›› Running through the streets ft. Shael Hawk

Smiling has always been easier than explaining why you're sad. So, you start to think that you should destroy what makes you sad. But what if that thing is yourself? Will you ever be able to look at your reflect in the broken mirror, and put a gun at your head?

Enfin, songea avec soulagement la brunette qui s'éclipsait du collège encore rempli de monde. Elle avait de la chance, elle terminait à 16 heures, alors que la grande majorité des autres devaient rester jusqu'à 17 heures. Ce qui lui laissait un peu de temps libre, à utiliser comme bon lui semblerait. La journée avait été longue, et dure. A vrai dire, ses cours l'ennuyaient toujours plus qu'autre chose, ce qui expliquait ses notes quelques peu bancales pour cette année. Au début d'année, elle faisait ses preuves, en milieu d'année, elle désespérait et se laissait avoir par la spirale de l'ennui, et en fin d'année, elle se réveillait pour y aller à fond la caisse. Façon de dire, mais mademoiselle est un diesel, il faut bien l'avouer. Elle jeta un coup d’œil furtif à la montre à son poignet, calculant rapidement combien de temps elle avait à peu près devant elle, avant de commencer à descendre en direction du centre-ville, son sac en bandoulière battant allègrement ses hanches à chacun de ses mouvements. Elle avait de plus en plus l'envie d'abandonner l'école, mais c'était la dernière chose à laquelle elle se raccrochait dans cette ville. Elle y avait des "amies", des attaches. Si elle ratait son diplôme, non seulement ses amies monteraient en grade sans elle, ce qui lui vaudrait la honte de sa vie, mais qui plus est, elle serait certainement obligée de changer d'établissement. Ce n'est pas que son collège était particulièrement strict là-dessus, mais elle préférait tenter toutes ses chances sur un établissement inconnu, avec peut-être plus de matières, qui lui offriraient plus d'opportunités. Enfin, c'est ce qu'elle comptait faire seulement si elle redoublait, et après tout, elle n'en était pas encore à un point aussi désespéré. Bon, pas si loin, mais elle ne perdait pas espoir, jamais. Remonter la pente était une de ses spécialités, après tout.

Elle passa devant une pâtisserie à la porte ouverte, qui laissa s'échapper de l'intérieur du magasin une douce odeur sucrée, et guidée par son estomac, revint en arrière pour se coller littéralement à la vitrine, bavant d'envie devant les éclairs au caramel et les tartelettes à la framboise qui s'affichaient sous les beaux yeux des passants. Comment résister à une gourmandise qui brillait tant. Sa main glissait déjà dans sa poche pour vérifier sa monnaie, et elle fit la moue en faisant le compte. Si elle s'achetait un petit goûter, elle risquait de devoir rentrer jusque chez elle à pied, sans prendre le bus. Ce fut finalement les gâteaux qui l'emportèrent, et elle acheta un lot de 3 tartelettes aux fruits rouges, dont elle en dévora une à peine quelques secondes après être sortie du magasin. Son ventre, qui jusque-là criait famine, sembla ronronner de contentement. Satisfaite, elle ne prit même pas garde aux miettes qui trônaient au coin de sa bouche, et reprit son chemin avec un sac en plus, l'air plus sereine qu'avant. C'est vrai qu'une fois l'estomac rempli, on se sent toujours plus léger. Ou plus lourd, ça dépend des gens. Mais, alors qu'elle baissait les yeux pour vérifier qu'aucun de ses deux sacs n'étaient craqués, tombés ou quoi que ce soit de bizarre d'autre, elle percuta quelqu'un. Et pas un petit choc, oh non ; ce fut assez brutal pour les envoyer tous les deux au sol. Elle poussa un cri de douleur lorsque son fessier rencontra soudainement le plancher des vaches, choquée. Bon, en même temps, ça lui arrivait tellement souvent qu'elle devrait sérieusement songer à s'acheter des airbags humains personnalisés. Elle se releva en massant ses fesses endolories, avant de poser son regard sur la fille blonde au sol, dont le skate-board continuait de rouler sans elle sur le trottoir.

« Ah ! Je vais le récupérer tout de suite ! » s'écria-t-elle pour la prévenir, avant de se lancer à la poursuite de l'engin, qui ne semblait vraiment pas prêt de s'arrêter. Après quelques minutes de course qui lui parurent des heures, elle parvint enfin à stopper le skate en jetant son sac d'école dessus, oubliant totalement le fait qu'elle tenait également son sac de gâteaux. Qui fut jeté en même temps, pour se retrouver écrasé sous l'autre sac. Elle poussa un autre cri, de désespoir cette fois-ci, en se rendant compte de sa gaffe. Bien joué, pesta-t-elle contre elle-même, tout en récupérant ses sacs. Les gâteaux allaient être immangeables maintenant. Elle refit le chemin vers son interlocutrice qui était toujours par terre, se balançant d'un air gêné d'un pied sur l'autre en silence. Que dire dans ce genre de situation?