what if i joined a band ; kaori/misaki

Ne pas s'énerver, ne pas s'énerver, ne pas... s'énerver... D'un coin d’œil tu observais la fille trois places à ta droite, dont tu étais séparée par Kaede et Akira. Elle s'appelait Misaki, ne venait pas souvent en cours et, présente cette fois-ci, elle faisait beaucoup de bruit. Elle te désespérait, frustrait à tel point– et tu compris vite que le professeur allait finir par lui faire une remarque. Tu n'eus pas à attendre encore longtemps. À peine trois minutes se sont écoulées depuis que tu y pensas et l'homme se retourna, commençant un monologue sur le comportement requis en classe. Tu soupiras intérieurement, te penchant à nouveau sur tes exercices de mathématiques.

C'était scandaleux, de venir si rarement au lycée et de se montrer tellement insupportable les fois qu'on décide de s'y rendre. Ça t'énervait et tu avais une énorme envie d'en discuter avec Misaki mais tu savais que discuter ne changerait probablement rien. Il y a des personnes qui ne changent pas facilement. Et surtout, tu n'avais pas le temps de te prendre la tête avec ça : Misaki allait sûrement disparaître, encore une fois, alors que tu espérais que tes paroles la firent réfléchir. Tu avais d'autres choses à faire, tu étais la déléguée et la vice-présidente du conseil des élèves, après tout. Tu jetas un dernier regard sur ce que tu voyais de la jeune fille avant que la sonnerie ne retentit.

Tu pris tes affaires, les rangeant soigneusement dans ton sac et sortis, dans le but de te rendre dans la salle du conseil. Tu pris la bonne direction et avanças d'un pas rapide, cependant normal, si ce n'est pas lent, pour toi. Tu connaissais la route par cœur. Droit, prendre les escaliers en bas, passer par le court passage extérieur pour aller dans l'aile opposée... Mais avant de pouvoir faire tout cela, quelque chose t'arrêta. Quelqu'un, plutôt, avec une voix joyeuse et forte, qui devait venir de l'autre bout du couloir.

- Kaochiiiiiiii ~

Tu t'arrêtas instantanément, te tournas tout de suite pour apercevoir une fille aux cheveux châtains foncer vers toi avec un sourire. Tu avalas ta salive, reculas, déjà toute rouge, portant ta main à ton visage. On dirait une scène sortie tout droit d'un anime – comédie, probablement – vraiment ! Mais ce surnom– elle l'a sortie comme une arme surprise, comme pour que tu ne puisses pas t'échapper. Si c'était en effet son but, elle avait réussi à la perfection. Rouge de gêne, surprise, ne t'attendant pas à ce qu'un tel surnom sorte un jour de la bouche de qui que ce soit voulant t'adresser la parole, tu restais plantée au bout de ce couloir rempli, tel un arbre ou un pallier. Mais tu devais avouer qu'il était mignon, ce surnom. Norikawa Kaori, neutralisée.

- Dis, dis, j'aimerai faire un truc coooool ! Genre créer un club ! Hm, disons... un club de musique ?

Elle semblait fatiguée, ayant couru pour te rattraper. Elle pencha sa tête sur le côté, ce geste la rendant encore plus gamine que sa taille et son expression de visage de tous les jours. Aujourd'hui, elle te regardait avec un sourire convaincant et des yeux brillants, déterminés. Tu te mordis discrètement la lèvre. Ne pas craquer dès le début ! C'était très difficile. Mais tu te devais de l'arrêter, pendant le plus long moment possible. Le lycée comportait déjà une masse de clubs et repartir les fonds entre eux était plus ou moins difficile, tout comme trouver des compromis et la place ou temps pour tout le monde lors des fêtes et tout ce qui allait avec...

- Je trouve que ça pourrait être fun, nan ?
- Courir dans les couloirs est strictement interdit dans le règlement. Règle quatre de la catégorie deux. – dis-tu après avoir toussé et avoir repris, plus ou moins, ton expression froide quotidienne. Bon, tu rougissais toujours un peu, mais tu espérais que ton interlocutrice ne le remarque pas. – Tu devrais le savoir, non ? Ensuite, notre lycée comporte déjà de nombreux clubs. Tu pourrais peut-être t'en trouver un parmi eux ? La liste est disponible sur demande, au secrétariat.

