found a job here. »  "Some reasons". Elle ne comptait donc pas vraiment lui dire... Bon, tant pis pour lui. De toute façon, ce n'est pas comme si c'était un besoin vital aussi, lui non plus n'aimerait pas qu'on lui demande ce qu'il vient foutre eu Japon. C'était par ailleurs une très bonne question. Bien que moins nombreux, les critiques et les personnes le connaissant étaient là. Toute personne un minimum intéressée par ce genre de choses le connaissait de toute façon...

« I see... » il se contenta de répondre. Bon, maintenant qu'il avait posé sa question, que faire? Il se trouvait dans une position bien difficile, désormais. Il laissa donc un silence s'installer entre les deux anglais, ses yeux bleu gris parcourant celles bien plus clair de la demoiselle. En fait, il était très probable qu'elle ait des problèmes de vue, considérant combien ses yeux étaient clairs. Il fut même surpris de voir quelqu'un aux yeux plus clair que lui... Un certain sentiment de gêne se faisant ressentir, il remit ses mains dans les poches chauffée par le soleil tapant. Bon... En fait, il aurait juste du lui poser sa question dans la foule  puis après s'en aller. Mais c'était pas une nouveauté, Pisces n'avait que des mauvaises idées, puisqu'il ne pensait pas forcément aux conséquences... Oui oui, je vous rassure, ce jeune homme a bien cent quarante-huit de QI. Il se mît à soupirer intérieurement et à s'insulter, sans enlever son regard des prunelles de la jeune fille.

«  And why are you here ? » Il ne fut même pas choqué par la question, il s'y attendait. Cependant, il ne put s'empêcher de soupirer. Que répondre à ça? Même lui n'avait pas de clairs motifs à ça... La principale était, certes, l'exil. Mais l'exil de quoi? De toute façon, quoiqu'il arrive, les gens le détesteraient ou auraient peur de lui.  Parce qu'il n'était  pas humain, parce qu'ils avaient peur d'être sa prochaine victime.  Peut-être pouvait-il mentir en lui disant une connerie du style « Je suis venu au Japon parce que je suis vraiment fan d'animation japonaise et des mangas! J'espère me faire une place ici! » avec un superbe sourire chaleureux et sociable. ... Est-ce que ne serait-ce qu'une seule personne sur Terre goberait ce stupide mensonge? Evidemment que non. Avec son manque de talent au mensonge, cela donnerait probablement quelque chose comme « Euh... J-Je suis venu au Japon p-parce que... Je suis vraiment fan d-d'animation japonaise et de mangas...! Um-J-J'espère me faire une place ici...! » avec le souris le plus stressé du monde. N'était-ce pas étrange? Il était un psychopathe et n'arrivait pas du tout à mentir. C'était pourtant là une des caractéristiques du psychopathe; il arrivait à mentir sans problème. Probablement donc, il était l'exception confirmant la règle...

Il réfléchit encore un peu. Peut-être pouvait-il dire la vérité sans vraiment la dire? Pour l'instant, elle ne connaissait pas son nom, alors lui dire quelque chose d'à moitié vrai n'était qu'à moitié faux et donc, pas un mensonge en soi. « Euh... » Mais con comme il est, il hésita tout de même avant d'annoncer son demi-mensonge. Avait-il pris ça de sa mère? Burk, pitié, non. Il n'avait aucune idée que cette connasse lui ait donné quelque chose, en particulier sa connerie sans fin. Il avait déjà pris ses yeux d'un bleu gris qui le rendait fragile au niveau de ses iris, alors si en plus il devait prendre un de ses traits de caractères, tuez-le. Il avait tout fait pour prendre le plus possible de son père mais il faut croire « I came to... do my studies here. » il répondit maladroitement. Sa voix était un peu moins sûre mais on pouvait moins flairer le mensonge, c'est déjà une bonne nouvelle.

« Ah. » Il lâcha un soupir soulagé. Il faut croire qu'elle avait cru ce demi-mensonge. Putain ce que c'était crade, de mentir comme ça. Mais bon, c'était pour son bien mental, il pouvait pas dire "Bah, parce que j'ai tué des mecs". C'était pas la meilleure des choses à dire lors d'une première rencontre - même lui le savait, c'est dire! -. Les deux laissèrent le silence s'installer. Quelle connerie, de faire interagir deux personnes silencieuses - parce que asocial était péjoratif - mais bon, il pouvait pas deviner non plus que cette gamine était pas bavarde. C'était de sa faute en plus, à ce boulet. Il s'en voulait un peu, c'était pas dans ses habitudes de faire des trucs social, c'était peut-être même la première fois de sa vie. Faut dire, il a jamais été trop bavard, gamin il ne parlait que si on parlait de son père, qu'il est con.

Il voulu s'excuser pour l'interruption quand la blonde lui posa une nouvelle question, une auquel il s'attendait mais il ne connaissait toujours pas la réponse qu'il devait donner; «  Erm … Can i know your name ? ». Son nom. À une britannique. Sérieux, il devait répondre quoi là? Au début, il avait donné son deuxième prénom mais ça avait pas trop marcher... Quand on avait découvert la vérité; on lui avait dit "Tu m'as menti!" Bah non connard, c'est son deuxième prénom, ça reste son prénom. Il hésita beaucoup, comme s'il ne savait pas son propre nom - c'est pas comme si c'était si faux que ça -. Il était pas très fier d'avoir souillé son nom de famille, il voulait pas trop le donner, surtout à quelqu'un venant du même pays que lui. Mais bon, il se rassurait en se disant qu'elle ne semblait pas bien curieuse, elle n'allait pas non plus faire des recherches sur un inconnu, hein?

Il arrêta de divaguer, comme si on lui avait donner une claque. « Ah! Yes yes, my name... » Il hésita quand même un peu, cet abruti. « ... Pisces Bernhardt. » il répondit un peu froidement. Quand il disait son nom, il voyait un peu sa vie de merde défiler devant ses yeux pendant une demi-seconde. «  I'm Shael Hawk. Anyway, I won't disturb you more … Sorry for that ! » Et elle détala comme ça, ne laissant pas le temps au garçon de répondre.