Headshot. ft. Pisces [TERMINÉ]

« Hmpf... » Le garçon semblait bien embêté. Comme si c'était son devoir de lui racheter un casque. Les personnes gentilles étaient agréables, celles qui l'étaient tellement au point de devenir une nuisance étaient insupportables aux yeux de Pisces. Il ne pourrait pas dire si le ravenet le fixait dans les yeux ou s'il regardait derrière lui. Ses yeux qui alternaient entre du rouge et du noir de temps à autre. Hallucinait-il...? Probablement. Ses yeux étaient peut-être d'une sorte de noir-rouge qui brillait à certains angles... Du moins, c'est ce qu'il aime croire. Il ne savait pas si ça existait vraiment mais bon, avec certaines conneries qu'il avait déjà pu voir dans le passé, pourquoi pas celle-ci...

« Pff. Tu sais , je suis riche. Mon argent de poche c'est la paye d'un homme pratiquement... » Le détective eu un blocage lorsqu'il entendit ces mots. Riche... Argent de poche... Bon sang, jamais il n'avait eu d'argent de poche de sa vie—à ses treize ans il était obligé d'aider sa mère à faire les corvées pour gagner un peu de sous et pourtant, Dieu sait combien sa famille n'était pas pauvre! De toute façon, à treize ans, ce n'était pas l'argent qui était le premier de ses soucis... Et pourtant, voilà que ce gamin se la ramenait avec sa « paie ». Que la vie était cruelle envers lui... « De toute façon, tu ne peux que accepter. Je t'ai cassé ton casque, je rembourse. Puis ça me permettra de voir les nouveautés. » Comment ça "tu ne peux qu'accepter"? Que nenni! Bien au contraire, « Je me ferais donc un plaisir de refuser ta requête. » il répondit. L'envie de lui manquait pas d'accepter—mais se faire payer un "cadeau" de la part d'un enfant aussi effronté, Pisces préférerait probablement mourir d'une balle dans la tête (aha!) que de supporter une telle honte.

« T'es un rigolo toi. Je pré-commande les meilleurs jeux. Le reste je vois ce qu'il y a ! Donc m'acheter un jeu n'est pas une raison valable pour refuser ! » le petit continua, dans une tentative de... corruption? « Ce n'était qu'un exemple... » le britannique soupira, désespéré. Il n'arrivait pas à croire qu'aujourd'hui, les enfants n'étaient que de sales pourris gâtés comme ça... Finalement, ce garçon n'était pas vraiment comme Pisces l'avait espéré. Ses contacts avec la génération la plus récente étaient de toute façon proche de zéro—les enfants lui donnaient des envies d'homicide/suicide.

« Bon, tu ne peux que accepter en fait. En plus monsieur, je suis sûr vous voulez un casque tout nouveau et tout neuf ! » Tiens, où était passé le vouvoiement...? « Tu m'excuseras, mais vraiment, non. » il répondit. Il avait des millions de raisons à cela, mais sa voix trop lente et sa fatigue endormiraient le plus petit sur place (ça lui était déjà arrivé et Pisces l'avait vraiment mal pris alors...). Puis, aucune raison pour lui de citer pourquoi est-ce qu'il ne voulait pas se soumir à un pourri gâté. « Quand j'y pense... Mon casque est pas tout vieux, j'ai du l'acheter il y a moins d'une semaine... » Et dire que Pisces trouvait que l'âge de son défunt casque était trop jeune—seulement deux ans! Il était vrai que dans sa jeunesse, casser ses casques au bout de deux joues était sa spécialité aussi. Mais quand même...

Alors que Pisces commençait à désespérer sur le futur de l'humanité dans sa tête, le gosse de riche, lui, semblait, encore une fois, avoir trouver une bizarrerie. Une sorte de pistolet? Impossible pour lui de savoir quel genre d'arme à feu cela semblait bien être. Les contours étaient fait de pixels, et la couleur était, ma foi, peu commune! Quelque chose qui semblait être du bleu cyan. C'était la première fois que l'anglais voyait une telle chose! Cela le surprenait un peu. Mais le petit, dans toute sa naïveté, prenait cet étrange objet pour une véritable arme et, avec ses deux mains, visa le visage de l'étudiant. «  A partir de maintenant... tu n'as plus le choix, tu vas me suivre bien sans discuter et on va acheter le tout dernier casque pour toi, es-ce que c'est clair ? » avec un sourire.