Répondis-tu d'une froideur digne de toi, ton ton disant clairement que tu restais neutre face à cette idée. Combien d'élèves voulaient se créer un club alors que ceux-ci existaient déjà ou n'avaient pas assez d'intéressés ? C'était un problème qui revenait souvent et tu savais qu'il ne fallait pas laisser les étudiants faire tout ce qu'ils voulaient, même s'il ne s'agissait que d'un simple club. Après tout, ça créait des problèmes par la suite : demandes d'argent, de support, des plaintes, manque de membres, tout ça. Et d'après tes souvenirs, il y avait déjà une fanfare et dernièrement, une demande de groupe d'idoles a été rejetée, ne respectant pas les demandes d'inscription – à savoir un professeur titulaire du club et au moins trois membres, une explication des activités du groupe et quelques autres.

- Yup, beaucoup de club. Et en musique, on a une chorale et une fanfare. Mais rien de vraiment contemporain, non ? Un club basée sur quelque chose de plus récent serait sympa je pense, et pas mal d'élèves serait content d'avoir des concerts de ce genre pour le festival culturel, et ce genre de chose.

Te répondit la collégienne lycéenne. Misaki avait donc déjà fait ses recherches... C'était bien de sa part, tu apprécies les personnes qui font cela avant d'agir, mais ce n'était pas pour autant que tu allais lui accorder une faveur. Mais elle gagnait un point, cette fois : tu ne t'étonnerais pas si ce club avait rapidement gagné une certaine popularité auprès des autres élèves. Même imaginer Misaki sur scène n'était pas difficile et elle aurait certainement un grand nombre de fans–

- Dooooonc, si on cherche les membres et qu'on fait la paperasse, ça passe, non ? Je sais être responsable quand il faut, on ferra pas n'importe quoi et tout... Et je pense sincèrement que ça aurait pu être bien, peut-être en tant qu'accomplissement pour ma dernière année ici...

Et encore une fois, la jeune savait ce qu'il fallait faire et marquait un nouveau point. Ce qui te surprenait, c'était le fait qu'elle t'en parle alors qu'elle savait quelles sont les procédures et exigences... C'était pas comme si tu pouvais l'aider maintenant, même en étant la vice-présidente du conseil et déléguée. Mais qu'elle était têtue, aussi. Et même si cela pouvait être très embêtant par moment, cela ne te déplaisait pas. En fait, tu l'aimais bien, cette Misaki. Elle était si énergique et puis ses bêtises en classe te redonnaient parfois le sourire, même s'il t'arrivait de limite gueuler dessus. Tu souris légèrement en y pensant – d'ailleurs, pourquoi tu t'en rappelais maintenant ?

Et bien, Misaki l'avait dit juste avant : c'était sa– non, votre dernière année ici. Ça te rendait triste et toute nostalgique – à croire que la petite l'avait dit exprès, pour te rendre faible. Coup critique. Ah, tu aimerais tant rester plus longtemps avec la 3-F... Tu ne le disais que rarement – en fait, tu ne l'avais jamais avoué – mais tu adorais cette classe, malgré toutes les fois où tu as fait ces remarques, comme quoi ils se comportaient mal. Tu trouvais leur attitude très marrante et tu les chérissais plus que tout jusqu'à maintenant. Tu t'étais attachée à eux très rapidement et comme par hasard, cette année heureuse devait être la dernière que tu passais dans ce lycée. Le lycée qui était devenu pour toi si joyeux et coloré après les avoir rencontrés. Haha... Tu serras les dents et tes poings, pas vraiment discrète.

- Effectivement... Tu sais donc ce qu'il te reste à faire. – dis-tu essayant de garder ton calme et ta voix froide de tout à l'heure. – Bonne chance et bonne journée.

Dis-tu en te retournant et faisant un pas en avant.

Partir, partir loin d'ici, partir avant qu'elle ne t'arrête – c'était exactement ce que tu voulais. Enfin, ce que tu souhaiterais de base, mais ça te faisait un peu du mal de laisser la naine seule, alors tu n'osais pas vraiment bouger. Tu semblais attendre quelque chose mais tu ne faisais qu'attendre... Quoiqu'au fond, tu espérais peut-être qu'elle t'appelle, qu'elle essaie de te retenir. Et, à ta plus grande surprise, c'est ce que Misaki fit.

