[Fini] Do you want to be my sister? ♪ ft. Hinata Misaki

Ah la journée avait plutôt bien commencée... Alors pourquoi Misaki se trouvait-elle dans le parc d'attraction de Mekakucity ? Aveuglée par les rayons de soleil, elle levait sa main au-dessus de son visage en tentant de se souvenir de comment elle était arrivé ici.

Pour une fois, elle avait décidé d'aller au lycée. Il n'y avait aucune raison particulière, elle voulait juste se changer les idées après les reproches de son éditeur sur le retard du chapitre du mois. Ses parents lui avaient maintes fois dit qu'être mangaka au lycée était une énorme erreur. Elle avait de toute façon coupé les ponts avec eux depuis longtemps, même si elle savait qu'ils s'inquiétaient pour leur fille. Ainsi elle s'était retrouvée sur le chemin du lycée, mêlée à ses camarades, qui semblaient étonnés par sa présence.
"Hé Hinata ! Tu vas en cours aujourd'hui ? Tu fais bien y a des examens dans pas longtemps !"
Elle s'était retournée vers le garçon qui lui avait adressé ces paroles d'un air énergique mais également moqueur. Elle était plutôt populaire à cause de ses absences à répétitions et son caractère particulier et le savait très bien. Ce garçon était sûrement dans sa classe mais elle ne se souvenait pas avoir eu de bonnes relations avec lui. Comment s'appelait-il ? Aucune idée. Il n'était pas "intéressant" donc Misaki n'avait jamais fait attention à lui. Mais elle éprouva malgré ça le besoin de répondre.
_ Ah oui ? Merci du conseil ! Tu me prêteras ton cahier, moi je rentre à la maison !
Et elle avait rebroussé chemin sous les regards interloqués des autres élèves, sans pour autant retourner à son appartement. Au lieu de ça, elle prit le premier bus qu'elle aperçut, sans se préoccuper de la destination du véhicule. C'était plutôt excitant de son point de vue, et elle s'endormit en attendant le terminus. Un peu plus tard, un jeune garçon, sûrement en primaire, vint la réveiller gentiment avant de rejoindre ses parents.
"Madame, madame ! Faut se réveiller ! On est au parc d'attraction ! "
Elle avait un peu hésité avant d'entrer dans le parc. Et maintenant, elle était là, à se protéger des rayons de soleil. Non pas qu'elle n'aime pas les journées ensoleillée au contraire, la jeune fille était juste perdue dans ses pensées. On pourrait même dire qu'elle n'apprécie pas les jours pluvieux ; dans ces jours-là, elle se sentait mal, oppressée, comme si un fâcheux accident était arrivé un jour de pluie, même si elle n'en a pas souvenir.
Elle avait déjà été dans un parc d'attraction, avec sa sœur il y a quelques années. Misaki avait hurlé dans la maison hanté, sous les moqueries d'Akiko qui avait à son tour vidé ses poumons dans les montagnes russes, sous les rires de sa grande sœur. Il y en avait ici aussi, des montagnes russes, mais aussi un grand huit, des auto-tamponneuses et une maison hanté qui fit frissonner la jeune fille. Misaki avait envisagé de faire un tour dans les montagnes russes, mais elle avait vite écarté cette idée. Si elle avait été avec quelqu'un peut-être mais seule, la jeune fille trouva la perspective bien triste. Elle aurait pu demander à un passant, mais au vu des regards curieux qu'ils lui lançaient, elle écarta cette possibilité. "C'est parce que j'ai gardé mon sac de classe, hein..." pensa-t-elle. C'est sûr que les gens devaient se demander ce qu'elle faisait là. Tant pis, elle n'avait plus qu'à trouver un banc et tuer le temps en terminant le chapitre du mois. Se séparer de son matériel de dessin, était pour la lycéenne, l'idée la plus idiote qu'il soit et elle l'avait donc en permanence sur elle. Ayant enfin trouvé un banc, elle remarqua une jeune fille assise à son extrémité, un calepin sur les genoux et un crayon à la main. Cette dernière leva rapidement la tête pour examiner Misaki avant de replonger dans son dessin. Elle avait des cheveux d'un beau brun tressés et portait des vêtements amples, sûrement plus confortables. Misaki réfléchit rapidement et conclut aux regards de la jeune fille sur le banc, qu'elle la dessinait elle, la lycéenne sécheuse de petite taille. La jeune fille fut amusée par cette pensée. Normalement, c'était elle qui dessinait les passants, pas l'inverse. Poussée par la curiosité, elle s'approcha de la jeune fille aux tresses, de façon à être assez proche pour admirer ses créations. Cette dernière devait être gênée par la présence de la lycéenne. Misaki prit la parole, lassée de ce silence embarrassé.
"Wah quels détails ! Tes dessins laissent parfaitement transparaître les sentiments et émotions ! Si je devais juger, je dirais que c'est du très bon boulot !"
Elle avait vraiment du la déranger cette fois. Tant pis, autant faire le travail jusqu'au bout. Après tout, elle n'avait rien à perdre.
"Je suis Hinata Misaki. Appelles moi Misaki ou Hinata, comme tu veux. Soyons amies, d'accord ?"
Peut-être avait-elle été trop franche, trop directe. Mais Misaki avait envie de connaître et de nouer des liens avec la jeune fille du banc, parce qu'elle était intéressante. Misaki le voyait à son regard terne.