... Comment les adultes faisaient-ils pour trouver ces saloperies mignonnes? « Faites des gosses » qu'ils disent. Bon sang, comment les enfants faisaient-ils pour trouver quelque chose n'offrant que la mort amusant? Alors, certes, celui-ci était (très probablement) un faux, mais le voir, lui et sa naïveté, en train de "menacer" l'anglais (qui lui ne se sentait pas du tout en danger)... Vraiment, il en perdait ses mots. Pisces resta comme ça, à regarder le garçon sans rien dire. Les mots prirent un certain moment avant de finalement pouvoir constituer une phrase correcte. « J'espère que tu te rends compte que ce que tu tiens dans la main, en plus de n'être qu'une vulgaire imitation, peut mettre fin aux jours de quelqu'un. » Oui bon, parler avec les enfants, ce n'était pas trop sa spécialité, au psychopathe. « M'enfin, descend moi si tu le souhaites. » Peut-être aurait-il le courage de le faire? Après tout, lui avait bien eu les couilles de le faire à quatorze ans—même si ce n'était pas volontaire évidemment.

« À vos ordres mon amiral. » À ce moment précis, Pisces se mît à penser à sa vie en général—comme un vieux sur son lit de mort. Il repensa à son père, à la Grande Bretagne, à ce qu'il avait abandonné là bas. Du coup, il pensa à son orgueil, à ses carnets, à ses proches qu'il avait autrefois appelé amis. Il pensa aussi à sa santé mentale, et à Aries Gumshoes. À son séjour en prison, aux flics qui y travaillaient et aux brutes qui y étaient restés. Dernièrement, il pensa à sa mère. À sa mère qu'il avait tellement aimé dans son enfance et qu'il déteste tellement maintenant. Sa haine envers elle ne semblait pas avoir de raison apparente, le décès du mari et père avait juste fait disparaître l'affection qu'ils s'offraient. En repensant à ça, il se dit que là-haut, ça semblait bien mieux. Il pourrait s'excuser à Gumshoes, il pourrait revoir son père. Il ne croyait plus à ces conneries pourtant—quand on agonise il arrive souvent qu'on se reconvertisse. Tout ça lui fit mal à la tête, mais il attendit calmement que le garçon tire.

Du moins, allait-il tirer? La sensation de son premier tir... C'eût été terrifiant—surtout dans les circonstances aggravantes qu'avaient été le bleuté tel que la haine et le stresse. Bizarrement, bien que le gun semblait—non, n'était qu'une imitation, Pisces ne pouvait s'empêcher que la fin était de toute façon proche pour lui. Peut-être que ce n'était que ce qu'il voulait—mais soit, inutile de parler des idées plus ou moins suicidaires que pouvaient ressentir l'étudiant depuis maintenant un peu moins de neuf ans. Ses yeux se posèrent sur l'arme. Plus il la voyait, plus il se disait que sa réflexion sur la vie et la mort n'était qu'une réflexion comme les autres, pas sa dernière. Le gamin appuya naïvement sur la gâchette. L'arme tira une balle qui n'en était pas une, seulement un tas de pixels. Sérieusement... D'où sortait ces trucs, là. Il n'eut pas le temps d'y réfléchir, la balle s'enfonça entre les deux yeux du bleuté (du moins à peu près, il n'y voyait pas grand chose mais il y avait peu de chances pour que ce gamin vise correctement à seulement treize ans).