- Et, ça te va vraiment ? – dit-elle.

Elle sembla, tout à coup, plus sérieuse et sa voix paraissant nettement plus mature. Tu tournes lentement ta tête ce qui pouvait être assez flippant dans d'autres circonstances. Tu la fixes, inerte dans cette position, assez inconfortable. Tu ne savais que répondre puisque tu ne savais deviner ce qu'elle attendait de toi à ce moment précis. Est-ce qu'un « oui » court, simple et froid suffirait ? Honnêtement, tu avais envie de pleurer, tellement tu étais touchée par le fait que cette année soit la dernière et cela t'agaçait au plus haut point : tu ne voulais absolument pas qu'on te voie ainsi, surtout dans les couloirs où tant de lycéens se rassemblait.

- Et pourquoi ça ne m'irait pas ? Il faudra attendre que ton club soit validé, de toute façon, qu'est-ce que tu veux que je fasse ?

Tu semblais presque être en colère, presque crier sur la pauvre Misaki qui n'a rien fait de mauvais. Tu tentais de masquer ta voix tremblante en la levant un peu, tu serrais tes poings encore plus fort – ça faisait mal, très mal, ça empirait la situation. Tu la fixais toujours pour ne pas te montrer faible. Oui, toujours la même raison, tu tentais désespérément de cacher ta faiblesse à chaque fois que quelque chose arrivait, mais était-ce seulement une bonne idée ? Tu voulais te montrer forte, autoritaire, tu ne baissais pas ton regard, c'était comme si tu combattais. Et tu étais probablement sur le point de perdre. Contre la naine.

Misaki ne changea pas beaucoup face à tes cris, au premier abord. Elle ne fit que froncer les sourcils au début, avant de parler. Et quand elle commençait à prononcer ses mots durs, que tu ne voulais pas entendre, que tu ne voulais pas comprendre, elle devint soudainement plus âgée. La maturité apparut soudainement sur son visage un ton sérieux changeait l'importance de ce qu'elle disait. Elle n'avais plus du tout l'air de la naine de tout à l'heure, elle n'était plus la même personne.

- Ne pense pas que je sois totalement idiote. Je suis persuadée que tu sais pertinemment que je ne parlais pas de ça...

Tu fus choquée. Tu ouvres ta bouche pour répondre à la seconde, mais tu la refermes ensuite, sans savoir quoi dire. Ses mots t'avaient profondément touchée. Tu avais brusquement l'impression que Misaki savait tout, qu'elle lisait dans ton esprit, qu'elle était au courant de tes regrets, tellement cela te faisait mal.

- Ou alors, sache que je te plains à ne pas pouvoir accepter certaines choses.

Tu détournais tout de suite ton regard, alors que la plus petite en prenait un rempli de pitié. Tu serres tes poings encore plus fort et mords ta lèvre inférieure. Tu te l'étais permise, tu étais déjà cramée après tout. Tu oubliais d'ailleurs que vous vous trouviez toujours dans les couloirs et que n'importe qui pouvait te voir dans ce moment de faiblesse et que tout le monde pourrait en profiter. Si tu t'en rendais compte, tu commencerais certainement à haïr Misaki.

Et quelques instants ensuite, tu relâchas tes poings et levas ta tête, avant de nouveau un peu la baisser pour regarder l'autre brune droit dans les yeux. Tu semblais vouloir lui dire quelque chose mais le problème était que tu ne savais toi-même pas quoi. Tu la fixais donc, sans un mot, priant pour qu'elle te comprenne. Mais qu'aurait-elle pu comprendre si tu ne savais toi-même pas ce que tu voulais lui communiquer ? Et à force d'y réfléchir, tu finis par sentir des larmes se former aux coins de tes yeux. Tu clignes, regardes autour de toi et attrapes la main de la naine pour la trainer avec toi. Tu te dirigeais vers l'extérieur, à l'arrière du bâtiment où, heureusement, il n'y avait personne. Ce n'est qu'en y arrivant que tu lâches le poignet de Misaki que tu avais probablement serré trop fort.

- Même une personne comme moi n'est pas d'accord avec ça- !! – crias-tu.