Spoiler:

_J'ai vu que tu as toi aussi un bloc de dessin. Veux-tu bien me le montrer?

Une question ! Alors elle avait réussi à attirer l’attention de la jeune fille au final, qu’elle reconnue après comme étant une de ses camarades de classe. Elle s’appelait donc Heijokyo Mun. C’est fou comme cette question qui se voulait surement combler le vide entre les deux jeunes filles rendit Misaki fière. Personne ne lui demandait jamais à voir ses œuvres, même pas ses parents. Alors elle déballa ses dessins, croquis et planches, et commenta non sans un certain orgueil à certains moments. Devant l’air étonné de sa compère, elle expliqua qu’elle était mangaka. Peut-être se vanta-t-elle un peu, trop contente que quelqu’un s’intéresse à elle. Mais la discussion ne s’arrêta pas là, et les deux continuèrent à parler tout en se livrant à l’activité qui les avait réunies. Ainsi Misaki croquait les personnages de Mun  et vice versa.
Et l’après-midi passa ainsi.

Toutefois, les deux abandonnèrent à un moment leurs carnets afin de se consacrer aux manèges présents dans le parc. Ne sachant pas vraiment quel type d’attraction l’autre préférait, elles restèrent sur des manèges peu violents, ce qui ne les empêcha pas de rire à gorge déployée. C’est après que les choses se gâtèrent.

_Hinata, je ne crois pas qu'on ai fait cette attraction, non ?

Mun pointait de son doigt une bâtisse sombre et lugubre de laquelle s’échappait des hurlements de terreur. Misaki sentit ses jambes trembler à la seule vue de cette demeure qui s’avérait de toute évidence être une maison hantée. Pas moyen qu’elle entre la dedans, même sous la pression.

_Ah…Ah oui ? J-Je suis pas sûre que ce soit une très bonne idée…

Et elle se perdit dans un rire nerveux reflétant son angoisse. Mais avant même qu’elle puisse donner d’autres arguments, Mun la saisit par le bras et la traina tant bien que mal dans la fameuse maison, malgré les protestations aigues de Misaki. C’était comme un cauchemar devenu réalité et la jeune fille sentait déjà des larmes affluer alors qu’elle n’avait même pas fait cinq pas dans la maison.
Elle ne souvenait pas que ce fût aussi oppressant, aussi sombre et n’avait qu’une envie : sortir d’ici au plus vite. Mais la solution qui se présenta bientôt à elle lui fit oublier sa peur quelques instants. Si elle prétendait être courageuse même pour un court instant, les deux sortiraient d’ici vite et son honneur serait sauf !

Aussi s’avança-t-elle d’un pas conquérant avant d’être stoppée dans son élan par quelque chose ayant touché son épaule. Misaki ne put se retenir, et sortit un hurlement à glacer le sang et percer les tympans, digne d’un film d’horreur. Elle s’accroupit ensuite rapidement, les mains sur les oreilles et en proie à une crise de larmes. Tant pis pour l’honneur après tout. Elle avait toujours détesté les maisons hantées et venait de révéler un secret des plus embarrassants à sa camarade, qui la regardait pleurer, visiblement interloquée. Si Akiko pouvait la voir, elle serait surement en plein fou rire.

Sortant toute deux de la maison, riant à en pleurer, ainsi se présentaient les deux lycéennes. Peu de gens peuvent se rapprocher autant en si peu de temps mais au diable les statistiques et probabilités, les deux jeunes filles n’avaient besoin de rien en l’instant présent.

Misaki n’allait pas prétendre avoir surmonté sa phobie de tout se rapprochant de l’horreur de près ou de loin. C’était une peur irrationnelle, ancrée au plus profond d’elle, marquée au fer rouge. Mais en présence de son amie, elle oubliait certaines choses, faisait inconsciemment le tri entre utile et futile, ne gardant que le principal, la faculté propre à l’homme de rire. Et c’est exactement ce que faisaient les deux, se jouant de la fatalité et du regard des autres. Si tu peux rire, alors le monde te semblera moins cruel, le destin moins irrationnel.

Mais bientôt, Misaki s’arrêta, une idée en tête, dont on pourrait surement débattre de la pertinence.

« Ah j’y pense ! Si on s’échangeait nos numéros ? Comme ça on pourra parler tout le temps ! »

Car oui, soyons francs, la jeune fille aimait parler autant qu’elle aimait les choses sucrées ou les mangas. Il n’était pas rare qu’elle soit la cause de nombreuses migraines, même si généralement on ne lui faisait jamais la remarque. Mais c’était également grâce à cette facilité à prendre la parole spontanément, qu’elle rencontrait des gens dont les visages exprimaient tous des sentiments différents. La froide tristesse, le bonheur simple et pur, la chaleur d’un sourire, l’éclatante amitié ou encore les pleurs dans lesquels il était facile de se noyer.