Puis, rien. Le monde ne s'écroula pas, il ne senti même pas la balle le transpercer. ... Il n'était pas surpris ni rassuré. Juste... Normal.  Peut-être un peu déçu. Il cligna des yeux plusieurs fois, comme pour se réveiller et plongea ses yeux dans ceux du ravenet, qui jeta son amas de pixels sur le sol, l'objet explosant. Ça n'étonna même pas Pisces, qui se contentait de de regarder les dernières particules non-existantes s'évanouir. Après ça, le collégien mît ses mains dans ses poches. « En fait, t'es un malin et un rigolo toi...! » Pisces pencha la tête en signe de confusion lorsqu'il entendit l'adjectif "rigolo". Lui...? Rigolo? Décidément, on l'avait qualifié de tous les adjectifs possible! « Tu avais bien comprit que cette arme n'étais pas réelle... et qu'elle provenait d'un super jeu, trop cool hein ? » ...? Elle vient d'un jeu? Elle n'est pas réelle? « Euh... non. » le bleuté répondit, sous le ton de la confusion. « C'est juste la couleur qui me semblait trop flashy pour une arme... » il s'expliqua. Bon, il allait sûrement avoir l'air très idiot mais soit, il avait déjà probablement l'air assez stupide. « Ne t'inquiète pas, je n'aurais pas tiré si ça aurait été une vraie arme. Je suis quand même conscient de mes faits et gestes ! » Mais bien sûr... Étrange fait, Pisces avait dit exactement la même chose le quinze août s'il y a cinq ans.

L'anglais soupira et enfonça ses mains froides dans les poches de son trois-quart, prêt à repartir errer. Il ouvrit la bouche pour s'excuser mais fut couper par la voix—encore une fois—du plus petit.   « Maintenant, on va acheter se fichu casque et si tu n'acceptes pas... » Tu...? Pourquoi était-il aussi têtu... Ce n'était qu'un malheureux casque—et obtenir les dernières nouveautés ne l'intéressait en aucun point. Plutôt que de regarder le petit dans les yeux, il baissa plutôt son regard sur les défunts casques. « Je poserais l'argent au sol, ou la jetterais dans les égouts. Donc si tu préfères gaspiller... à toi de voir... » Ouch. Ça fait mal, ce coup là. Était-il trop pauvre où était-ce juste le garçon qui était trop riche? Qui sait... Il n'avait toujours pas envie d'accepter, mais là, s'il refuser, ça serait de précieux yens qui se noieraient dans de l'eau non-potable... « Si tu tiens vraiment à dépenser de l'argent, va dans une salle d'arcade ou va t'acheter des DLC, je sais pas... » l'étudiant répliqua. « Moi, je ne dépense pas de sous pour le loisir et je n'emprunte pas les sous d'autres personnes—surtout d'inconnus. » il finit, serrant la petite liasse de billets dans sa poche.

« Mais je ne suis pas toi. Hmpf. » ... Certes. "Moi je", c'était arrogant, mais que pouvait-il y faire? Il ne faisait que se justifier. Alors, au fond, tant mieux qu'il ne soit pas lui. Elle doit être triste, la vie des gens qui avaient tout ce qu'ils voulaient—ils ne comprenaient pas pourquoi les gens ne faisaient pas ce qu'ils voulaient, et pétaient une crise juste à cause d'un refus. Ils achetaient des tonnes de choses inutiles et après, ils se plaignaient et disaient "Je m'ennuie!". Comme elle allait être dure la vie, envers eux. Que faisaient les parents? Étaient-ils d'accord avec ça...? Pisces soupira en signe de désespoir. Comme quoi, les personnes âgées avaient raison de dire que "cette génération est perdue". Sur ce point, il pouvait se considérer chanceux d'avoir vécu une enfance assez "stricte" (puisque ses parents avaient apparemment aussi été élevés normalement). Peut-être que s'il avait un frère ou une sœur, ils auraient été aussi capricieux que ce garçon là.

Alors que le bleuté désespérait sur le sort de l'humanité, le plus petit lui, scrutait les alentours. Mais il n'y prêta pas beaucoup d'attention. « Tu l'auras voulu. » Pisces regarda le garçon s'éloigner vers... Une bouche d'égout. Oh pitié... Le garçon sorti les mains de ses poches avec une liasse de billets. Cette liasse était probablement ce qu'il gagnait en un mois... Pauvre de lui. « Et de un. » et le billet tomba lentement dans la bouche d'égouts. Mille yens en moins... Aurait-il le courage de continuer? Ses parents n'allaient probablement pas être content... Mais qui sait ce que pensent les parents de ce genre de gosses, après tout. Le ravenet ne tarda pas à faire tomber un deuxième billet. « Et de deux... ♪♫ » Sérieux...? Ça lui procurait tant de plaisir que ça...? Un frisson parcouru le corps déjà froid du plus âgé. Être content parce qu'on gaspillait de l'argent... À ce stade là, sa vie devait être aussi amusant que celle d'un dépressif suicidaire dont les deux parents sont—oh wait.

