Cette histoire commence le 14 octobre 1997, à 17h45. Les cris du bébé venant de naître déchirait le calme qui s'était installé.
Enfin, c'était sensé se passer comme cela.« Il ne respire pas. »
Voilà comment a commencé ma vie. Par du vide, le néant. A peine sorti, déjà parti.
Il n'y avait pas de cris. Aucun bruit parmi la mère exténuée ou les employés choqués. Rien, rien rien...
C'est comme cela que sa vie a commencé. Le 14 octobre à 17h45, Kurushimi Nanashi était un nouveau-né déjà mort.
J'ai déjà survécu à la mort une fois. Elle ne me fait pas peur.
Cet épisode est resté gravé dans la mémoire de sa mère, chérissant ce petit être qui avait failli échapper à la vie. Peut-être trop.
Son père l'inscrit de suite à plusieurs disciplines : Judo, karaté, kendo, boxe, aïkido...
Il arrêta certains sports pour se concentrer sur le karaté, la boxe et le kendo seulement.
Par la suite, on peut dire qu'il a eu une enfance plutôt normale : Des amis, des ennemis, des quenelles d'enfants, des jouets, du bonheur...
Oubliez ce que je viens de dire. C'est totalement faux.
Pas tout à fait, devrais-je dire.
Enfin, lisez par vous-mêmes :
«- Maman, je suis rentré !»
Le petit Nanashi venait, comme dit plus haut, de rentrer de l'école, une bonne note à la main. Sur sa bouille d'enfant, on pouvait voir une grande fierté et une immense joie. Mais, il n'avait pas entendu de réponse.
Nous étions le 19 avril 2004. Kurushimi Nanashi avait 7 ans.
«- Maman ? Tu es là ?»
Son père devait encore travailler dur dans sa chambre. Il était écrivain à succès, tandis que sa mère était psychologue. Elle n'était pas souvent au travail, pour cause de problèmes de santé assez graves. Mais le petit Nanashi n'en savait rien. Que dire à un enfant de sept ans dans ce cas là ?
Il posa son sac dans le salon, enlevant ses chaussures juste avant, et courra dans la maison avec ses petites jambes. Il chercha sa mère partout...
Alors il se dirigea vers la cuisine.
Il ouvrit la porte. Celle-ci grinça.
Et il prononça un dernier "Maman" avant de poser les yeux sur un corps sans vie, à terre, ayant dans ses mains un panier de fruits et légumes.
«- Putain ma mère me soule, tu peux pas savoir à quel point !
- Moi ma mère me manque, tu peux pas savoir à quel point...»
Dommage pour le petit Nanashi, mais il dut grandir sans présence féminine.
Seulement avec un père devenu alcoolique suite à la mort de sa femme adorée.
Pendant neuf ans, il dut supporter un paternel violent, alcoolique, et qui sait, abusant de son propre fils, peut-être ?
«- Haha, tu t'es fais tabassé ou quoi ?
- C'est la boxe, arrête de dire n'importe quoi !»
Puis il traversa le collège, où il n'eut aucune petite amie... Puisqu'il n'y avait qu'elle qui comptait.
Akira.
Une jeune fille des plus modestes et réservées, cela est vrai. Assez jolie, bien qu'il y en ai des plus attirantes.
Mais c'est cette singularité qui lui avait plu. Au petit Nanashi battu en secret et aimé de tous.
Il n'avait de yeux que pour elle, malgré toutes ces filles qui lui couraient après.
Et manque de chance, celle-ci avait voulu jouer.
Tout d'abord, en lui déclarant sa flamme. Puis en trouvant n'importe quel moyen pour le rabaisser, pour le faire souffrir.
Il était sa marionnette, son jouet.
Et cet idiot n'y voyait que du feu.
"Ça me fait trop de mal tu comprends ? Je n'y arrive plus. Ma tête ne tient plus, mon cœur et mes jambes aussi. Chacun de tes mots me détruisent. Je n'encaisse plus rien, le mur est tombé.."
Alors le jour où elle l'a quitté en lui balançant toutes ces insultes d'un coup... Il a craqué.
On aurait dit un clochard, debout sur le quai de train. Dans la gare.
Quelle heure était-il ? Aucune idée.
La haine qu'il avait refoulé en lui, tranquillement, était sortie. Toute la frustration qu'avait causé la mort de sa mère, les nombreuses blessures que lui infligeait quotidiennement son père, et tout ce qu'elle lui avait fait...
Tout était clair.
Je suis un parfait idiot.
Alors il avança vers les rails, doucement, le temps que le train arrive à sa hauteur. Encore trois pas... Encore deux pas... Encore un...
Une masse le poussait sur le coté. Il vit le train passer juste devant ses yeux, le frôlant de quelques centimètres. Il tomba donc sur le bitume froid et dur de la gare, tandis qu'une masse l'écrasait.
Il redressa la tête, les larmes aux yeux, bien décidé à voir qui était son bourreau, cette fois ci.
Ses blessures lui faisait mal. Quelles soient physiques ou psychiques, cela faisait trop mal.
«- T'es qui toi..?
- Ton héro.»
C'était un garçon, un peu plus petit que lui. Il était juste dessus, le regardant à la fois avec sérieux et gentillesse.
Nanashi n'en pouvait plus.
Il le prit par le col et commença à hurler. Hurler tout ce qu'il avait toujours voulu dire au monde entier, hurler des insultes, hurler sa mère, hurler son père, hurler sa popularité sans aucun sens, hurler sa misère, hurler qu'il n'est qu'un jouet, hurler Akira, hurler lui.
Et pendant au moins dix minutes il s'égosilla la voix. Il criait à s'en arracher les cordes vocales. Les larmes coulaient en même temps, sans qu'il ne s'en rende compte.
Et ce garçon l'avait regardé jusqu'à cette phrase :
«- Ils auraient dû me laisser crever dès la naissance, ces enfoirés !»
C'est alors qu'il le prit dans ses bras. Sans prévenir, d'un coup, comme ça. Nanashi arrêta de crier lorsqu'il sentit la chaleur de son corps. Il s'accrochait à lui comme si sa vie en dépendait, comme si il voulait fusionner avec lui.
«- Bats-toi, Kurushimi. Tu mérites mieux, tellement mieux. Mais n'oublie rien, garde tout pour toi. Tu verras, et dès que tu pourras, venge toi. Les personnes qui te détruisent doivent l’être à leur tour. Je ne supporterai pas ça. Alors, tôt ou tard, ils seront autant détruit que toi. Je te le promet.»
C'est alors qu'il sanglota. Il s'accrocha à son t-shirt, camouflant son visage mouillé dans le tissu.
«- Moi c'est Seto Kousuke. Toi, c'est Kurushimi Nanashi, non ? On est dans le même collège.»
"Je suis tombé amoureux, mais en vérité, je suis surtout tombé."
Qui aurait cru qu'il serait tombé amoureux... D'un garçon ?
On a tous besoin d’être sauvés, d'une manière quelconque, par une personne quelconque. On a besoin d'une main à laquelle s'accrocher.
C'est dommage que ce garçon n'ai pas été au lycée...
La popularité de Nanashi avait beaucoup augmenté, et cela dès son entrée au lycée... Pour son plus grand regret.
Alors il souriait beaucoup.
Mais il mentait surtout.