Mun montra son accord d’un geste de tête. Misaki, ravie de cette victoire, commença à chercher son portable dans ses poches, les retournant encore et encore. Mais elle se rendit vite compte, qu’il n’y était de toute évidence pas. Elle tenta de se rassurer en fouillant son sac, en réalité angoissée. Sa camarade la fixait toujours alors qu’elle s’était accroupie, inspectant désespérant chaque recoin de son sac. Elle se releva brutalement, conservant les pieds au sol uniquement grâce à un équilibre instable, comme les jouets pour enfants qui penchent dangereusement sans jamais tomber.

« Plus là ! Disparu ! Je trouve plus mon portable ! Il était dans ma poche j’en suis sûre ! Et si je l’avais fait tomber dans la maison hantée ? Ou près du banc de toute à l’heure ? J’ose même pas imaginer s’il a été ramassé par des gens pas sympas… »

La jeune fille était sans un doute paniquée, d’autant plus que la journée touchait à sa fin. Il n'était pas rare qu'elle perde ses affaires, étant d'un naturel bordélique comme en témoignait son appartement, mais perdre son portable était une épreuve douloureuse a laquelle elle n'avait aucun remède. Et l'argent pour en racheter un, inutile de dire qu'elle ne l'avait pas. Elle prit les mains de sa camarade, ne voyant qu'une solution.

« Je sais que c'est un service que je ne suis pas en position de demander, mais pourrait-tu m'aider à le chercher ? J'ai pas de quoi le remplacer et puis j'y tiens vraiment...»

_On va d'abord chercher dans les alentours du banc , c'est à côté et ça va plus vite pour commencer.

Et tout en prononçant ces mots, Heijokyo l’avait saisie par la manche, arrachant un sourire plein d’espoir à la lycéenne. Elles allaient forcément le retrouver grâce à leurs efforts combinés. Enfin, Misaki tentait de s’en convaincre afin de ne pas céder à la panique. Il était hors de question qu’elle aille demander à ses parents de l’aide pour en racheter un. Premièrement car ils n’accepteraient probablement pas mais aussi et surtout car elle avait décidée d’être indépendante. Sinon, son déménagement ne servait plus à rien.
Courant dans le parc à perdre haleine, s’attirant des regards curieux des passants rentrant chez eux ainsi que des enfants en pleine colère, elles remontaient le flot humain, vers les points ou les deux s’étaient arrêtées.

Elles s’arrêtèrent tout d’abord près du banc ou Misaki l’avait abordée, sans gêne aucune. Rampant dans la poussière à la recherche du précieux moyen de communication, la conclusion continuait à s’échapper. La jeune fille commençait à perdre espoir et sentait les larmes apparaître.

_T'en fait pas! On le retrouvera! Je te le promet.
_J’espère en tout cas…
Elle avait réussi à sourire malgré son manque de conviction visible par n’importe qui.

Les deux continuèrent leurs recherches, qui les amenèrent de nouveau devant la maison hantée. Misaki s’arrêta brutalement, horrifié par la vue de la bâtisse. Elle se sentait pâlir et n’avait aucune envie de retourner hurler à cause de bout de plastiques.

_Tu ne te sens pas bien Hinata ..?
_S-Si ! Tout va bien ! Allons-y !

Et elle s’avança vers la maison d’un pas hésitant et maladroit. Et sans aucun préavis, tomba en poussant un cri aigu. Personne n’aurait pu expliquer comment elle avait fait, même pas un génie. Elle-même ignorait le pourquoi du comment. Mais, cette chute eut aussi du bon.

« Aïe… »

Elle releva la tête tout en se frottant le crâne avant de pousser un nouveau cri, mais de surprise cette fois-ci. Se relevant, en tenant fermement un objet de petite taille dans ses mains, elle se retourna vers son amie, provoquant un balancement de ses manches trop grandes.

« Il était là, dit-elle tout en montrant le fameux portable, reconnaissable facilement grâce aux nombreux porte-clés qu’elle y avait accroché. On l’a vraiment retrouvé ! »

Mais son amie ne semblait pas partager son moment d’allégresse, fixant un point derrière Misaki, au front rouge à cause de sa chute. Misaki se retourna voir ce qui valait ce regard sérieux, pour faire face à une bande d’une dizaine de personne, de celles que l’on voyait souvent dans des reportages sur les gens potentiellement dangereux. La jeune fille attrapa un de ses cutters par précaution, geste dissimulé par ses manches.  L’air paniqué de Heijokyo lui indiquait qu’elle ne lui serait d’aucune utilité si les deux devaient se défendre. Elle avait dû bousculer la personne au sourire narquois qu’elle pensait être le chef de la bande, en tombant. S’avancer ou fuir, étaient les seules options qu’elle envisageait. Laissant parler son orgueil, elle contracta son visage en une expression moqueuse.

« Ah ? Il veut quoi le grand ? »