Bien que dégouté à l'intérieur, Pisces ne montra que son visage fermé, pour faire comme si ça ne l'atteignait pas. Le garçon fit tomber un nouveau billet, comptant toujours avec une joie insupportable. Les personnes heureuses pour un rien étaient déjà d'un chiant pas possible, mais celles qui riaient de saloperies n'étaient que... Eh bien, des salopes. Le ravenet se leva et s'étira avant de se rapprocher du plus grand (pour une fois!). « Tu veux que je continue? Ou tu es décidé à accepter que je te rembourse? » le garçon demanda. S'il croyait l'avoir avec un tour de cette sorte... Eh bien, de toute façon, personne ne pouvait vraiment deviner son point faible du premier coup—ni du deuxième ou du troisième d'ailleurs. C'est avec un sourire agréable mais moqueur qu'il répondit, « Je te laisse donc offrir ton argent de poche aux saloperies vivant dans les égouts. Elles en feront bien meilleur usage que moi! » Quelle tête de mule... Comme quoi, des parcelles de son enfance étaient toujours présentes!

« Vous êtes une tête de mule, c'est très agaçant. » N'est-ce pas? « Tel père, tel fils » comme dit si bien ce fameux proverbe. Un sourire moqueur sur ses lèvres, Pisces regarda sagement le garçon mettre ses mains dans ses poches. « Tellement agaçant que je ne vais plus rester en votre compagnie. » Aha! Il avait donc gagné? C'était un peu trop facile à son goût... Ce n'était pas comme si un gamin comme lui allait essayer de lui nuire, de n'importe qu'elle façon! Après tout, ils avaient quelque chose comme cinq/six ans d'écart... Et puis, même s'il détestait l'avouer, Pisces se défend un peu trop bien... Bah, pas comme s'il avait le courage de faire du mal à un petit comme lui.

Le ravenet s'approcha vers le plus âgé sous son regard méfiant—il détestait toujours les gosses. Ses yeux suivirent du regard le plus petit, et lorsqu'il se retourna pour s'assurer qu'il ne fasse rien de suspect (pas du tout parano le Pisces), il senti quelque chose sur sa ceinture. Ne me dites pas que... « Je pense qu'avec sept milles yen on peut avoir un joli casque, vous m'en direz des nouvelles ! Et surtout n'oubliez pas mon nom, Taiyou ! À la prochaine ! Hihihi » en pointant du doigt une liasse de billets de mille yens.  Le bleuté ne pût s'empêcher de jurer intérieurement en constatant que ce petit merdeux avait réussi à être plus malin que lui. Bon Dieu, il avait envie de casser quelque chose—il pourrait briser son casque en mille morceaux maintenant qu'il ne marchait plus!

Silencieusement, il regarda le garçon s'enfuir alors que lui soupira. Qu'allait-il faire avec cet argent “volé”? Ça ne lui plaisait pas du tout. Il ne voulait pas les garder tout comme il ne pouvait pas le lui rendre, il ne connaissait que le prénom du garçon, “Taiyou”. Lentement, sa main droite vint atteindre la petite(!) liasse de billets et, de sa main gauche, il les compta. Un... deux... trois... Sept billets. Sept mille yens. Ce n'était pas une somme négligeable, mais ce n'était pas son argent. Le détective fit quelques pas en direction d'une bouche d'égouts, puis leva les yeux pour vérifier que personne ne le regarde. Si ses souvenirs étaient bons, ses poches contenaient quelque chose comme dix milles yens. Largement de quoi se payer un nouveau casque. Machinalement, sa main droite lâcha les billets devant la bouche d'égouts, le britannique regardant le papier vert prendre l'eau.   “ Sans regrets ”, comme d'habitude.